Tandis que des hôpitaux français s’équipent de surfaces de contact Antimicrobial CopperTM, une nouvelle étude scientifique explique pourquoi le cuivre permet de prévenir efficacement les infections nosocomiales.
Grâce au Pr Keevil, pionnier en la matière, on en sait désormais davantage sur le mécanisme antibactérien du cuivre et de ses alliages. Au contact du cuivre, non seulement les bactéries comme le staphylocoque doré meurent, mais leur ADN ne peut plus muter, ce qui bloque leur capacité à développer une résistance aux traitements antibiotiques. En multipliant les surfaces en cuivre dans notre environnement, on pourrait donc réduire les risques d’apparition de ces bactéries multi-résistantes (BMR ou super-bactéries) que le recours systématique aux antibiotiques engendre. Une découverte qui plaide en faveur de l’utilisation du cuivre dans les hôpitaux pour prévenir les infections nosocomiales. Après le Centre hospitalier de Rambouillet, c’est aujourd’hui l’Hôpital Privé Nord Parisien (HPNP) de Sarcelles qui mise sur le cuivre pour prévenir les infections nosocomiales. Mais au-delà, le recours au cuivre pourrait bien révolutionner la gestion des futures pandémies en traitant le problème à la source, avant même l’apparition des bactéries multi-résistantes aux traitements.
Le cuivre empêche le transfert horizontal de gènes, processus responsable de l’apparition de super-bactéries
Le Pr Keevil, Directeur du département de Santé environnementale à l’Université de Southampton, a fait du cuivre un sujet de recherche central dans le domaine de la lutte contre les bactéries. Il vient de publier les résultats d’une nouvelle étude scientifique, qui révèlent que le cuivre éradique les bactéries résistantes aux antibiotiques et bloque le processus de mutation qui les rend réfractaires aux traitements.
Publiée dans la revue anglophone mBio, titre de référence en matière de microbiologie (1), l’étude montre en effet que le cuivre empêche le transfert horizontal des gènes chez les bactéries, processus de mutations successives de leur ADN qui les rend multi-résistantes aux traitements. Ces mutations se produisent lorsque les bactéries se trouvent sur des zones de contacts, où elles peuvent survivre jusqu’à plusieurs semaines. Lorsque cette zone est en cuivre, le métal rouge intervient sur deux plans : il interrompt la chaîne de contamination des surfaces puisque les bactéries meurent à son contact. Il empêche également l’ADN des agents pathogènes de muter : l’effet d’immunisation progressive des bactéries au fil des mutations est ainsi stoppé.
Ce constat renforce le potentiel du cuivre dans la lutte contre les infections nosocomiales et les bactéries multi-résistantes, en complément des pratiques d’hygiène systématique, comme le lavage des mains.
« Cette étude représente une étape charnière dans la recherche sur le cuivre et ses propriétés antibactériennes. On a ainsi identifié que contrairement aux traitements antibiotiques, le cuivre empêche la formation de super-bactéries puisqu’il bloque leur possibilités de muter. » Explique Olivier Tissot, directeur du Centre d’Information du Cuivre (CICLA).
Un nouvel hôpital français s’équipe de surfaces de contact Antimicrobial CopperTM
Face à des bactéries multi-résistantes aux traitements, de plus en plus d’études (2) identifient le cuivre comme solution : l’installation d’équipements en cuivre et alliages antibactériens dans les hôpitaux permettrait de réduire de 40 % les infections transmises aux patients (3). Plusieurs hôpitaux (4) à travers le monde ont déjà testé et démontré empiriquement l’efficacité du cuivre et de ses alliages (Etats-Unis, Royaume-Unis…).
En France, après le centre hospitalier de Rambouillet en 2011(5), c’est désormais l’Hôpital Privé Nord Parisien (HPNP) de Sarcelles qui recourt à des éléments en alliage de cuivre labellisés Antimicrobial CopperTM pour améliorer l’hygiène de ses locaux. Dans le centre de consultation de l’hôpital de jour et dans le bâtiment principal, 65 portes ont été équipées de poignées et plaques de propreté réalisées avec un laiton spécifique. Régulièrement touchées par le personnel, les patients et les visiteurs, ces poignées ont été identifiées comme des vecteurs potentiels de maladie.
Avant l’installation, une étude menée pendant deux mois par l’Institut de Recherche Microbiologique a confirmé l’efficacité in situ de ces poignées en laiton contre les bactéries. Seize campagnes de prélèvements sur ces poignées en laiton ont mis en évidence la présence de 5 fois moins de germes que sur les poignées en plastique employées au préalable (6).
Franck Paule, Gestionnaire des risques et biohygiéniste à l’HPNP explique : « avec des poignées en cuivre, on supprime 99% des bactéries Escherichia coli en deux heures seulement. Dans le cas des bactéries de type Staphylocoque doré on obtient une éradication de 90% sur la même durée. Six heures après exposition, 99% de la population totale de bactéries ont été éradiqués. »
Le cuivre, nouvelle arme choc face aux risques pandémiques ?
On estime à 3 500 le nombre de décès en France liés aux maladies nosocomiales (7). A ce constat s’ajoute l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle : la maîtrise des pandémies. En effet, dans un contexte mondialisé de mobilité des hommes sans cesse accrue, les pandémies mondiales à propagation rapide constituent un risque patent. Les inquiétudes se sont multipliées face à des menaces comme le SRAS en 2003 ou plus récemment la grippe A-H1N1 en 2011. Celles-ci ont démontré la vulnérabilité de la communauté mondiale face à des bactéries résistantes aux traitements. L’utilisation massive d’antibiotiques a favorisé l’apparition de « super-bactéries » ou bactéries multi-résistantes aux traitements (BMR) appartenant aux familles de bactéries Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae ou encore du staphylocoque doré. On peut trouver ces dernières en grande quantité sur les surfaces de contacts situées dans des lieux très fréquentés : transports en communs, hôpitaux…
Capables d’éradiquer en seulement quelques heures de nombreuses bactéries et virus de plus en plus résistants aux traitements médicaux, les surfaces et objets en cuivre ou en alliage de cuivre constituent une nouvelle arme pour prévenir les infections. Leur utilisation, en complément des pratiques habituelles de contrôle des infections comme les mesures d’hygiène ou le développement de vaccins antiviraux, est aujourd’hui une piste de plus en plus considérée par les professionnels de santé et les pouvoirs publics.
« Les surfaces de contact en cuivre promettent beaucoup en matière de prévention des pandémies. Elles pourraient freiner considérablement la diffusion de bactéries résistantes aux antibiotiques dans les lieux publiques et les « hubs » humains comme les aéroports. Ces derniers sont souvent les points de départ d’infections mondiales dues à des super-bactéries, que le cuivre pourrait éradiquer dès leur apparition » explique le Pr Bill Keevil.
Le Pr Keevil dans son laboratoire. Il manipule des échantillons de bactéries sur une surface en cuivre dans le cadre d’une expérimentation.
(1) ”Horizontal Transfer of Antibiotic Resistance Genes on Abiotic Touch Surfaces: Implications for Public Health” Sarah L. Warnes, Callum J. Highmore, et C. William Keevil, mBio (2012) 3(6):e00489-12. doi:10.1128/mBio.00489-12
(2) “Role of copper in reducing hospital environment Contamination”. A.L. Caseya, D. Adamsa, T.J. Karpanena, P.A. Lambertb, B.D. Cooksonc, P. Nightingalea, L. Miruszenkoa, R. Shillama, P. Christiana and T.S.J. Elliotta. Journal of Hospital Infection (2010); 74 (1): 72-77.
(3) “Copper Surfaces in the ICU Reduced the Relative Risk of Acquiring an Infection While Hospitalized”, Dr M. G. Schmidt, International Conference on Prevention and Infection Control, July 1st 13:00, Innovative Approaches to Infection Control Session.
(4) L’expérimentation a été menée dans les 3 hôpitaux suivants : Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New York, la Medical University of South Carolina (MUSC) et le Ralph H. Johnson VA Medical Center, tous deux à Charleston, en Caroline du Sud. Dans les services de soins intensifs, les éléments fréquemment touchés comme les barres de lit, les plateaux des tables roulantes, les boutons d’appels et les pieds à perfusion ont été remplacés par des équivalents en cuivre antibactérien
(5) Actuellement menée par le Docteur Patrick Pina, chef du service hygiène du Centre Hospitalier de Rambouillet, l’étude scientifique mesure l’impact des équipements en cuivre sur la fréquence des infections nosocomiales. L’objectif est de déterminer dans quelle mesure l’efficacité antibactérienne du cuivre se traduit sur le plan clinique par une diminution des maladies contractées à l’hôpital. Le protocole instaure un dénombrement des infections nosocomiales dans les deux services équipés d’éléments en cuivre, qui sera comparé aux chiffres des années précédentes. Les premières conclusions pourraient être disponibles d’ici la fin 2013.
(6) Etude menée par l’Institut de Recherche Microbiologique (accrédité COFRAC sur l’efficacité des antiseptiques et désinfectants). Chaque semaine, deux prélèvements ont été effectués (16 campagnes de prélèvement) sur les poignées de porte dans les toilettes publiques au sein de l’hôpital (utilisées en priorité par les visiteurs). A la fois sur 14 poignées en laitons et 6 poignées en plastique afin d’établir une comparaison. La différence moyenne mise en avant par l’expérience est de 1400 UFC (Unité Formant Colonies) sur le plastique et seulement 300 UFC sur les poignées en laiton.
(7) Ministère de la Santé et des Sports, « Infections nosocomiales : nouvelles mesures de lutte et classement des établissements de santé & Mise en place des indicateurs de sécurité du patient et de qualité des soins », 21 janvier 2009.
Pour plus d’information sur Antimicobial CopperTM : www.antimicrobialcopper.com/fr.aspx