Une nouvelle étude montre pour la première fois le lien entre la violence du partenaire intime (VPI), l’automutilation et la tendance suicidaire chez les hommes et les femmes de tout âge. Terrible constat : la moitié des victimes de violence conjugale commet des tentatives de suicide.

Alors que les violences conjugales sont un facteur de risque reconnu de troubles psychiatriques, il existait jusqu’à présent peu de données sur l’automutilation et les comportements suicidaires.Et le constat est sans appel : la moitié des victimes de violence conjugale commet des tentatives de suicide !

C’est ce que les chercheurs viennent de démontrer dans une étude dirigée par le Centre sur la violence et la société de la City, University of London, en collaboration avec l’Université de Manchester, l’Université de Leicester, l’University College London et l’Université de Bristol. Les chercheurs ont analysé des résultats de l’Enquête sur la morbidité psychiatrique des adultes (APMS) menée en face à face avec plus de 7000 adultes en Angleterre.

Une section transversale représentative au niveau national des ménages anglais a été interrogée, en prenant en compte des informations sur le sexe, l’âge, le statut socio-économique, l’ethnicité et la localisation régionale.

Les participants à l’étude ont été interrogés sur l’expérience de la violence physique et de l’abus sexuel, économique et émotionnel d’un partenaire actuel ou ancien, ainsi que sur les pensées suicidaires, les tentatives de suicide et l’automutilation.

L’étude a révélé que 27 % des femmes et 15 % des hommes avaient été victimes de la violence intime à un moment donné de leur vie, ce qui confirme que les femmes sont presque deux fois plus susceptibles que les hommes de subir des violences de la part d’un partenaire. Les personnes ayant fait l’expérience de la violence du partenaire intime étaient plus susceptibles de vivre dans des quartiers défavorisés et d’avoir connu de nombreuses autres difficultés dans leur vie. Cependant, les liens entre les violences conjugales et l’automutilation et le taux de suicides sont restées forts même lorsque ces autres facteurs ont été ajustés.

Après l’ajustement des facteurs, dont les facteurs démographiques et socio-économiques, les personnes qui ont été victimes de violences conjugales présentaient :

  • un risque plus de deux fois plus élevé de s’automutiler sans intention suicidaire ;

  • presque deux fois plus de risques d’avoir des pensées suicidaires ;

  • presque trois fois plus de risques de faire une tentative de suicide.

Si une personne avait subie des violences conjugales au cours de l’année précédent l’enquête, les risques étaient encore plus élevés.

La moitié des victimes de violence conjugale commet des tentatives de suicide

D’après l’étude, environ la moitié des personnes âgées de 16 ans et plus qui ont tenté de se suicider au cours de l’année écoulée avaient été victimes de violences conjugales à un moment donné de leur vie.

L’étude a relevé des taux particulièrement élevés d’automutilation, de pensées suicidaires et de tentatives de suicide chez les personnes ayant déjà été victimes de violences au sein de leur couple sexuelle et émotionnelle, chez celles ayant déjà subi des blessures physiques dues aux violences conjugales et chez celles ayant subi plusieurs formes de violences intimes. Ce qui indique que plus une personne est exposée à plusieurs types de violences conjugales, plus les risques d’automutilation et de suicide sont élevés.

« Il y a une forte probabilité qu’une personne se présentant aux services pour les personnes en détresse suicidaire soit victime de la violence d’un partenaire intime. Les professionnels de la santé doivent demander aux personnes qui se sont automutilées ou qui risquent de se suicider si elles sont victimes de VPI, et les professionnels doivent être prêts – et soutenus – à agir en conséquence », souligne Sally McManus, premier auteur de l’étude et maître de conférences en santé à la City, Université de Londres.

« La violence entre partenaires intimes est courante en Angleterre, surtout en ce qui concerne la VPI sexuelle. Notre étude a montré que les femmes sont environ dix fois plus concernées que les hommes par ce type de VPI, ce qui est associé à des probabilités particulièrement élevées d’automutilation et de comportement suicidaire », conclut Estela Barbosa de la City, University of London.

Les violences sexistes et sexuelles n’épargnent pas les couples LGBT

la-moitie-des-victimes-de-violence-conjugale-commet-des-tentatives-de-suicidePensées comme le fait d’un homme sur une femme, les violences conjugales sont un phénomène ignoré lorsqu’elles surviennent dans un couple non-hétérosexuel. Au fait que la question du consentement est trop souvent comprise comme relevant d’un rapport homme-femme, s’ajoute l’idée selon laquelle les violences n’en seraient pas vraiment si elle surviennent entre deux personnes de même sexe, et que le rapport de force semble donc plus équitable.

Pourtant, non seulement les violences existent, mais elles peuvent aussi être décuplées. Sur Comment on s’aime, le tchat d’En avant toute(s) dédié aux moins de 26 ans, les répondantes observent que chez les jeunes hommes gays, les violences sont banalisées et semblent atteindre des paliers importants, en particulier physiques. Ainsi, en 2019, 8 décès sont survenus au sein de couples homosexuels (contre 3 en 2018), dont 7 couples d’hommes.

Ces violences sont en grande partie systémiques. Les hommes gays notamment, ont pu intérioriser l’idée selon laquelle la masculinité se construit autour de la puissance, la conquête sexuelle, voire l’agressivité. Ils sont donc susceptibles d’avoir des comportements violents, tandis qu’à l’inverse, être victime de violences sexuelles peut apparaître comme une atteinte à la masculinité, et donc complique la dénonciation.

Le tabou des violences accru dans la communauté LGBTQIA+ 

 

Il a fallu attendre trois ans après Meetoo pour que le mouvement #MetooGay émerge. Libérer la parole est une étape difficile pour les personnes homo ou bisexuelles. Si le premier obstacle est d’abord l‘identification des violences, plusieurs autres phénomènes existent.

Aux sentiments de peur ou de honte vécus par l’ensemble des victimes, les publics LGBTQIA+ font face à une stigmatisation importante : ils craignent d’être jugés « de fait » et de vivre des discriminations. Complexité supplémentaire, les personnes LGBTQIA+ qui souhaitent dénoncer des violences doivent vivre la difficulté d’un coming out à chaque nouvel interlocuteur.

Enfin, En avant toute(s) observe un phénomène qui entretient le silence : les personnes victimes appartiennent à la même communauté que celle de leur agresseur. Alors que dans Metoo, les rôles étaient définis (hommes/femmes), dans les violences au sein de couples de même sexe, les frontières sont floues. Afin de ne pas faire peser sur leur groupe social le poids de nouveaux clichés, les personnes LGBTQIA+ s’abstiennent de dénoncer des violences.

Des ressources pour trouver de l’aide 

Des structures dédiées à recevoir la parole de personnes LGBTQIA+ existent. Le tchat Commentonsaime.fr, quelles que soient leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, et est ouvert du lundi au samedi de 10h à 21h.

« Déclic Violence » : la nouvelle in-app pour accompagner les victimes de violences conjugales

Cette nouvelle in-app accompagne les médecins généralistes, les gynécologues, les sage-femmes et tous les professionnels de santé qui se retrouvent face à de potentielles victimes de violences conjugales à l’aide de fiches pratiques pour mieux comprendre et intervenir en tant qu’acteur de soins de premier recours.

Des fiches brèves et très simples de lecture sont à la disposition du médecin et lui permettent de connaître rapidement et facilement les signes d’alerte pendant une consultation, et d’identifier le moment opportun pour évoquer un problème de violence conjugale. Que ce soient des douleurs chroniques inexplicables, des symptômes multiples physiques, un état dépressif ou une éventuelle anxiété, tout est regroupé dans une même fiche pour accompagner le médecin face à sujet souvent difficile à aborder.

Ses avantages sont multiples :

  • Elle permet un gain de temps non négligeable : aujourd’hui le temps alloué à chaque patient est de plus en plus restreint, alors que les violences conjugales restent malheureusement trop nombreuses et d’une importance capitale.

 

  • Elle facilite la formation continue et optimise le parcours de soins allant d’une aide à la prescription jusqu’à la prise en charge. Une carte interactive nationale est mise à disposition avec un recensement de toutes les structures pouvant prendre en charge les violences conjugales de manière plus poussée.
Où trouver l’inapp « Déclic Violence » ?

L’inapp « Déclic Violence » est disponible sur la plateforme mobile 360 medics accessible gratuitement pour tous les professionnels de santé.

Déclic Violence est également disponible sur internet => https://declicviolence.fr/

Où trouver l’application 360 medics ?

L‘application 360 medics est disponible sur toutes les plateformes de téléchargement mobile :

Lien App Store => ici

Lien Google Play => ici

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Et bien sûr vous avez le numéro vert gratuit du gouvernement : le 39 19 !

 

Etude publiée récemment dans The Lancet Psychiatry