Les changements environnementaux ont un impact significatif sur notre santé. Les scientifiques s’inquiètent de plus en plus du lien entre ces changements et l’augmentation des maladies allergiques. Les études récentes ont montré une corrélation troublante entre la dégradation de notre environnement et la prévalence croissante des allergies.

Les maladies allergiques constituent un problème de santé croissant à l’échelle mondiale, touchant des millions de personnes chaque année. Cependant, au-delà des facteurs génétiques et des prédispositions individuelles, des études récentes ont mis en évidence un lien préoccupant entre ces maladies et les changements environnementaux. L’impact de la pollution de l’air, du changement climatique et de la dégradation de l’environnement sur la prévalence et la gravité des allergies suscite de plus en plus d’inquiétudes parmi la communauté scientifique.

1 adulte sur 3 est allergique

Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ce serait près d’un adulte sur trois (30 %) qui souffrirait d’une allergie au pollen en France. Chez les enfants, la proportion est moindre : 7 à 20 %. Une autre étude épidémiologique, parue en 2008 dans la Revue Française d’Allergologie et d’Immunologie Clinique, faisait état d’une forte recrudescence des cas depuis 25 ans. Elle estimait que « la prévalence de la rhinite pollinique a triplé en 25 ans dans la population française ».

Les facteurs environnementaux favorisent les allergies

Pollution de l’air et allergies

La pollution de l’air est l’un des principaux facteurs environnementaux qui contribuent à l’augmentation des allergies.

Certains polluants chimiques, tels que l’ozone (O3), le dioxyde de soufre (SO2) et le dioxyde d’azote (NO2), ont la capacité de déformer et de fracturer la paroi des grains de pollen. Par conséquent, les fragments de pollens peuvent pénétrer plus profondément dans nos voies respiratoires.

De plus, les particules fines, les gaz toxiques et les émissions provenant des véhicules, des usines et des centrales électriques aggravent les symptômes allergiques. Des études ont démontré que les personnes vivant dans des zones à forte pollution de l’air sont plus susceptibles de développer des allergies respiratoires, telles que l’asthme, les rhinites allergiques et les bronchites chroniques. En effet, la pollution irrite les muqueuses des yeux, du nez, de la gorge, et parfois des poumons. Ainsi, nos voies respiratoires deviennent plus fragiles et plus sensibles aux différents allergènes présents dans notre environnement. De plus, nos défenses immunitaires peuvent être légèrement moins efficaces. Par conséquent, les personnes allergiques sont plus vulnérables lors des pics de pollution.

Changement climatique et allergies

Le changement climatique est un autre facteur environnemental qui contribue à la hausse des allergies. Les températures plus élevées et les variations météorologiques perturbent les cycles de floraison des plantes et favorisent la prolifération des pollens. En effet, selon les espèces, il est transporté soit par les insectes (plantes entomophiles) soit par le vent (plantes anémophiles). C’est ce dernier type de reproduction qui pose problème puisque ces pollens « entrent naturellement en contact avec les muqueuses respiratoires et oculaires du fait de leur taille plus réduite », explique l’Anses. De fait, cela prolonge la saison des allergies et expose les individus allergiques à des niveaux élevés de pollen pendant une plus longue période. « Des études expérimentales montrent également que l’élévation des températures atmosphériques et la concentration en CO2 rend certains pollens plus allergisants », précise l’Anses. En effet, la présence accrue du dioxyde de carbone dans l’atmosphère booste la production de pollens. Ainsi, dans le cas de l’ambroisie, elle produit nettement plus de pollens (+131 %) par rapport à la période préindustrielle. La quantité d’allergènes se fait aussi plus présente dans les pollens. De plus, le changement climatique peut également favoriser la croissance de moisissures et d’acariens, qui sont des déclencheurs courants d’allergies. La pollution atmosphérique fragilise en effet nos muqueuses et la structure des pollens en est modifiée. Ce qui les rend plus agressifs pour nos voies respiratoires.

Dégradation de l’environnement et allergies alimentaires

La dégradation de l’environnement joue un rôle dans l’augmentation des allergies alimentaires. L’utilisation généralisée de pesticides et d’engrais chimiques dans l’agriculture a entraîné une augmentation des résidus chimiques dans les aliments. Ces résidus peuvent déclencher des réactions allergiques chez certaines personnes sensibles. De plus, la diminution de la biodiversité, notamment la disparition des abeilles et d’autres pollinisateurs, peut réduire la disponibilité et la variété des aliments, ce qui peut également contribuer au développement d’allergies alimentaires.

Quels sont les polluants environnementaux les plus dangereux pour notre santé ?

Les polluants atmosphériques les plus problématiques sont les suivants :

  1. Les particules fines : Ces petites particules solides ou liquides en suspension dans l’air, également appelées PM2,5 et PM10 en fonction de leur taille, sont émises par diverses sources telles que les émissions industrielles, les véhicules, les centrales électriques, le chauffage résidentiel et les activités agricoles. Elles peuvent pénétrer profondément dans les voies respiratoires et causer des problèmes respiratoires, des maladies cardiovasculaires et même la mort prématurée.
  2. Le monoxyde de carbone (CO) : Ce gaz incolore et inodore est principalement produit par la combustion incomplète de carburants fossiles tels que l’essence, le diesel, le gaz naturel et le charbon. L’inhalation de monoxyde de carbone peut entraîner une réduction de l’apport en oxygène dans le sang, provoquant des maux de tête, des étourdissements, des nausées et dans les cas graves, un empoisonnement potentiellement mortel.
  3. Le dioxyde de soufre (SO2) : Ce gaz est principalement émis par la combustion de combustibles fossiles contenant du soufre, tels que le charbon et le fioul. Le SO2 contribue à la formation des pluies acides, qui peuvent endommager les écosystèmes, les cultures agricoles et les infrastructures. De plus, l’inhalation de dioxyde de soufre peut causer des problèmes respiratoires, notamment chez les personnes asthmatiques.
  4. Les oxydes d’azote (NOx) : Ce groupe de polluants comprend le monoxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote (NO2). Ils sont principalement émis par les véhicules, les centrales électriques et les installations industrielles. Les NOx contribuent à la formation de l’ozone troposphérique, un polluant secondaire, et sont associés à des problèmes respiratoires, des maladies cardiovasculaires et des effets néfastes sur l’environnement.
  5. Les composés organiques volatils (COV) : Ce sont des substances chimiques organiques qui s’évaporent facilement à température ambiante. Les COV sont émis par de nombreuses sources, notamment les solvants utilisés dans les peintures, les produits chimiques industriels, les combustibles fossiles et les émissions des véhicules. Ils contribuent à la formation de l’ozone troposphérique et certains d’entre eux, tels que le benzène, sont considérés comme cancérigènes.
  6. Certains métaux lourds : Le plomb et le cadmium sont des exemples de métaux lourds toxiques émis par diverses sources industrielles. Ces métaux peuvent s’accumuler dans l’environnement et causer des problèmes de santé, tels que des dommages neurologiques, des troubles du développement chez les enfants et des maladies rénales.

En outre, certains polluants anthropiques secondaires, tels que l’ozone, le dioxyde d’azote et les particules ultrafines, se forment dans l’atmos

Que faire pour se prémunir des allergies dues aux changements environnementaux ?

Parmi les recommandations pour tenter de limiter les effets de ces rhinites allergiques, il est conseillé de :

  • Rincer vos cheveux le soir,
  • Aérer votre intérieur au moins 10 minutes par jour avant le lever et après le coucher du soleil,
  • Évitez de faire sécher votre linge à l’extérieur,
  • Gardez les vitres fermées en journée, quand la concentration de pollens dans l’atmosphère est la plus forte,
  • Utiliser du sérum physiologique ou des collyres pour nettoyer et hydrater les yeux. Le sérum physiologique peut être utilisé pour rincer les yeux et éliminer les irritants, tels que la poussière ou les particules étrangères. Les collyres, quant à eux, peuvent aider à soulager les yeux secs, irrités ou rouges. Il est important de suivre les instructions d’utilisation et de consulter un professionnel de la santé si les symptômes persistent.
  • Prenez des médicaments antihistaminiques de seconde génération : si vous souffrez d’allergies oculaires, les antihistaminiques aident à réduire les réactions allergiques en bloquant les effets de l’histamine, une substance libérée lors d’une réaction allergique. Ces médicaments sont disponibles sous forme de comprimés, de gouttes pour les yeux ou de sprays nasaux. Il est recommandé de consulter un médecin ou un pharmacien pour obtenir des conseils sur le choix et l’utilisation appropriés de ces médicaments.

Si vos symptômes persistent ou s’aggravent et qu’ils ont un impact significatif sur votre quotidien, il est recommandé de consulter votre médecin et/ou un allergologue.

Les actions à entreprendre pour réduire les risques

Sensibilisation et éducation

Il est crucial de sensibiliser le public aux liens entre les changements environnementaux et les allergies. Une éducation adéquate peut aider les individus à prendre des mesures pour réduire leur exposition aux allergènes et à soutenir des pratiques environnementales durables.

Réduction de la pollution de l’air

Pour réduire les risques d’allergies liées à la pollution de l’air, il est essentiel de prendre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et favoriser des modes de transport plus propres. Des politiques de lutte contre la pollution de l’air et la promotion des énergies renouvelables peuvent contribuer à améliorer la qualité de l’air et à réduire les symptômes allergiques.

Préservation de la biodiversité

La préservation de la biodiversité est également cruciale pour réduire les allergies alimentaires. Des mesures de conservation telles que la protection des habitats naturels, la promotion de l’agriculture biologique et le soutien aux pollinisateurs peuvent contribuer à préserver la variété des aliments et à réduire les risques d’allergies alimentaires.