La santé mentale est un sujet qui concerne tout le monde, quel que soit son lieu de résidence. Cependant, les habitants des grandes villes peuvent être confrontés à des défis spécifiques qui peuvent affecter leur bien-être mental. Les rythmes de vie effrénés, le stress, l’isolement social, la pollution, le bruit et le manque de contact avec la nature sont autant de facteurs qui peuvent peser sur la santé mentale des citadins.

Environ 55 % de la population mondiale réside dans les zones urbaines et ce chiffre devrait atteindre les deux tiers d’ici 2050. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a identifié la dépression comme le principal facteur de morbidité et d’incapacité dans le monde. En France, près d’une personne sur cinq souffrirait de dépression à un moment donné de sa vie. Et les personnes vivant en milieu urbain ont ainsi 20 % de risque supplémentaire de développer des troubles de l’anxiété et 40 % de risque supplémentaire de troubles de l’humeur par rapport à celles vivant en milieu rural.

Les problèmes de santé mentale sont plus fréquents dans les grandes villes

Vivre en ville offre indéniablement de nombreux avantages, tels que l’accès facile aux services de santé, un réseau de transport dense ainsi qu’une proximité avec les loisirs et activités culturelles. Cependant, la vie en ville peut également fragiliser notre santé mentale. Les chercheurs ont découvert de nombreux éléments qui suggèrent une corrélation entre vie citadine et troubles mentaux. Si vous rencontrez des problèmes d’ordre psychique, n’hésitez pas à joindre un psychologue sur Paris , afin de trouver de l’aide.

Selon une étude pionnière menée à Chicago entre 1922 et 1934, les taux d’incidence des maladies mentales, y compris la schizophrénie, diminuent considérablement en passant du centre-ville à la périphérie urbaine. Ainsi, plusieurs études ont révélé que les habitants des villes présentent un risque accru de développer des troubles psychiatriques tels que la dépression, les troubles du spectre de l’autisme (TSA), la schizophrénie ou encore les troubles anxieux. Ce risque varie en fonction du quartier de résidence et de ses caractéristiques, avec parfois un effet décuplé et multifactoriel : une densité de population plus importante, la pollution de l’air, les pesticides et les nuisances sonores augmentent le risque de développer une pathologie psychiatrique. Cependant, malgré ces constatations, les mécanismes sous-jacents à ces phénomènes restent encore largement méconnus et sont considérés comme une voie de recherche insuffisamment explorée.

Une étude suédoise menée en 1992 a démontré une corrélation entre la densité urbaine et la schizophrénie, démentant ainsi l’idée que cette corrélation était une spécificité de l’organisation spatiale des villes états-uniennes. De plus, selon des recherches menées en 2014 en Europe, la consommation d’antidépresseurs indique une prévalence de deux fois plus d’états dépressifs en ville qu’à la campagne. Bien que la corrélation ne soit pas synonyme de lien de cause à effet et que les ruraux puissent avoir un accès limité aux soins, ces chiffres soulèvent des interrogations sur les nombreux mécanismes qui pèsent sur la santé mentale en milieu urbain. On peut évoquer l’isolement social, la pollution sonore et visuelle, le stress lié à l’agitation urbaine et le manque d’espaces verts.

Quelles sont les causes de troubles mentaux dans les grandes villes ?

En milieu urbain densément peuplé, notre cerveau est soumis à un grand nombre de stimulations sensorielles telles que le bruit, les images et la foule, qui peuvent avoir un impact négatif sur notre humeur, notre sommeil et notre capacité de concentration. De plus, le manque d’espaces verts peut être préjudiciable à la santé mentale des citadins ainsi que l’exposition à des éléments toxiques tels que la pollution atmosphérique. Les chercheurs se sont donc penchés sur ces facteurs physiques concrets qui peuvent expliquer les changements émotionnels des habitants.

Notons également que les habitants des grandes villes sont privés de stimulations sociales essentielles à son bon fonctionnement : c’est le paradoxe de la solitude dans les grandes villes. Les citadins sont entourés de centaines, voire de milliers de personnes, sans avoir de véritables interactions avec elles. Une étude menée en 2021 au Royaume-Uni indique que le sentiment de solitude augmente avec la densité de population, mais diminue lorsque les individus se sentent socialement inclus et sont en contact avec la nature.

Vivre en ville implique aussi une exposition accrue au bruit en raison de la circulation, des travaux et des voisins. De plus, les chercheurs ont découvert que, en plus du bruit, l’exposition aux métaux lourds tels que le plomb, aux pesticides ou à des composés organiques tels que le bisphénol A (BPA) peut contribuer à la dépression.

Quant à la pollution de l’air, elle est également un facteur aggravant. En plus de causer des problèmes respiratoires et cardiovasculaires qui tuent des millions de personnes chaque année, elle peut également provoquer des troubles psychiatriques. La mauvaise qualité de l’air a été liée à la dépression, à l’anxiété et à des expériences psychotiques telles que la schizophrénie ou la paranoïa.

Que faire ?

Il est donc essentiel de prendre soin de sa santé mentale, en particulier lorsque l’on vit en ville. Le bien-être des habitants des grands centres urbains est devenu un enjeu majeur pour la ville de demain, comme le souligne un nouveau rapport du groupe de travail Key Cities.

Plusieurs études ont déjà montré que la population des grandes villes se sentait généralement plus seule et isolée. Ce rapport fournit des stratégies pour rendre les centres urbains plus attractifs, inclusifs et adaptés aux besoins de leurs habitants, afin de réduire le sentiment de solitude.

Vive les espaces verts !

Des études ont montré que les espaces verts ont des effets bénéfiques sur la santé mentale. Alors accordez-vous une balade de 90 minutes dans un environnement naturel. Cela suffit à réduire l’anxiété et à favoriser la relaxation. À défaut, n’hésitez pas à aller le plus souvent possible dans un parc ou jardin. Le simple fait de voir de la verdure vous apaisera.

Brisez la solitude

Se sentir seul malgré la présence de milliers de personnes dans une grande ville est une réalité pour de nombreux habitants. La santé mentale des citadins est donc un enjeu majeur pour la construction de la ville du futur. Dans son rapport, Key Cities propose des pistes d’amélioration pour inciter les villes à favoriser une meilleure santé mentale, physique et sociale. Le réseau de coopération de 25 villes à travers l’Angleterre et le pays de Galles a ainsi établi les principes de sa stratégie Health First pour intégrer ces enjeux dans les politiques publiques. Ce groupe de travail a présenté de nombreux moyens de lutter contre la solitude en ville, tels que la réutilisation des espaces publics sous-utilisés, la mise en place d’un réseau de transport favorisant les interactions sociales, la révision des centres-villes et l’utilisation des technologies numériques.

Dans le monde entier, des exemples émergent pour repenser la santé des habitants des grandes villes. C’est le cas de la piétonnisation de certaines rues et la limitation de la circulation devant les écoles à Paris, permettant aux habitants de retrouver un espace public de qualité. L’Exeter Living Lab est un exemple de lieu communautaire favorisant les interactions entre différentes catégories socio-professionnelles en mettant en collaboration plusieurs secteurs pour la relance verte dans la région. Il est essentiel de mettre en place ces changements urbains pour prévenir la détérioration de la santé mentale, physique et sociale de la population urbaine.

Conseils simples pour prendre soin de votre santé mentale

Voici quelques conseils pour y parvenir :

Faites de l’exercice régulièrement : bouger est excellent pour la santé mentale, car cela libère des endorphines qui procurent une sensation de bien-être. Même une courte promenade quotidienne peut avoir des effets positifs sur votre humeur.

Trouvez des moyens de réduire le stress : les techniques de relaxation, telles que la méditation, le yoga ou la respiration profonde ou en pleine conscience, sont de formidables outils pour réduire le stress et l’anxiété.

Maintenez des relations sociales : les relations sociales sont importantes pour le bien-être mental, alors assurez-vous de maintenir des liens avec amis, famille et collègues.

Faites des bains de forêt ou forest bathing : immergez-vous dans un bois ou une forêt afin d’améliorer votre bien-être mental et physique. Cette pratique originaire du Japon est basée sur le concept de Shinrin-yoku, qui signifie « prendre l’atmosphère de la forêt ». Cela n’est pas lié à l’exercice physique ou à la randonnée, mais plutôt à une immersion en douceur dans la nature et à une connexion avec l’environnement naturel.

 

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Sophie Madoun