Agriculture, santé, économie, politique…Les femmes sont en mesure de réenchanter notre avenir face à l’urgence climatique et sociale dans le monde. Elles ont les clés de l’humanité si nous mettons fin à la violence du genre.  

Les femmes gagneront l’action climatique et social ! Rosa Luxemburg, Rosa Parks, Simone Veil, Hubertine Auclert, Mère Thérésa… et de nombreuses anonymes ont ouvert la voie pour l’égalité en France et à travers le monde, chacune à sa manière. Ce 8 mars, journée internationale des femmes n’est pas seulement une commémoration de principes pour affirmer des vœux pieux, elle doit ouvrir d’autres perspectives égalitaires. La mondialisation dans laquelle nous vivons révèle que les femmes subissent le plus fort impact face à la crise climatique car celle-ci accroît les inégalités entre les sexes. Afrique, Asie, Amérique du Sud en sont la preuve. Ce bouleversement climatique met la vie et les moyens de subsistance à mal. Il place les femmes en situation de dépendance vis-à-vis des ressources naturelles, des moyens d’obtenir de la nourriture, de l’eau et du carburant.

Alors qu’elles doivent supporter ce fardeau comme le révèle un rapport de l’Organisation des Nations Unies, elles tiennent parallèlement un rôle essentiel dans la transition de notre modèle international parce qu’elles en sont beaucoup plus conscientes que les hommes. Et c’est sans aucun doute grâce à elles que nous allons mettre en œuvre des solutions durables pour la planète et l’égalité des sexes dans le monde. Souvenons-nous  à quel point le Forum Génération Égalité l’an dernier avait marqué les esprits par la ferveur d’une justice climatique. Mais aussi combien les femmes sont convaincues de l’économie verte parce qu’elles souhaitent voir advenir une résilience salvatrice pour tous. Agriculture, santé, autonomie, entreprises… Elles sont en mesure de changer les choses. Avec elles, nous avons la mission de réenchanter notre avenir.

Capables d’éradiquer la faim

Si à travers la planète, les agricultrices avaient un accès égal aux ressources productives, le rendement de leurs exploitations augmenterait de 20 à 30 %. Ce qui permettrait de fournir suffisamment de nourriture pour que 100 à 150 millions de personnes ne souffrent pas de faim. Tel est le constat réalisé par Food and Agriculture Organization of the United Nations, dans son rapport femmes dans l’agriculture il y a déjà 10 ans. Cela implique que notre système alimentaire, vulnérable aux aléas écologiques, opère sa mutation. Mais aussi qu’il mise sur la diversification des cultures, en particulier celles capables d’affronter les changements météorologiques extrêmes. Ce sera un premier pas en direction d’une alternative parallèle et crédible au modèle de production actuel.

Prendre soin

Les emplois non rémunérés ou sous-payés sont à travers la planète, effectués par des femmes (Research and Data Section, UN Women). La crise sanitaire n’a fait que mettre dans la lumière ce fait insupportable, particulièrement dans le système de santé. Le travail est émancipateur et réalisateur, afin de  répondre aux besoins des individus. De même, les métiers de la santé sont aujourd’hui traités comme des ressources que l’on pense inépuisables alors qu’elles sont supportées par des êtres humains. C’est pourquoi, nous devons mettre en place la société du “care”, c’est-à-dire, du “prendre soin”. Aux politiques de prendre enfin conscience que soigner les autres est un bien collectif et non une charge budgétaire. Il contribue au maintien, voire au renforcement des capacités de chacun.

Plus de mixité économique et politique

Finance, justice, grands groupes du CAC 40…. La féminisation des emplois et la mixité dans l’économie ne progressent que trop lentement. Pourtant, le leadership des femmes favorise de bien meilleurs résultats sur le plan environnemental notamment dans le domaine de l’ESG.  En politique, il en est de même. Entre les paroles et les actes, les femmes sont celles qui mettent en œuvre de réels changements sur le plan écologique et arrivent à obtenir des résultats significatifs en termes de réduction des émissions de CO2.

Dans les entreprises, dans les partis politiques, il est temps de créer des gouvernances plus équitables.

Œuvre de justice sociale

Elles ne marchent pas seulement pour le climat, contre les guerres, pour l’égalité. Elles ont une vision qui promeut le bien-être de tous.

Elles font entendre la voix de celles et ceux qui comprennent le mieux leurs expériences et leurs besoins dans les processus décisionnels et contribuent à ce que les gouvernements soient responsables devant les personnes qu’ils sont censés servir” décrivait récemment un rapport de recherche des Nations Unies. C’est pourquoi, les organisations internationales et nationales doivent faire l’objet d’un soutien financier plus conséquent de sorte à leur donner les moyens de promouvoir la justice sociale.

Mettre fin à la violence du genre

Au-delà du risque climatique qui pèse sur la moitié de l’humanité plus que sur l’autre, la violence sociétale, intrafamiliale, le sexisme demeurent des réalités intolérables. Rien ne peut justifier ce qui paraît de plus en plus comme un facteur adaptatif de notre nouvelle société. C’est pourquoi, la santé, la sécurité et l’égalité demeurent des droits fondamentaux qui ne sont pas négociables et devront répondre par plus de fermeté lorsqu’elles sont victimes, devant les juridictions nationales des pays. L’Europe a un rôle à jouer en la matière.

En conclusion, il faut faire simple comme avait su le déclamer le poète Aragon avec une vision de précurseur qui fit pourtant sourire à l’époque : la femme est l’avenir de l’homme”. Nous pourrions désormais ajouter sans flagornerie qu’elle est celui de l’humanité. Les femmes gagneront l’action climatique et social !

 

A lire :

Aux sources indiennes de l’écoféminisme avec Vandana Shiva

« La réhabilitation du principe féminin est une démarche intellectuelle et politique destinée à contrer le mal-développement en tant que projet patriarcal fondé sur la domination, la violence et l’assujettissement, la dépossession et l’éviction des femmes et de la nature. »

Dans ce livre – publié pour la première fois en français trente ans après l’édition originale –, Vandana Shiva jette les bases de l’écoféminisme en mettant en lumière les liens qui existent entre le colonialisme, la domination de la nature et l’oppression des femmes dans la société contemporaine.

Elle construit ainsi une critique radicale du modèle occidental d’essor technologique et économique : le « développement » présenté comme un futur souhaitable pour le monde entier est en réalité un « mal-développement », fondé sur l’asservissement et l’exploitation des femmes et de la nature. Face à un tel projet à la fois patriarcal et néocolonial, la seule issue possible de survie et de libération pour la nature, comme pour les êtres humains, est celle de l’écologie, de l’harmonie, de la durabilité et de la diversité. Car les femmes gagneront l’action climatique et social.

Préface et notes de Jeanne Burgart Goutal, philosophe spécialiste de l’écoféminisme et autrice du livre Être écoféministe – Théories et pratiques (L’Échappée, 2020).

Postface de Clotilde Bato, déléguée générale de l’association SOL et présidente de l’association Notre affaire à tous.

Restons vivantes – Femmes, écologie et lutte pour la survie, Vandana Shiva – Éditions de l’Échiquier, 25 euros

 

 

Cyrille Darigade