Ah, les yeux rouges qui piquent, qui larmoient chez nos chères têtes blondes… Ce n’est pas toujours dû à une allergie bénigne, mes amis ! La kératoconjonctivite vernale peut être confondue à tort avec une simple conjonctivite allergique, ce qui peut engendrer des retards dans le diagnostic et le traitement. Et les conséquences peuvent être très graves, allant jusqu’à la cécité visuelle. Présentation de cette maladie rare.

Avec le printemps vient la promesse des jours ensoleillés et des fleurs en abondance, mais pour certaines personnes, cette période peut devenir un véritable cauchemar. Nous parlons ici de la kératoconjonctivite vernale (KCV), une affection oculaire saisonnière souvent méconnue, qui mérite votre attention.

Qu’est-ce que la kératoconjonctivite vernale ?

La KCV est une inflammation allergique de l’œil, touchant principalement les enfants et les adolescents. Cette maladie rare et chronique est une inflammation sévère de la surface de l’œil provoquant de multiples complications, donc il ne faut pas prendre ça à la légère ! Elle se manifeste généralement au printemps et en été, lorsqu’une réaction allergique aux pollens et aux poussières en suspension dans l’air est déclenchée.

Les Symptômes de la KCV : quand nos yeux souffrent

Comment savoir si vous ou l’un de vos proches souffrez de cette affection ? La KCV présente des symptômes caractéristiques tels que :

  • Des démangeaisons intenses des yeux
  • Une rougeur et un gonflement des paupières
  • Des larmoiements et des écoulements muqueux
  • Une photophobie, soit une sensibilité accrue à la lumière
  • Une sensation de corps étranger dans l’œil

Si vous reconnaissez ces signes chez vous-même ou chez un membre de votre entourage, n’hésitez pas à consulter un médecin ou un ophtalmologiste. Une prise en charge adéquate est essentielle pour éviter les complications potentielles.

Qui est le plus touché par la KCV ?

La KCV : un fléau qui touche les jeunes garçons

Parmi les victimes de la KCV, les enfants de sexe masculin sont les plus touchés, particulièrement entre l’âge de 5 et 10 ans. Cela nous rappelle combien cette affection peut impacter la vie quotidienne de ces jeunes, en transformant leur première décennie en une véritable lutte contre les démangeaisons et l’inconfort.

Une prédisposition familiale : le rôle des maladies atopiques

Les patients atteints de KCV présentent souvent des antécédents personnels ou familiaux de maladies atopiques. Par exemple, l’asthme, la rhino-conjonctivite allergique, la dermatite atopique et l’allergie alimentaire aux protéines de lait de vache peuvent être autant d’indices pour les médecins.

L’espoir d’une résolution spontanée après la puberté

Fort heureusement, la KCV n’est pas une maladie éternelle. Dans la majorité des cas, elle disparaît spontanément après la puberté, laissant ainsi les patients soulagés après 4 à 10 ans de combat. Seuls 5% des cas voient la maladie se prolonger à l’âge adulte, offrant ainsi un espoir de rémission pour la grande majorité des personnes concernées.

Retard de diagnostic et risque de cécité

Bien que la kératoconjonctivite vernale (KCV) soit principalement une affection bénigne, il est important de souligner que, dans de rares cas, elle peut avoir des conséquences graves sur la vision. En effet, si la maladie n’est pas correctement prise en charge, elle peut entraîner des complications qui mettent en péril la santé oculaire et, dans les situations les plus critiques, provoquer une cécité.

Parmi ces complications, citons :

  • Les ulcères cornéens, qui peuvent causer des cicatrices et une perte de vision irréversible.
  • L’hydropisie cornéenne, qui correspond à une rupture de la membrane de Descemet et peut mener à une cécité temporaire ou permanente.
  • Les infections bactériennes ou virales, pouvant survenir à la suite de lésions oculaires auto-infligées par le patient lorsqu’il se frotte les yeux.

C’est pourquoi il est essentiel de consulter rapidement un médecin ou un ophtalmologiste dès l’apparition des premiers symptômes de la KCV. Une prise en charge précoce et appropriée permet non seulement d’atténuer les désagréments causés par la maladie, mais aussi de prévenir les complications qui peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la vision.

Pour confirmer le diagnostic de la kératoconjonctivite vernale, il est donc indispensable de consulter un ophtalmologiste. C’est lui qui pourra prescrire un traitement ophtalmique adapté. La répétition des symptômes tout au long de l’année permettra de confirmer ce diagnostic. Ainsi, il est essentiel que le suivi du patient se fasse chez un seul professionnel de santé.

D’autres acteurs du monde médical peuvent intervenir pour affiner le diagnostic et le traitement :

  • L’allergologue pourra réaliser des prick-tests afin d’identifier les allergènes responsables.
  • Le pédiatre ou le dermatologue pourront rechercher et identifier d’autres manifestations atopiques.

Et si cela s’avère nécessaire, un accompagnement psychologique pourra soutenir l’enfant et sa famille face à cette maladie exigeante. En conjuguant les compétences de ces professionnels de la santé, le parcours de soins sera optimisé et l’enfant pourra bénéficier des meilleurs traitements possibles pour retrouver une vie sereine.

Les signes Cciniques de la KCV et ses Complications : quand la maladie s’intensifie

La kératoconjonctivite vernale (KCV), cette forme sévère de conjonctivite, se manifeste avec panache. La rougeur prononcée atteint généralement les deux yeux, tandis que des démangeaisons intenses, des picotements, un écoulement muqueux et une photophobie complètent le tableau. Et comme si cela ne suffisait pas, la KCV s’accompagne souvent d’une rhinite.

Les symptômes de la KCV, dont la durée et l’intensité varient, sont présents toute l’année, mais se montrent encore plus virulents au printemps. La faute aux rayons UV et au pollen, qui exacerbent les poussées de la maladie. Plus de 60 % des patients souffrent de récidives répétées tout au long de l’année, tandis que 23 à 48 % des patients présentent une forme perannuelle de la maladie.

En touchant diverses parties de l’œil, comme la conjonctive et la cornée, et en se manifestant de manière chronique, la KCV n’épargne pas la vue des enfants. Des baisses d’acuité visuelle peuvent devenir définitives en raison de complications diverses :

  • Complications aiguës : ulcère, plaques vernales dans les formes sévères et très sévères, avec aggravation des symptômes de la KCV.
  • Complications chroniques menaçant la vue jusqu’à la cécité : opacité cornéenne, lésions cornéennes (6 %), cataracte (6 %), déficit en cellules souches limbiques, œil sec, astigmatisme, kératocône (26,8 %), ptosis.

Et attention aux complications iatrogènes en cas d’utilisation non contrôlée des corticoïdes topiques : cortico-dépendance, augmentation de la pression intraoculaire avec glaucome induit, cataracte et kératite herpétique. Alors, chers lecteurs, restons vigilants face à cette affection, pour protéger la vue de nos enfants et préserver leur qualité de vie.

Prévenir et traiter la kératoconjonctivite vernale

Il est important de connaître les mesures à prendre pour prévenir et soulager les symptômes de la KCV. Voici quelques conseils pour vous aider :

  1. Éviter les facteurs déclenchants : Tenez-vous informé sur les niveaux de pollen dans votre région et restez à l’intérieur lorsque ces niveaux sont élevés. Fermez les fenêtres et utilisez un purificateur d’air pour réduire les allergènes dans votre environnement.
  2. Adopter une bonne hygiène des yeux : Nettoyez régulièrement vos paupières avec un produit adapté pour éviter les infections et réduire les démangeaisons. Évitez de frotter vos yeux, car cela peut aggraver l’inflammation.
  3. Porter des lunettes de protection : Utilisez des lunettes de soleil pour vous protéger de la lumière et des pollens lors de vos sorties.
  4. Consulter un professionnel de la santé : Un médecin pourra vous prescrire des médicaments adaptés, tels que des collyres antiallergiques, anti-inflammatoires ou des corticostéroïdes en cas de symptômes sévères.

La kératoconjonctivite vernale peut être une expérience désagréable, mais grâce à une prise en charge adéquate et à une bonne prévention, vous pourrez profiter pleinement des merveilles du printemps.

Pour plus d’informations :

Association Française de l’Eczéma, section kératoconjonctivite allergique : www.associationeczema.fr

Protocole National de Diagnostic et de Soins (PNDS) – Mis en ligne sur le site de la Haute Autorité de Santé (HAS) le 02 novembre 2022 – Disponible via : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3382572/fr/la-keratoconjonctivite-vernale-kcv

 

 

Sophie Madoun