Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka critiquent le plan du gouvernement sur les nitrites dans la charcuterie et le cancer, jugé insuffisant pour la santé publique.

Le rapport du gouvernement sur les nitrites ajoutés dans la charcuterie est insuffisant, dénoncent foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer malgré la pression publique. Jusqu’à 4000 cas de cancer par an pourraient être évités en interdisant les additifs E249, E250, E251 et E252, mais le gouvernement se contente de mesures volontaires de l’industrie plutôt que d’une réglementation stricte, ce qui suscite la frustration des associations.

Un plan insuffisant

Foodwatch et la Ligue contre le cancer critiquent le gouvernement malgré son engagement à prioriser la santé des consommateurs français. Le plan en 3 phases révélé par le ministre de l’Agriculture et la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé ne suffit pas à protéger la santé, selon les associations, malgré l’avis de l’ANSES confirmant le lien entre l’exposition aux nitrates/nitrites via la viande transformée et le cancer colorectal. La mobilisation de plus de 500 000 citoyens, une mission parlementaire et une proposition de loi n’ont pas abouti à l’interdiction des additifs E249, E250, E251 et E252.

En fin de soirée du 27 mars, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé Agnès Firmin Le Bodo ont discrètement dévoilé un plan d’action en trois étapes concernant les nitrites ajoutés dans la charcuterie. Cependant, pour foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka, ce plan ne va pas assez loin pour protéger la santé publique, malgré l’avis de l’ANSES confirmant le lien entre la consommation de viande transformée et le risque de cancer colorectal. Les mesures proposées reposent sur des engagements volontaires de l’industrie et offrent une période de recherche et développement qui permettrait de gagner du temps plutôt que de prendre des mesures nécessaires pour protéger la santé publique.

Le plan d’action comprend trois étapes :

  • Étape 1 : Immédiatement, une baisse souhaitée voire une suppression de l’utilisation de nitrites pour certains aliments tels que les jambons cuits, lardons, saucisses de porc à griller et les pâtés (produits stérilisés).
  • Étape 2 : Dans les 6 à 12 mois, des évaluations pour tester et s’assurer de la faisabilité de baisses d’ampleur visées pour les produits les plus largement consommés.
  • Étape 3 : D’ici 5 ans et à long terme, la recherche et le développement de solutions visant à accentuer la trajectoire de diminution ou de suppression de l’utilisation de nitrites dans les produits carnés et l’évaluation de leur impact sur la santé.

Selon foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka, ce plan d’action creuserait les inégalités entre les populations qui peuvent se permettre d’acheter de la charcuterie sans nitrites et celles qui ne le peuvent pas, les rendant ainsi plus vulnérables aux risques de cancer.

« C’est un plan d’action frileux qui évoque la diminution voire la suppression des additifs nitrés sur certains aliments mais qui, en fait, ne les interdit pas. Pire, le gouvernement semble tout à fait à l’aise de donner encore à l’industrie et aux lobbies de la charcuterie quelques années supplémentaires alors que le ‘sans nitrites’ existe déjà sur le marché. Des milliers de cancers pourraient être évités chaque année en France. Il n’y a pas de dose acceptable de risque de cancer dans notre alimentation », commente Karine Jacquemart de foodwatch.

 

« Après une reconnaissance par l’Anses du lien positif entre l’exposition aux nitrites et le cancer colorectal et après des tractations qui durent depuis 2019, nous ne pouvons-nous satisfaire du plan tel qu’il est rédigé. Alors que nous demandons l’interdiction des nitrites et nitrates dans la charcuterie, ce plan propose « une trajectoire de baisse ambitieuse de l’utilisation des nitrites/ nitrates », ce qui ressemble furieusement à la position de la Fédération française des charcutiers et traiteurs (Fict) qui déclare s’inscrire « dans une trajectoire permanente de réduction » des nitrites. La confiance que nous pouvions avoir initialement sur le traitement de ce dossier a été largement entamée. », affirme le Pr Daniel Nizri, Président de la Ligue nationale contre le cancer.

« Nous déplorons que le gouvernement cède au lobby de la charcuterie industrielle au détriment de la santé des consommateurs », ajoute Julie Chapon de Yuka.

 

Sources :

 

       Plan d’action « Réduction de l’utilisation des additifs nitrites/nitrates dans les aliments »

       https://agriculture.gouv.fr/plan-daction-reduction-de-lutilisation-des-additifs-nitritesnitrates-dans-les-aliments

     Pétition conjointe foodwatch/Yuka/Ligue contre le cancer, près de 500 000 signatures – « Stop aux nitrites ajoutés dans notre alimentation » https://www.foodwatch.org/fr/sinformer/nos-campagnes/alimentation-et-sante/additifs/petition-stop-aux-nitrites-ajoutes-dans-notre-alimentation/

  Nitrites dans la charcuterie : une loi adoptée ce jour, communiqué de presse 03/03/2022 https://www.foodwatch.org/fr/communiques-de-presse/2022/nitrites-dans-la-charcuterie-une-loi-adoptee-ce-jour/

           Nitrites dans la charcuterie : l’Anses confirme le lien entre risque de cancer et exposition aux nitrites et nitrates via la viande transformée, communiqué de presse 12/07/2022