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Le foie gras est le met des Fêtes par excellence. Mais qui dit foie gras dit gavage. De nombreux pays ont interdit cette technique barbare. Pas la France. Etat des lieux.

Le foie gras est produit et consommé dans bon nombre de pays. Mais cette industrie du gavage des oiseaux est largement concentrée sur un seul pays : la France. Et elle ne s’arrête pas là ! Ce sont des industriels français qui exportent ce « savoir-faire » vers de nouveaux producteurs comme la Chine, qui détiennent, aujourd’hui, de larges participations dans les sociétés du deuxième producteur mondial qu’est la Hongrie. À elle seule, la France consomme 68% de la production mondiale de foie gras. Pourtant, vu les conditions d’élevage de canards, notamment, on devrait dire stop au foie gras !

Vers une mobilisation française contre le foie gras

D’après un sondage* réalisé par le CSA et commandé par la SNDA (Société Nationale pour la Défense des Animaux) et Stop Gavage, 44% des français sont favorables à l’interdiction du gavage dans la production de foie gras. Les femmes et les jeunes sont même une majorité à être favorables à cette interdiction.

Si le foie gras reste une tradition sociale activement soutenue par des campagnes publicitaires, la reconnaissance de la souffrance des animaux (63.2% des sondés) est clairement à l’origine de ce désaveu. Mais hélas, la filière du foie gras dépense sans compter pour entretenir cette image de produit festif obligé. Difficile dans ce contexte de ne pas en prévoir au menu. Plus difficile encore de refuser d’en consommer quand on est invité. Le niveau de rejet motivé atteint pourtant déjà un niveau notable.

Le gavage est interdit dans de nombreux pays et ne cesse de s’étendre à des pays jusqu’alors producteurs comme la Pologne, l’Italie, Israël, la Californie. Et dans l’Union européenne il est proscrit dans 12 pays dont l’Allemagne, l’Autriche, l’Irlande, le Royaume-Uni ou encore l’Italie.

Le saviez-vous ? Roger Moore a été nommé « Personnalité de l’année 2009 » par la branche britannique de l’association de protection des animaux PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) pour sa campagne anti foie gras. Parce que le produit emblématique des fêtes de fin d’année a été banni de Grande-Bretagne, sans pour autant que sa commercialisation y soit interdite, clame PETA.

Une grande majorité des sondés est d’accord pour dire que les canards et les oies souffrent du gavage. Ils rejoignent les conclusions des rapports scientifiques. Et oui, au cas où certains l’auraient oublié, les animaux souffrent. Et ce ne sont pas des scientifiques de l’INRA qui diront le contraire ! Ils ont réalisé, en 1998, un rapport très complet. Rapport adopté par le Comité scientifique de la Commission Européenne de la santé et du bien-être des animaux. Seul bémol, et non des moindres, les chercheurs co financés par les filières du foie gras ont contesté ces conclusions. Argent quand tu nous tiens ! Car la production de foie gras est dominée par de grands groupes (Euralis Gastronomie, Delpeyrat et Labeyrie). Les petits producteurs traditionnels ne réalisent que 12 % de la production.

L’horreur du gavage

Malgré les recommandations de l’Europe interdisant l’usage de cages individuelles, 75% des oiseaux sur le territoire français destinés à avoir un foie bien gras, sont enfermés dans des cages de batterie d’où ils ne peuvent ni se lever, ni bouger, et encore moins étendre leurs ailes. Mais n’imaginez pas que les cages collectives soient plus accueillantes : n’étant pas conformes aux réglementation en vigueur ce n’est guère mieux. D’autres animaux ; surtout les oies ; sont enfermées dans des parcs.

Le gavage n’est rien d’autre qu’une torture. Torture perpétuée sous couvert de la sauvegarde d’une tradition. Il consiste à administrer de force, avec un tuyau enfoncé de la gorge à l’estomac de l’animal, une très importante quantité d’aliments extrêmeent énergétique. Avec une méthode artisanale, cette opération dure de 45 à 60 secondes, contre 2 à 3 secondes avec la méthode industrielle de gavage à la pompe hydraulique ou pneumatique. Les oiseaux sont gavés deux fois par jour.

Au bout d’une douzaine de jours de gavage, les oiseaux sont emmenés, entassés les uns sur les autres dans des caisses, à l’abattoir. Ils sont ensuite étourdis par électronarcose puis saignés. Et n’imaginez pas qu’ils meurent sur le champ : il arrive très souvent que certains se réveillent avant ou en cours de saignée ! Pour finir, ils sont plumés, éventrés, vidés. Leur foie est prélevé et conditionné pour être consommable.

A savoir : ramené à l’espèce humaine, le gavage consisterait à faire ingurgiter de force par un tuyau allant de la gorge jusqu’à l’estomac, en deux fois 15 kg de cassoulet par jour en l’espace de quelques secondes. Le vétérinaire Jacques Merminod déclare « si l’on souhaite transposer à l’être humain l’augmentation de poids d’un animal gavé, une personne qui pèserait 60 kilos passe à 90 kilos en deux semaines, chacun peut imaginer ce que ça représente pour l’organisme. »

Les différentes maladies que les animaux ont à cause du gavage

Suite au choc du gavage, les oiseaux souffrent de halètements et de diarrhées.

Le fonctionnement de leur foie est totalement perturbé.

Les animaux ne peuvent plus réguler la température de leur corps et développent une maladie appelée stéatose hépatique.

Les dimensions de son foie hypertrophié atteignant 10 fois sa taille normale, rendent sa respiration énormément difficile, et ses déplacements (si déplacements possibles il y a) des plus pénibles.

Leurs sacs pulmonaires compressés, le centre de gravité de l’animal est déplacé.

– Ceux qui sont enfermés sur des sols durs (grillage, caillebotis…) développent des infections aux pattes appelées dermatites.

En plus de cette longue liste de maladies, troubles et malaises des animaux gavés et encagés, les statistiques de mortalité dénoncent l’état de santé de ces pauvres petits oiseaux suralimentés. D’après le rapport de 1998 du Comité Scientifique vétérinaire mandaté par la commission européenne, le taux de mortalité est 10 à 20 fois plus élevés en gavage qu’en élevage.

La production de foie gras implique la naissance de 80 millions de canetons par an et 800 000 oisons. Par définition, pour produire du foie gras, le gavage est de mise. Les canetons ou oisons naissent dans un couvoir : les œufs sont placés sur les chariots de grandes armoires à incubation. Chez les canards, seuls les mâles sont gavés, l’utilisation des femelles est interdite. Les oisillons sont donc triés par sexe dès leur sortie de l’œuf. après leur naissance, les femelles sont éliminées, par broyage,. A l’âge d’un jour, les canetons sont transportés dans un élevage et subiront l’horreur du gavage à environ 80 jours.

A lire : Commission européenne – Comité scientifique de la santé et du bien-être des animaux, Welfare Aspects of the Production of Foie Gras in Ducks and Geese, 16 décembre 1998, http://www.office-elevage.fr/instances/c-palm/20-11-08/CPFG_2008-11-20.pdf

 

 

* Sondage CSA /SNDA / Stop Gavage réalisé par téléphone les 9 et 10 novembre 2009. Echantillon national représentatif de 1000 adultes 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas : sexe, âge, CSP du chef de famille, région et taille d’agglomération.