En s’appuyant sur une mise en perspective philosophique, sociétale et juridique du concept de bien-être animal, cet avis propose une définition du bien-être animal prenant en compte l’évolution des connaissances scientifiques et synthétise les réflexions des experts sur les méthodes requises pour son évaluation. L’avis recense de nombreuses grilles d’évaluation cherchant à objectiver les conditions du bien-être animal et incite au développement d’outils spécifiques selon les espèces, les stades de développement, les conditions de l’environnement des animaux. Ce travail constitue la base essentielle qui définira le cadre des futurs travaux de recherche et d’expertise de l’Agence et sur laquelle l’Anses se fondera pour ses avis ultérieurs dans ce domaine.

 

Le bien-être des animaux qui vivent sous la dépendance des humains, animaux d’élevage, de compagnie, utilisés à des fins scientifiques, ou de zoo, prend une place de plus en plus importante dans notre société. Le thème du bien-être animal, qui est un sujet important et structurant pour l’Anses, est à la croisée de nombreuses influences parfois contradictoires, philosophiques et morales, scientifiques, technologiques et économiques, règlementaires et sociétales. Ces multiples approches influent sur la représentation du bien-être des animaux. L’Agence a donc estimé nécessaire de réaliser une réflexion approfondie sur la définition du bien-être animal qui servira de cadre à ses futurs travaux de recherche et d’expertise.

Dans l’avis qu’elle publie ce jour, une attention particulière a été portée aux bases scientifiques de la notion de bien-être, qui repose sur les caractéristiques psychiques des animaux, êtres sensibles et doués de différents niveaux de conscience.

L’Agence propose une définition du bien-être animal prenant en compte l’évolution des connaissances scientifiques dans une approche multidisciplinaire et synthétise les réflexions des experts qu’elle a mobilisés sur les méthodes requises pour son évaluation :

Le bien-être d’un animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal.

  • Le concept de bien-être s’applique à la dimension mentale du ressenti de l’animal dans son environnement. Il se place avant tout aux niveaux individuel (par opposition au groupe) et contextuel (chaque environnement impacte différemment l’individu). On détermine alors un niveau de bien-être pour un individu particulier dans un environnement donné. Ce positionnement ne vise pas à minimiser l’importance du groupe ; celui-ci fait partie de l’environnement de l’individu, au niveau duquel s’évalue le bien-être.
  • La dimension mentale porte l’attention sur le fait qu’une bonne santé, un niveau de production satisfaisant ou une absence de stress ne suffisent pas. Il faut aussi se soucier de ce que l’animal ressent, des perceptions subjectives déplaisantes, telles que la douleur et la souffrance, mais aussi rechercher les signes d’expression d’émotions positives (satisfaction, plaisir…). L’étude des comportements et de l’état physiologique et sanitaire de l’animal donne une vision intégrée de son adaptation à l’environnement et de son bien-être.
  • Un besoin est une exigence de survie et de qualité de vie liée au maintien de l’homéostasie et aux motivations comportementales. On peut citer par exemple la soif, le couchage, l’exploration de l’environnement, les interactions avec les congénères. La non-satisfaction d’un besoin entraine un état de mal-être et/ou de frustration pouvant induire des perturbations comportementales et/ou physiologiques (état de stress chronique par exemple) ainsi qu’un accroissement du risque de maladie.
  • Une attente est un processus mental généré par l’anticipation d’un évènement, auquel l’animal va se référer pour évaluer la valence de cet évènement, d’agréable à désagréable. Les attentes se traduisent par des réponses comportementales et physiologiques anticipatoires. Selon le niveau de satisfaction de ses attentes, l’individu ressent des émotions positives ou négatives. Les émotions négatives peuvent se traduire par des comportements de frustration ou de redirection. Cette notion d’attente chez l’animal, bien caractérisée en psychologie expérimentale, est encore difficile à cerner en pratique.

Si les actions humaines positives envers l’animal (la bientraitance) sont un préalable indispensable au bien-être des animaux, il est nécessaire cependant de se tourner vers l’animal pour s’assurer de l’efficacité de ces actions pour assurer son bien-être. Ainsi, la définition proposée reconnait la variation de l’état mental de l’animal en fonction de sa perception de la situation, ce qui laisse la possibilité d’évoluer en intégrant les nouvelles connaissances sur les états mentaux des animaux et en particulier sur leur niveau de conscience.

Le contenu de ces définitions est donc amené à évoluer avec le progrès des connaissances, en particulier dans le domaine des capacités mentales des animaux qui conditionnent leur perception et leur représentation de la situation.

Les mesures effectuées sur l’animal sont au centre des approches scientifiques et pratiques pour évaluer le bien-être.

L’avis souligne également que l’évaluation du bien-être des animaux nécessite une bonne connaissance, non seulement de la biologie des espèces concernées, y compris de leurs antécédents évolutifs, mais aussi des méthodes adaptées à cette évaluation

Ainsi, pour un usage pratique sur le terrain, les experts ont élaboré de nombreuses grilles d’évaluation avec des degrés de complexité variables. Il est en effet indispensable que des outils spécifiques soient développés selon les espèces, les stades de développement, les conditions de l’environnement. L’utilisation de plus en plus répandue d’outils d’évaluation sous forme de grilles donne ainsi une vision plus objective et plus précise de la situation vis-à-vis du bien-être des animaux, dépendant du contexte de leur rapport aux humains.

Cet avis de l’Anses dédié au bien-être animal constitue le fondement qui définira le cadre de ses futurs travaux de recherche et d’expertise et sur laquelle l’Agence se basera pour ses avis ultérieurs dans ce domaine.

 

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