« La douleur c’est du sérieux » : par ces mots, qui sonnent pourtant comme une évidence pour des millions de personnes en France, 45 associations dénoncent les insuffisances notoires dans la prise en charge de la douleur, et leurs conséquences dramatiques pour les personnes concernées.
Aujourd’hui 21 octobre, est la journée mondiale de lutte contre la douleur, instaurée par l’International Association for the Study of Pain (IASP), afin qu’une prise en charge de la douleur soit effective.
La douleur est le premier motif de consultation aux urgences et en médecine générale[2]. Plus de 12 millions de Français-es souffrent de douleurs chroniques. Pourtant, malgré trois « Plans douleur » mis en place entre 1998 et 2011, 70% des personnes concernées ne bénéficient toujours pas d’un traitement approprié. Moins de 3% d’entre elles sont prises en charge dans un des centres spécialisés, lesquels manquent cruellement de moyens. La douleur présente lors de la fin de vie ne bénéficie pas non plus de l’attention nécessaire et de l’accompagnement adéquat.
Pour les associations de personnes concernées, la prise en charge de la douleur en France n’est pas à la hauteur des besoins. La douleur provoquée par les soins est par ailleurs trop souvent négligée au profit des seuls objectifs de guérison. Elle reste difficile à repérer et parfois considérée avec une certaine désinvolture. Sa reconnaissance reste très récente, surtout pour les adultes.
La douleur a pourtant un double impact : sur les soignés-ées, leur qualité de vie et la préservation de leurs chances thérapeutiques (anxiété, dépression, refus de soin…) ; et sur les soignants-es (sensation d’échec, démotivation, épuisement). La relation de confiance soignant-soigné, socle d’une prise en charge de qualité, s’en trouve significativement affectée. L’absence de prise en charge de la douleur a également un coût financier notable pour la société : désinsertion professionnelle, dépenses majorées de santé…
À l’occasion de cette Journée mondiale, les 45 associations demandent en urgence une reconnaissance et une prise en charge efficiente de la douleur, comme de la souffrance psychique qui y est associée.
La douleur doit être reconnue comme une maladie à part entière. Il n’est plus possible d’entendre des personnes nous dire : « J’en ai parlé à mon médecin traitant, il m’a dit que cela allait passer. Cela a duré une dizaine d’années » ou encore « Je ne veux pas que la douleur vienne m’empêcher de vivre »[3].
Les associations appellent les pouvoirs publics à faire de la douleur une véritable priorité des politiques publiques de santé, et à garantir le droit pour chaque malade de recevoir « le meilleur apaisement possible de la souffrance au regard des connaissances médicales avérées », tel que prévu par la loi (Article L1110-5 du code de la santé publique).
Pour ce faire, les associations demandent que les propositions de France Assos Santé pour la prévention et la prise en charge de la douleur soient enfin mises en œuvre.
Notamment :
- Développer les actions prévenant la douleur, notamment la douleur chronique
- Reconnaître, évaluer la douleur et la prendre en charge
- Développer l’information et la formation
- Reconnaître la médecine de la douleur comme une vraie spécialité médicale
- Investir dans la recherche et les études
Associations signataires
Actions traitement
ADMD
AFA Crohn RCH France
AFGS (Association Française du Gougerot Sjôrgren)
AFH
AFM Téléthon
AFPRIC (Association Française des Polyarthritiques et des Rhumatismes Inflammatoires Chroniques)
AFSA
AFSEP
AFVD
AFVS
AINP
Alliance du Cœur
Alliance maladies rares
ANDAR
APF France handicap
ASBH
ASFC
Association des Sclérodermiques de France
Association Marfans
AVIAM
CALAIS RESPIRE
CLCV
CO ACTIS SANTE
E3M (Entraide aux Malades de Myofasciite à Macrophages)
EFAPPE Épilepsies
FFCM (Fédération Française des Curistes Médicalisés)
Fibromyalgie France
Fibromyalgie SOS
FNAR
France Assos Santé
Le LIEN
Les Petits frères des pauvres
PRIARTEM (Électrosensibles de France)
Renaloo
Sésame autisme
UAFLMV – UFAL – UFC que Choisir – UNSED (Union Nationale des Syndromes d’Ehlers-Danlos)
SOURCES
Cf livre blanc de la douleur 2017, SFETD, Ed.Medline, 280p
Verbatims issus de témoignages d’usagers et de membres des associations signataires