Comprendre comment la plasticité cérébrale aide à surmonter le stress post-traumatique. Une étude majeure après les attentats du 13 novembre révèle des mécanismes essentiels.

 

Le stress post-traumatique (TSPT) est un trouble complexe qui touche de nombreuses personnes ayant subi des événements extrêmement stressants comme des attentats, des accidents graves ou des agressions. Si ses conséquences sur la vie quotidienne sont bien connues, ses mécanismes neurobiologiques restent un champ de recherche passionnant. Une étude menée dans le cadre du programme transdisciplinaire 13-Novembre, explore comment la plasticité cérébrale pourrait être la clé de la résilience face aux traumatismes.

 

Qu’est-ce que le stress post-traumatique ?

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est une réaction psychologique qui survient après un événement traumatique comme un attentat, un accident grave ou une agression. Il se manifeste par des souvenirs intrusifs, des cauchemars, une anxiété persistante et une hypervigilance constante. Ces symptômes peuvent perturber gravement le quotidien et rendre difficile le retour à une vie normale.

Cependant, toutes les personnes exposées à un traumatisme ne développent pas de TSPT. Pourquoi certaines parviennent-elles à se reconstruire tandis que d’autres restent prisonnières de leur trauma ? La réponse réside dans un mécanisme fascinant : la plasticité cérébrale.

 

Une étude au cœur des traumatismes du 13 novembre

Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis ont laissé des traces profondes. Victimes, proches, témoins… nombreux sont ceux qui ont vécu des épisodes de stress post-traumatique. Pour comprendre les effets de ces événements sur le cerveau, l’étude Remember, promue par l’Inserm, a été mise en place.

Cette recherche s’inscrit dans le cadre du vaste programme 13-Novembre, une initiative transdisciplinaire visant à étudier les conséquences du trauma sur la mémoire individuelle et collective.

Objectifs de l’étude

  • Comprendre les effets neurobiologiques du stress post-traumatique.
  • Identifier les mécanismes qui favorisent la résilience.
  • Développer des approches thérapeutiques novatrices.

120 survivants des attentats ont participé à cette étude, complétés par 80 participants non exposés. Tous ont été suivis sur plusieurs années à l’aide d’imageries cérébrales et de questionnaires sur leurs symptômes.

 

Comment le TSPT affecte le cerveau ?

Le TSPT se caractérise par des souvenirs intrusifs, des flashbacks soudains et des émotions intenses qui submergent la personne. Ces phénomènes sont liés à un dysfonctionnement des mécanismes de contrôle de la mémoire, impliquant des réseaux cérébraux clés comme :

  • L’hippocampe : régule la mémoire et contextualise les souvenirs.
  • Les régions préfrontales : contrôlent les souvenirs et évitent leur intrusion.

Chez les personnes souffrant de TSPT, ces réseaux fonctionnent mal, ce qui empêche le cerveau d’éteindre les souvenirs traumatiques. Pierre Gagnepain, chercheur à l’Inserm, explique :

« Les mécanismes qui régulent la mémoire sont altérés, laissant les souvenirs intrusifs revenir en boucle. »

 

La plasticité cérébrale, un espoir pour la résilience

La plasticité cérébrale désigne la capacité du cerveau à se réorganiser et à s’adapter aux changements, y compris après un traumatisme. L’étude Remember révèle que :

  • Chez les personnes ayant surmonté le TSPT, les régions préfrontales retrouvent une activité normale, permettant de mieux contrôler l’hippocampe.
  • Cette transformation réduit les souvenirs intrusifs et stabilise l’hippocampe.
  • Même chez les personnes souffrant de TSPT chronique, un début de plasticité prédit une amélioration future.

Giovanni Leone, premier auteur de l’étude, ajoute :

« Ces découvertes montrent que rien n’est figé. La plasticité cérébrale est une ressource cruciale pour la résilience. »

 

Vers de nouveaux traitements pour lutter contre le stress post-traumatique

Ces résultats ouvrent la voie à des thérapies novatrices, complémentaires aux traitements existants. L’idée ? Stimuler directement les mécanismes de contrôle de la mémoire, sans raviver les émotions traumatiques. Une piste prometteuse concerne le GABA alpha 5, un récepteur cérébral jouant un rôle dans la régulation des souvenirs.

Pierre Gagnepain conclut :

« En stimulant ces circuits, nous pourrions aider les patients à surmonter leurs traumatismes, sans revivre leurs souffrances. »

 

Un avenir prometteur pour les victimes

Les avancées de l’étude Remember, plasticité cérébrale et stress post-traumatique, redonnent espoir aux personnes touchées par le stress post-traumatique. Elles démontrent que le cerveau peut se reconstruire grâce à sa plasticité. Cette recherche, soutenue par la Région Normandie et publiée dans Science Advances, constitue une étape majeure pour mieux comprendre et traiter les conséquences des traumatismes.

Vous souhaitez en savoir plus ? Consultez nos autres articles sur les neurosciences et la santé mentale !

Sources :

 

 

 

Ocytocyne : un remède naturel pour l’angoisse, la dépression et les phobies

 

Sophie Madoun