L’Anses publie ce jour ses travaux d’expertise sur les substances persulfates d’ammonium, de potassium et de sodium utilisées notamment dans les produits de décoloration capillaire. L’Agence conclut que l’utilisation des persulfates dans les colorations présente des risques pour la santé des professionnels de la coiffure ainsi que les consommateurs.

Danger des persulfates dans les colorations. Les persulfates d’ammonium, de potassium et de sodium sont trois substances pouvant être regroupées dans une même catégorie chimique.

Les persulfates sont utilisés pour leurs propriétés oxydantes dans une grande diversité d’applications industrielles et d’usages professionnels. Selon le rapport de l’industrie 11 établi en 2005 sous l’égide de l’OCDE (OCDE, 2005), les deux usages principaux (environ 80% du tonnage global) sont la polymérisation et la fabrication de circuits imprimés. Danger des persulfates dans les colorations. Les autres usages de ces substances, tels que rapportés dans les différentes sources bibliographiques et dans les dossiers d’enregistrement,sont très variés: adjuvants de fabrication réactifs, traitement de l’eau, dépollution, papeterie, industrie textile, industrie photographique, décoloration capillaire…

Règlement REACH(règlement (CE) 1907/2006) des persulfates dans les colorations

Les trois sels de persulfates ont fait l’objet d’une CCH dans le cadre du règlement REACH (décisions du 8 septembre 2016)6visant à compléter les dossiers d’enregistrement. Les informations demandées aux déclarants par l’ECHA sont:

-pour le 15 mars 2017,la démonstration de la maitrise des risques liés à la sensibilisation respiratoire et cutanée pour les travailleurs et les consommateurs et le détail des mesures nécessaires pour maitriser ces risques;

-pour le 15 septembre 2020,des données sur les méthodes analytiques, l’hydrolyse, la mutagénicité, la toxicité pour la reproduction et le développement, la toxicité aquatique, la dérivation des DNELs12et la caractérisation du risque pour l’environnement.

En accord avec l’Article 10 du règlement cosmétique, une évaluation de la sécurité des produits cosmétiques doit être réalisée avant mise sur le marché par la personne responsable de la mise sur le marché (fabricant, importateur ou distributeur tels que définis dans les Articles 2 et 4), en particulier pour les sensibilisants. Les trois sels de persulfate sont ciblés par la Décision de la Commission européenne 96/335/CE établissant un inventaire et une nomenclature commune des ingrédients utilisés dans les produits cosmétiques (INCI) amendée par la Décision 2006/257/CE. L’inventaire des ingrédients utilisés dans les cosmétiques (INCI), établi dans le CosIng25,indique que les persulfates de sodium et de potassium ont la fonction OXI (oxydant) et le persulfate d’ammonium, la fonction OXI et BLE (décolorant). Ces substances ont été rapportées comme entrant dans la composition de cosmétiques,mais cela ne signifie pas qu’elles ont été évaluées au préalable par le Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC). De fait,les persulfates n’ont jamais fait l’objet d’évaluation par le CSSC et ne sont donc soumis à aucune restriction dans le cadre du règlement cosmétique. Danger les persulfates dans les colorations.

Danger des supersulfates dans les produits capillaires

Les dangers de ces substances en matière de sensibilisation sont déjà connus et reconnus par les communautés académiques, médicales et industrielles.

  • De nombreuses publications font état de réactions allergiques aux persulfates. Les premières alertes, depuis 1930, rapportent des cas eczémas.
  • Des cas de sensibilisation respiratoire et cutanée dus aux persulfates dans le secteur de la coiffure ont été reportés dès les années 1960.
  • Au moins 131 publications ont été recensées pour une période allant de 1955 à 2018, faisant état d’effets adverses liés à la sensibilisation respiratoire et cutanée.

Les effets adverses observés incluent des hypersensibilités de contact immédiates et différées avec dermatites irritantes, eczémas allergiques, urticaires localisés et généralisés, rhinites, bronchites, asthmes, conjonctivites et plus rarement des réactions allergiques généralisées.

Persulfates dans les colorations

Concernant les usages cosmétiques, au moins 82 publications de 1963 à 2018 rapportent des effets néfastes pour la santé; il s’agit d’effets de sensibilisation respiratoire et cutanée dus à l’utilisation de ces substances par les professionnel(le)s de la coiffure. De plus, 1144 cas de pathologies en relation avec le travail et en lien avec les persulfates (asthmes, dermatites allergiques de contact, rhinites, urticaires, choc anaphylactique, autres maladies respiratoires) ont été recensés en France.

  • 97,9% des cas sont observés chez des coiffeurs/coiffeuses,
  • 93,8 % des cas sont observés chez des femmes(tous secteurs confondus),
  • 26,5 % des cas affectent des travailleurs de moins de 20 ans et, en termes de statut dans l’emploi,
  • 25,3 % des cas affectent des apprentis;
  • lorsque la question de l’aptitude au poste était renseignée, 37,7 % des travailleurs ont été déclarés inaptes de manière permanente (ce qui implique une réorientation professionnelle), 5 % inaptes temporairement, 36,5 % aptes sous réserve. L’ONAP note également que la plupart des cas d’asthme observés chez des coiffeurs sont attribués à l’inhalation de persulfates.

Anses