Dépister la Covid-19 grâce aux chiens grâce à ses capacités olfactives du chien est en phase d’expérimentation et donne des résultats très prometteurs. Formidable nouvel outil de dépistage!

(Mise à jour le 19 mai 21) Les chiens ont démontré leur aptitude à identifier certaines pathologies humaines. Ce constat a conduit l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA) à expérimenter leur capacité de détection de la Covid-19, dans le cadre du projet Nosaïs-Covid19 lancé en mars 2020 par le Pr Dominique Grandjean. Des échantillons de transpiration axillaire sont ainsi recueillis via des compresses qui sont ensuite reniflées par les chiens. L’enjeu est donc de confirmer scientifiquement cette capacité des chiens à détecter une signature olfactive de la covid-19.

Lancée il y a quelques semaines à l’initiative de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA Equipe Nosaïs, Pr Dominique Grandjean), sous tutelle du ministère de l’agriculture, et de l’AP-HP (URC Necker Cochin, Pr Jean-Marc Tréluyer), avec le soutien de la Région Ile-de-France et de l’agence régionale de santé Ile-de-France, une étude inédite par son ampleur à l’échelle internationale a été menée pour comparer deux méthodes de dépistage de la COVID-19 : test RT-PCR sur prélèvement nasopharyngé (test de référence) et test olfactif canin.

335 ont été dépistées par des chiens

Du 16 mars 2021 au 09 avril 2021, 335 personnes venues se faire dépister dans les centres de dépistage Covisan AP-HP de l’Hôtel-Dieu et de la mairie du 14ème arrondissement de Paris ont été incluses dans cet essai et étaient analysables. Les participants étaient âgés de 35 ans en médiane (6 à 76 ans), 295 (88%) étaient âgés de plus de 18 ans et 170 (51%) étaient des femmes.

Pour le test olfactif canin, des échantillons de sueur axillaire ont été recueillis via des compresses posées deux minutes sous les aisselles des participants à l’étude. Elles ont ensuite été enfermées dans des bocaux puis ont été reniflées par au moins deux chiens différents. Ces derniers n’ont pas été en contact avec les volontaires. Neuf chiens entrainés, des pompiers des Yvelines et de l’Oise, de EnvA, ou venus des émirats arabes unis, ont participé à l’étude.

Comment ça marche?

Concrètement, les bocaux contenant les compresses ont été envoyées à l’Ecole vétérinaire d’Alfort puis placés dans des « cônes d’olfaction » disposés en lignes afin que chaque chien puisse venir pratiquer une analyse olfactive. Cette dernière nécessite une fraction de seconde par prélèvement et présente donc, outre le côté non invasif de l’examen, l’avantage de fournir un résultat instantané et un coût de mise en œuvre des plus limité. Cette détection était faite en aveugle du résultat de la RT-PCR nasopharyngée.

Sur 335 personnes testées, 109 sont positives en RT-PCR nasopharayngée (test de référence). La sensibilité du test olfactif caninest de 97% (Intervalle de confiance 95% : 92-99) et la spécificité de 91% (IdC95% : 87-95).

Ces résultats confirment scientifiquement la capacité des chiens à détecter une signature olfactive de la COVID-19. Cette étude est la première de ce type réalisée au niveau international et devrait ouvrir la voie à une utilisation élargie du chien de détection olfactive dans la lutte contre la COVID-19, dans la droite ligne des récents travaux conduits sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé. Une implémentation de cette approche diagnostique pourrait être envisagée en vue de cibler les personnes devant bénéficier d’un dépistage virologique et de faciliter le dépistage de masse du fait de la rapidité de réponse des chiens.

L’agence régionale de santé d’Ile de France a soutenu et suit de près cette expérimentation dans le cadre de la stratégie « Tester, Alerter, Protéger ».

Depuis le début de la crise, la Région Île-de-France est pleinement mobilisée pour renforcer les moyens de dépistage sur le territoire et lutter contre les inégalités d’accès. Dans le même temps, la Région agit en faveur de l’innovation, en soutenant les entreprises franciliennes et en permettant le déploiement d’expérimentations inédites, à l’instar de cette expérimentation de dépistage par des chiens renifleurs. C’est pourquoi la Région Île-de-France a été à l’initiative de cette évaluation de l’efficacité du dépistage par les chiens, qu’elle finance à hauteur de 25 000 euros. Cette expérimentation s’ajoute à de vastes opérations de dépistage menées depuis le mois d’août 2020 au plus près des besoins des Franciliens.

Pour la Région Ile-de-France, qui a soutenu financièrement cette étude à hauteur de 25 000 euros, cette technique offre des perspectives prometteuses dans d’autres champs diagnostics qui devront être accompagnées par la mise en place d’une filière complète de formation des chiens comme des professionnels.

Cette expérimentation a été intégrée à l’étude SALICOV AP-HP. Cette dernière vise à évaluer l’intérêt et la fiabilité du prélèvement salivaire par rapport au prélèvement nasopharyngé. SALICOV AP-HP est coordonnée par le Pr Jean-Marc Treluyer, responsable recherche clinique et pharmacologie AP-HP. Centre-Université de Paris et menée par des équipes de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris.