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Les médecins sont de plus en plus nombreux à confirmer l’apport de l’ostéopathie, en complément de la thérapie principale, dans les cas de cancer. Ainsi, en complément d’un traitement classique, l’ostéopathie améliore la qualité de vie des patients en les aidant à se sentir mieux dans leur corps et en leur permettant de retrouver une force de vie. C’est dans cette optique que l’Institut Paoli-Calmettes à Marseille, centre de lutte contre le cancer, s’est associé à l’Institut supérieur d’ostéopathie d’Aix-en-Provence pour accompagner autrement leurs patients atteints de cancer et les aider ainsi à retrouver un lien avec leur corps.

Deux fois  par semaine, des étudiants ostéopathes de 5ème année de l’InSO (l’Institut supérieur d’ostéopathie d’Aix-en-Provence ) viennent bénévolement manipuler les patients qui le souhaitent. « Après une première année de partenariat couronnée de succès avec des retours très positifs de la part des patients et du corps médical, l’Institut a doublé les journées pour les étudiants de l’InSO. Ce partenariat, au-delà d’une pratique ostéopathique très spécifique et pointue, est une véritable aventure humaine dont les étudiants reviennent changés à jamais », explique Maurice Maggio de l’InSO.

L’ostéopathie porte un autre regard sur le cancer

Pour de nombreux malades, l’ostéopathie s’avère très efficace pour agir sur les douleurs articulaires et musculaires engendrées par la plupart des types de cancer. « Il est acquis que l’ostéopathie aide les patients à éliminer plus facilement les produits d’une anesthésie générale, atténue les douleurs liées aux cicatrices post-chirurgicales et agit sur les effets secondaires de la chimiothérapie (nausées, troubles digestifs, fatigue générale, maux de tête, troubles de l’équilibre). Elle favorise aussi la relaxation par la régulation du système neuro-végétatif pour mieux gérer les manifestations du stress, de l’anxiété face à la maladie : l’ostéopathie aide les malades à dénouer les nœuds internes, à « digérer » les tensions et à les évacuer », explique le Docteur Patrick Ben Soussan Psychiatre, Responsable du Département de Psychologie Clinique de l’Institut Paoli-Calmettes. De plus, estime Maurice Maggio, ostéopathe D.O. et enseignant à l’Institut Supérieur d’Ostéopathie d’Aix-en-Provence, le toucher, si caractéristique en ostéopathie, « facilite quant à lui la communication et permet au patient de réinvestir son corps. » L’ostéopathe instaure ainsi « un dialogue non verbal avec le patient », dont le but est de « l’aider à trouver ses propres ressources » et à « soutenir son sentiment d’existence ». Il ne s’agit aucunement d’en faire un traitement principal mais un véritable accompagnement. L’ostéopathe aide simplement le patient à se reprendre en main et à lutter contre la maladie. Ainsi, le rapport qui s’installe avec le thérapeute est primordial pour l’amélioration de la qualité de vie du patient qui appréhende mieux sa maladie et se réapproprie, à nouveau, son corps.

L’humain au centre de ce partenariat

Depuis plusieurs mois, le département de psychologie clinique de l’Institut Paoli-Calmettes (l’IPC), Centre Régional de Lutte contre le Cancer Provence-Alpes-Côte d’Azur,  propose aux patients un éventail de « Recours et Offres Complémentaires » (ROC). Ces soins, utilisés en plus des traitements conventionnels, contribuent à l’amélioration de la qualité de vie et au mieux-être des patients. Les patients ont en effet de nouvelles attentes – on estime qu’environ 80 % d’entre eux font appel à des pratiques non conventionnelles – et l’on constate que les programmes thérapeutiques intègrent de plus en plus cette dimension. A l’IPC, il est donc proposé une pluralité de prises en charge, pour que chacun puisse trouver les recours qui lui seront les mieux adaptés. L’Institut a opté pour des traitements reconnus, qui répondent aux besoins des personnes atteintes de cancer, à tous les temps de leur parcours de soins, de l’annonce à la fin des traitements, et même après. Dans cet ensemble de ROC, l’ostéopathie bénéficie d’une place de choix, convenue par tous, professionnels du soin, patients et familles.  Pour le Docteur Patrick Ben Soussan cela ne fait pas de doute : les bienfaits sur les malades atteints de cancer sont bien réels. « Tous les patients qui ont bénéficié de séances d’ostéopathie, disent leur grande satisfaction à l’égard de cette pratique et des ostéopathes qui les ont traités : ils se sentent mieux, parlent de réinvestissement de leur corps, de reprise de contact avec leurs perceptions physiques – nombreux sont ceux qui disent avoir été « touchés » par ce soin, aux sens multiples de ce terme – d’une diminution notoire des effets secondaires des chimiothérapies, d’une amélioration de leur confort, à tous les niveaux, postural, neuromusculaire, neuro-végétatif, respiratoire,… »

Grace à l’ostéopathie les patients réinvestissent leur corps

En avril 2012, on diagnostique à Gilbert Gérard, 73 ans, un cancer de l’estomac. Il est alors traité par chirurgie totale et chimiothérapie. Il perd 14 kg et n’arrive pas à se retrouver entre  modifications corporelles et troubles digestifs invalidants  (diarrhées, spasmes, sensations de lourdeur). Huit mois après la fin de ses traitements lourds, l’Institut Paoli-Calmettes lui propose des séances d’ostéopathie. Dès les premières séances, Gérard ressent les bienfaits de l’ostéopathie : « Cela m’a fait beaucoup de bien, j’ai eu la sensation que mes organes retrouvaient  souplesse et mobilité. Mes diarrhées ont nettement diminuées et m’ont permis davantage d’autonomie. L’ostéopathie a été aussi très bénéfique sur ma respiration, mise à mal depuis l’opération. Mais le plus important, c’est d’être pris en compte dans sa globalité : les ostéopathes ne se sont pas seulement occupés de l’organe malade mais de tous mes maux, mon mal de dos, mon arthrose qui se sont vraiment améliorés grâce à cette prise en charge. »

Une aventure humaine pour les étudiants

Justine,  étudiante de 5ème année à l’InSO a participé à cette aventure qui la confronte via l’ostéopathie à une patientèle spécifique, « nécessitant une profonde remise en question et une prise en charge adaptée, empathique et rigoureuse, en synergie avec les autres professionnels de santé (médecins, oncologues, psychologues…) » explique-t-elle. Ainsi, ce stage va lui permettre dans sa carrière future de mieux « appréhender, avec plus d’assurance et de tranquillité,  la prise en charge de personnes atteintes de cancer. Certes quelques doutes subsistent, mais je demeure confiante dans la mesure où j’ai appris à me familiariser avec le cancer, ses problématiques médicales (risques, complications, traitements, interventions chirurgicales et ce que cela implique…), ce qu’il convient de faire et de ne pas faire pour sécuriser le patient dans une pratique adaptée. De plus, j’ai indéniablement progressé dans ma perception et ma compréhension de tels patients, je me sens plus à même de leur apporter le soutien thérapeutique et humain dont ils ont besoin ». Mais elle reconnaît qu’avant tout ce stage a été « un formidable catalyseur d’épanouissement personnel, favorisant une perception altruiste du monde extérieur. En somme, il s’agit d’une incroyable expérience, tant professionnelle que personnelle. »

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