Le virus Nipah est selon les scientifiques une menace sérieuse pour la santé mondiale. Il pourrait être responsable de la prochaine pandémie.

Alors que le monde continue de se remettre des impacts dévastateurs de la pandémie de COVID-19, les experts  tournent leur attention vers un autre agent pathogène menaçant : le virus Nipah (NI). Celui-ci possède des caractéristiques particulièrement préoccupantes qui pourraient en faire la source de la prochaine grande pandémie. Voici tout ce que vous devez savoir.

Le virus Nipah c’est quoi ?

Le virus Nipah est un virus zoonotique, ce qui signifie qu’il peut être transmis des animaux aux humains. Il a été identifié pour la première fois en 1999 lors d’une épidémie parmi les éleveurs de porcs en Malaisie et à Singapour. À l’époque, l’infection, du fait de sa très forte contamination et propagation, avait touché 300 personnes, entraînant le décès de plus d’une centaine des personnes infectées. Depuis 2001, le virus Nipah réapparaît presque annuellement au Bangladesh et a été plusieurs fois signalé dans l’est de l’Inde. De plus, une épidémie survenue en Malaisie, a entrainé la mort de 105 personnes.  Quant à Singapour, 11 cas d’infection ont été recensés et parmi eux, un a été fatal. Suite à ces drames, il y a eu la mise en place de mesures drastiques comprenant le sacrifice d’environ un million de porcs et la suspension des exportations de porcines vers Singapour.

Même si le nombre de cas humains de Nipah n’a pas été suffisamment élevé pour conclure de manière définitive à une augmentation de sa létalité, les taux de mortalité observés lors des flambées récentes au Bangladesh et en Inde se sont révélés supérieurs à ceux précédemment enregistrés en Malaisie et aux Philippines.

Mais qui est le virus Nipah ?

Il appartient à une catégorie de virus connus pour leur capacité à provoquer des maladies infectieuses graves chez l’homme et les animaux. Transmis à l’homme par des animaux infectés, souvent des chauves-souris frugivores en particulier celles du genre Pteropus, souvent appelées chauves-souris renards volants ou des porcs, il présente un taux de mortalité élevé et des symptômes allant de l’infection respiratoire légère à l’encéphalite aiguë.

Les analyses effectuées sur des chauves-souris ont identifié au moins deux variants du virus Nipah, désignés comme la souche malaisienne (qui a aussi été associée à l’épidémie survenue aux Philippines) et la souche bangladaise (associée aux flambées épidémiques au Bangladesh et en Inde). Les cas humains infectés par la souche malaisienne ont tendance à présenter des formes moins sévères de la maladie, avec une incidence accrue de cas subcliniques (où les individus infectés montrent peu ou pas de symptômes manifestes) et sans transmission interhumaine avérée.

Quels sont les symptômes du virus Nipah ?

Le virus Nipah provoque chez l’homme une gamme de maladies allant de l’asymptomatique (sans symptômes) à l’encéphalite aiguë (inflammation du cerveau) et aux troubles respiratoires sévères. Lorsque des symptômes apparaissent, ils se manifestent généralement de 5 à 14 jours après l’exposition au virus, mais cette période d’incubation peut aller jusqu’à 45 jours dans de rares cas.

L’ambiguïté des symptômes peut compliquer le diagnostic précoce, retardant ainsi l’application de stratégies de réponse rapides essentielles pour prévenir une épidémie. Le diagnostic peut être confirmé par un test PCR, qui détecte la présence du matériel génétique du virus, ou par la détection d’anticorps spécifiques au virus dans le sang.

Les symptômes du virus Nipah sont souvent non spécifiques, ce qui rend le diagnostic précoce difficile. Voici les plus fréquents :

  • Fièvre
  • Maux de tête
  • Douleurs musculaires (myalgie)
  • Vomissements
  • Mal de gorge
  • Vertiges
  • Fatigue

À mesure que la maladie progresse, les symptômes neurologiques peuvent devenir plus évidents et sévères, tels que :

  • Des signes d’encéphalite, comme la désorientation, la somnolence ou la confusion
  • Des symptômes neuropsychiatriques
  • Des convulsions
  • Coma

Dans les cas graves, le virus peut causer une encéphalite qui peut entraîner la mort ou des séquelles à long terme chez les survivants. Certains patients développent également des symptômes respiratoires aigus, y compris une toux, une difficulté à respirer, et dans les cas graves, une détresse respiratoire qui peut nécessiter une ventilation mécanique.

Compte tenu de ces symptômes graves cette maladie infectieuse attaquant le système immunitaire et du potentiel de transmission interhumaine, le virus Nipah est une préoccupation majeure pour la santé publique dans les régions où il est endémique et, potentiellement, à l’échelle mondiale en raison de la mobilité des populations.

Virus Nipah, un potentiel pandémique élevé

Dans un article publié le 29 octobre 2023 par The Atlantic, le Dr Benhur Lee, expert en virologie à l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai à New York (USA), attire l’attention sur le risque pandémique posé par les paramyxovirus dont le virus Nipah (NiV) fait partie. Ce vaste ensemble viral comprend 75 agents infectieux distincts, y compris les virus à l’origine des pathologies telles que la rougeole et les oreillons, et également le virus Nipah. Ce dernier est considéré comme particulièrement alarmant par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et a récemment été responsable du décès de deux individus dans le Kerala, en Inde, au mois de septembre et quatre infections ont été officiellement confirmées.

Le virus Nipahun sera-t-il  la prochaine pandémie ? Sachez qu’il est très dangereux car très contagieux de personne à personne, ce qui augmente la menace d’une éventuelle pandémie. Ce risque est d’autant plus sérieux que le virus Nipah présente un taux de mortalité qui varie de 40 % à 75 %, largement supérieur au taux de létalité d’environ 1 % attribué au Covid-19.

La communauté scientifique a identifié plusieurs caractéristiques du virus Nipah qui suscitent une inquiétude particulière :

  • Taux de mortalité élevé : contrairement à d’autres virus plus connus, le Nipah a un taux de létalité pouvant atteindre 75%.
  • Transmission interspécifique : le virus peut se transmettre de différentes espèces animales à l’homme, augmentant ainsi les risques de contagion.
  • Mutation et adaptation : la capacité de cet agent pathogène à muter lui permet de se transmettre entre humains.

Recherche et surveillance accrues

Les efforts pour comprendre, contrôler et lutter contre le virus Nipah se sont intensifiés par les autorités sanitaires mondiales. Les recherches se concentrent sur la surveillance épidémiologique, le développement de vaccins afin d’effectuer au plus vite une campagne de vaccination et de traitements antiviraux pour renforcer l’immunité, ainsi que sur la mise en œuvre de mesures de santé publique pour limiter la transmission (comme le lavage des mains ou la distance physique).

 

Sophie Madoun