Après une crise cardiaque, les patients diabétiques courent un plus grand risque d’insuffisance cardiaque et de décès que les patients non diabétiques. C’est ce qu’ont montré les résultats1 du registre FAST-MI présenté aujourd’hui au Congrès de l’ESC 2019 en partenariat avec le World Congress of Cardiology.

Selon l’investigateur principal, le professeur Nicolas Danchin de l’Hôpital européen Georges Pompidou de Paris (France) : « Les résultats soulignent l’importance de prévenir le diabète grâce à de meilleurs modes de vie, et notamment d’éviter l’obésité et le surpoids par le biais d’une alimentation saine et une activité physique. Chez les patients diabétiques, et en particulier ceux atteints de coronaropathie ou ayant subi une crise cardiaque, nous avons besoin de traitements permettant de réduire la glycémie et le risque d’insuffisance cardiaque. »

Le diabète est un problème de santé publique croissant. Une glycémie élevée attaque lentement les parois des artères et facilite les dépôts de cholestérol. Les plaques riches en lipides qui en résultent peuvent bloquer les artères du cœur, du cerveau et des jambes, augmentant ainsi les risques de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et de claudication avec une amputation possible.

En théorie, des taux de glycémie élevés peuvent nuire à la capacité des cellules cardiaques de se contracter et de propulser le sang dans tout le corps, entraînant alors une insuffisance cardiaque. Cependant, le risque accru d’insuffisance cardiaque en cas de crise cardiaque chez les patients diabétiques n’a pas fait l’objet d’études approfondies.

L’étude a utilisé les données d’enquêtes nationales menées en France entre 2005 et 2015 auprès de 12 660 patients hospitalisés pour une crise cardiaque. Les chercheurs ont analysé si les patients diabétiques étaient plus susceptibles que les patients non diabétiques de développer une insuffisance cardiaque pendant leur séjour à l’hôpital et l’année suivante. Chez les patients diabétiques, ils ont comparé la mortalité sur cinq ans chez ceux réadmis pour insuffisance cardiaque non fatale au cours de l’année suivant leur crise cardiaque à la mortalité de ceux n’ayant pas développé d’insuffisance cardiaque.

Près de 25 % des patients hospitalisés pour un infarctus aigu du myocarde au cours de la période de dix ans étaient atteints de diabète connu (3 114 sur 12 660 patients). « Ce chiffre correspond à ce que la plupart des cardiologues ont découvert chez leurs patients touchés par une crise cardiaque et illustre à quel point le diabète est répandu », a déclaré le professeur Danchin.

Au cours de l’hospitalisation pour infarctus du myocarde, 32 % des patients diabétiques ont développé une insuffisance cardiaque, contre 17 % des patients non diabétiques. Après ajustement pour tenir compte d’autres facteurs pouvant causer une insuffisance cardiaque, les diabétiques présentaient un risque 56 % plus élevé que ceux ne présentant pas d’insuffisance cardiaque.

De même, chez ceux qui ont survécu à la crise cardiaque, 5,1 % des patients diabétiques ont été hospitalisés pour insuffisance cardiaque non fatale l’année suivante, contre 1,8 % des patients non diabétiques. Après ajustement, cela équivaut à un risque accru d’insuffisance cardiaque de 44 % chez les personnes atteintes de diabète.

Enfin, parmi les patients diabétiques en vie un an après leur crise cardiaque, 56 % des patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque au cours de cette année sont décédés au cours des quatre années suivantes, contre 21 % parmi ceux sans insuffisance cardiaque. Après ajustement, cela représente un risque de mortalité sur cinq ans, plus élevé de 73 % pour les patients insuffisants cardiaques. Ce risque accru est particulièrement marqué chez les patients diabétiques nécessitant de l’insuline.

« Notre étude montre que le diabète est associé à un risque considérablement accru de développer une insuffisance cardiaque après une crise cardiaque. En outre, les patients diabétiques qui développent une insuffisance cardiaque l’année suivant une crise cardiaque courent un risque beaucoup plus élevé de mourir dans les années suivantes », a ainsi commenté le professeur Danchin.

Et celui-ci de conclure : « Il faut redoubler d’efforts pour prévenir le diabète. En outre, un meilleur suivi est nécessaire pour les patients diabétiques ayant une crise cardiaque afin d’éviter l’insuffisance cardiaque et ses conséquences néfastes à long terme. »