En France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint ou ex conjoint et 219 000 femmes subissent chaque année des violences au sein de leur couple. Repérer au plus tôt ces situations est crucial et peut sauver des vies. Les professionnels de santé ont à ce titre un rôle clef à remplir. La HAS recommande d’aborder systématiquement la question des violences conjugales en consultation et fournit des outils pour repérer et protéger les victimes.
Les violences conjugales touchent des femmes de tous âges, de toutes catégories socioprofessionnelles et de toutes cultures. Elles revêtent différentes formes – physique, psychologique, financière… – et ont des conséquences graves non seulement sur la santé des femmes mais aussi sur celle de leurs enfants : traumatismes physiques, développement de comportements à risque, impacts sur la santé mentale… voire décès de la victime.
Plus que jamais, les autorités se mobilisent[1] et renforcent les moyens alloués via des plans d’action interministériels pour prévenir ces violences, coordonner les acteurs, protéger et prendre en charge les victimes. Parce que la mobilisation de chaque professionnel de santé est essentielle, le ministère des Solidarités et de la Santé a saisi la HAS pour élaborer des recommandations sur le repérage des femmes victimes de violences au sein du couple. Ces recommandations, les premières publiées en France sur le sujet, sont destinées à sensibiliser les professionnels de santé et à leur proposer des outils indispensables à leur mobilisation.
Repérer les victimes est aussi un acte médical
Mais, comme la plupart des professionnels de santé, les médecins – faute de formation et d’outils – sont le plus souvent démunis face à cette problématique qu’ils connaissent peu ou mal. Et ils ne vont pas forcément repérer ces situations ni savoir comment agir pour protéger les victimes.Il est pourtant urgent que chacun d’entre eux soit en mesure de repérer les patientes subissant des violences au sein de leur couple. Avec l’aide d’une équipe de santé pluri professionnelle et en s’appuyant sur les acteurs du secteur social, associatif, médico-social et judiciaire, les professionnels de santé sont à même d’initier des actions concrètes adaptées aux besoins de la patiente.
Par exemple, ils constituent un dossier médical pouvant être utile à une éventuelle procédure judiciaire secondaire ; initient des mesures de protections si la situation est grave ou à risque élevé ; établissent un certificat médical pour faire faire valoir les droits de la victime ; si besoin et avec l’accord de la victime font un signalement au Procureur de la République. Ils ont aussi pour rôle d’informer la victime des outils et des ressources qui peuvent l’aider ainsi que de l’orienter vers les acteurs de proximité sur lesquels elle pourra s’appuyer pour être mise en sécurité, retrouver un logement, un travail, veiller à la sécurité des enfants si elle est menacée.
Penser systématiquement à questionner pour permettre la parole de la victime
Favoriser un climat de confiance et en adopter une attitude bienveillante, permet de faire savoir aux victimes qu’elles disposent d’un interlocuteur à leur écoute, sensibilisé aux situations de violences au sein du couple et donc de libérer la parole sur le sujet, lors de cette première consultation ou peut-être d’une consultation ultérieure.
Des outils sur lesquels les professionnels peuvent s’appuyer à tout moment
- ce que sont les violences conjugales (conséquences, données d’incidences, facteurs etc.) ;
- comment les repérer ;
- comment accompagner les victimes en cas de révélation ;
- vers quels acteurs orienter ces dernières.