L’étude PREDI-STIM a été lancée en 2013 et suit plus de 600 patients pour prédire les risques et avantages de la stimulation cérébrale profonde. Le réseau NS-Park, qui a été labellisé F-CRIN, a révélé les premiers résultats des études secondaires pour améliorer la sélection des candidats à la chirurgie. Des facteurs tels que les troubles du sommeil, de la parole, cognitifs et de personnalité peuvent affecter l’efficacité de la chirurgie. En 2023, de nouveaux résultats sur les traitements de neuroprotection et les innovations des traitements symptomatiques seront également disponibles.

En France, plus de 250 000 personnes sont atteintes de la maladie de Parkinson, une maladie neurodégénérative qui affecte principalement les personnes âgées. Chaque année, plus de 25 000 nouveaux cas sont diagnostiqués, ce qui en fait la seconde maladie neurodégénérative la plus fréquente après Alzheimer.

Cette maladie entraîne des troubles moteurs tels que la lenteur du mouvement, la raideur des membres et les tremblements, ainsi que des troubles non moteurs tels que la douleur, l’anxiété, les troubles de l’humeur, du sommeil, de l’olfaction, la constipation, l’hypersalivation et la sudation. Après 5 à 7 ans de traitement médicamenteux oral avec la L-DOPA, les patients développent des complications et peuvent envisager une approche chirurgicale appelée stimulation cérébrale profonde du noyau subthalamique (SCPNS). Cette technique complexe et invasive consiste en l’implantation de deux électrodes dans le cerveau pour stimuler le noyau subthalamique, qui est aussi petit qu’un grain de riz.

Des avancées pour Parkinson

Pour optimiser les résultats de cette chirurgie, il est nécessaire de mieux sélectionner les patients éligibles, en particulier en affinant les critères d’âge et de risque de troubles intellectuels ou de la marche. Il est également important de préciser la zone du noyau subthalamique à opérer. L’étude PREDI-STIM, coordonnée par les professeurs David Devos et Jean-Christophe Corvol, vise à prédire les avantages à long terme de cette intervention en termes d’amélioration de la qualité de vie des patients. Les résultats préliminaires des études ancillaires menées dans 17 centres experts français du réseau NS-Park/F-CRIN, qui ont inclus 617 patients, ont été publiés. Ces études portent sur l’analyse de plusieurs critères cliniques avant et après l’opération. Affiner les critères d’admissibilité et la zone à opérer permettra d’assurer un bénéfice/risque optimal pour les patients candidats à cette intervention.

1. Sur les troubles du comportement en sommeil paradoxal : « Alors que la présence de Troubles du Comportement en Sommeil Paradoxal (TCSP), est généralement associée à une forme plus sévère de maladie de Parkinson, notre étude a permis de montrer que la présence de ces troubles avant l’opération n’avait pas d’impact sur les résultats de la chirurgie que ce soit sur le plan moteur, non moteur, la qualité de vie ou sur l’évolution un an après la chirurgie. Il ne s’agirait donc pas d’une contre-indication. Résultats qu’il convient d’affiner avec des études complémentaires à 3 ans et 5 ans d’évolution » déclare le Dr Ana MARQUES, Neurologue au CHU Clermont Ferrand, membre du réseau NS-Park/F-CRIN.

2. Sur les traits de personnalité : « L’efficacité de la chirurgie et l’amélioration de la qualité de vie après SCPNS chez les patients Parkinsoniens pourraient dépendre de certains traits de personnalité. Dans notre étude, nous avons pu établir que ce sont les patients curieux, motivés, et à l’écoute des autres, qui seraient le plus susceptibles de réagir positivement à la chirurgie et de voir leur vie améliorée. L’évaluation de la personnalité pourrait s’avérer utile pour mieux orienter les patients vers un type de traitement ou un autre. » commente le Dr Christine BREFEL, Neurologue au Centre Expert Parkinson du CHU de Toulouse, membre du réseau NS-Park/F-CRIN.

3. Sur les aspects intellectuels et cognitifs : « Les troubles cognitifs sévères sont une contre-indication au traitement chirurgical de la maladie de Parkinson par SCPNS. L’impact des troubles cognitifs légers (problèmes d’attention, difficultés d’organisation, oublis) sur les résultats de cette chirurgie est méconnu. Nos résultats révèlent que parmi les 48% de candidats à la SCPNS souffrant d’un trouble cognitif léger, 20% ont un profil cognitif particulier pouvant évoluer vers des troubles sévères plus rapidement. Le suivi de ces patients nous permettra de déterminer si nous devons écarter ces profils de la chirurgie » explique le Pr Kathy DUJARDIN, Professeure de Neurosciences Cliniques, Centre d’Excellence Parkinson, Université de Lille, membre du réseau NS-Park/F-CRIN.

4. Sur l’hypomanie : « Certains patients parkinsoniens développent une manie (excitation psychique, besoin irrésistible de parler, sentiment de toute puissance…) après la chirurgie. Dans notre étude, nous avons montré que 16,2% des patients opérés ont développé une manie lorsque la stimulation touchait la partie du noyau sous-thalamique qui gère les émotions, mais ce trouble disparait lorsque la stimulation est déplacée vers les parties « motrices » du noyau. Ces résultats permettent de mieux définir la partie du noyau à opérer » commente le Pr Stéphane THOBOIS, neurologue Centre Expert Parkinson, Hôpital Neurologique Pierre Wertheimer à Lyon, membre du réseau NS-Park/F-CRIN.

5. Sur les troubles de la parole : « Notre étude vise à déterminer les facteurs prédictifs de l’évolution de la parole après la chirurgie. Nous avons constaté une détérioration légère mais significative de l’élocution notamment chez les patients qui n’avaient pas de troubles de la parole avant la chirurgie, ceux qui avaient des symptômes moteurs préopératoires sévères ou ceux dont l’électrode gauche a été stimulée avec une forte intensité » explique le Pr Caroline MOREAU, neurologue, Centre Expert Parkinson CHU Lille, Université de Lille, INSERM, membre du réseau NS-Park/F-CRIN.

6. Sur le repérage pour aider le guidage dans la stimulation cérébrale profonde : 

« L’introduction d’électrodes directionnelles pour améliorer l’efficacité et la spécificité de la stimulation est complexe à régler et prend du temps. Notre étude qui analyse l’apport d’un logiciel d’imagerie permettant la visualisation 3D a permis de montrer que l’imagerie aidait les neurologues à optimiser les réglages plus rapidement, permettant ainsi une meilleure efficacité de la chirurgie. » commente le Dr Anne-Sophie ROLLAND, chercheuse en neurosciences, CHU Lille, membre du réseau NS-Park/F-CRIN.
7. Sur le profil moteur ou non moteur des patients : « Notre étude a permis de relever 3 profils distincts de patients éligibles à la SCPNP : ceux ayant des troubles presque exclusivement moteurs (groupe le plus nombreux), ceux ayant des troubles moteurs et non moteurs modérés mais présentant des troubles du sommeil marqués et ceux présentant des troubles cognitifs et psychiatriques (plus petit groupe) » commente le Dr Lucie Hopes, neurologue Centre Expert Parkinson, CHU de Nancy, membre du réseau NS-Park/F-CRIN.

« Ces premiers résultats, ainsi que ceux qui arrivent, seront intégrés dans un ensemble plus complet visant à guider l’indication de la stimulation pour assurer une grande qualité des résultats et éviter les loupés. PREDI-STIM est une longue étude qui démontre une nouvelle fois l’excellence et le dynamisme des chercheurs français qui détiennent la 3ème place derrière le Royaume Uni et l’Allemagne en recherche pré-clinique sur la maladie de Parkinson. » conclut le Pr David Devos.

On attend de nouveaux résultats dans un an et les résultats finaux dans cinq ans. En 2023, une année clé pour la maladie de Parkinson, on espère également obtenir d’autres résultats concernant des traitements de neuroprotection et des innovations dans le traitement des symptômes.
Sources :