Triste journée. Bernard Pivot nous a quitté à l’age de 89 ans. Et avec lui, toute une période s’en va. D’où une question : Comment la France a-t-elle pu passer de Pivot à Hanouna ?

 

Comment la France a-t-elle pu de Pivot à Hanouna  ? Titre qui n’a guère de sens, à priori, tant les différences sont abyssales. Néanmoins, la question de ce changement d’époque se pose. De ce nivellement par le bas alimenté par les sottes émissions télévisuelles, les chaines d’informations, de radios et journaux partisans pro extrême droites, la religion des complotistes qui pullulent sur la toile, les imbéciles post des réseaux sociaux,… Bref, tout cela est bien la preuve du délitement de la société populiste française.

 

Pivot remplacé par Hanouna ?

 

 

C’est triste à dire mais de 1975 à 2004 (dates des émissions diffusées à l’antenne de Bernard Pivot), les classes moyennes souhaitant intellectuellement s’élever ne maquaient jamais Apostrophe puis Bouillon de Culture. Pour rendre la culture accessible à tous, les enseignants incitaient les parents à faire regarder ces émissions à leurs enfants. 2 millions 1/2 de personnes se retrouvaient devant le petit écran pour y voir Jean d’Ormesson, Simone De Beauvoir, Soljenitsyne, Ionesco, Simone Veil,  Modiano,  Bukowski, ,… Bon, Hanouna à 1 million de personnes en moins avec son TPMP (Touche pas à mon Poste)  mais il est en pôle position dans cette « case » télévisuelle. Et, oui, les français le préfèrent à des animateurs comme Anne-Elisabeth Lemoine et Yann Bartès (pas réunis, heureusement !). Triste France. Les téléspectateurs aiment à écouter des faits divers et de pseudos analyses sociétales ou politiques au ras des pâquerettes ; désolée pour le pléonasme.

Pour ceux qui l’ont oublié, avant, c’est à dire dans les années 70 jusqu’aux années 2000 (soyons indulgent avec nos compatriotes même si factuellement nous devrions retirer quelques années), il y avait une vraie culture populaire. Une culture ouvrière. Un besoin viscéral d’apprendre. De se cultiver. Voyez, mis à part les émissions de Bernard Pivot, celles de Jacques Chancel et son formidable Grand ÉchiquierRadiocopie sur France Inter où la Culture au sens large nous était offerte avec grâce et intelligence. Heureusement,Delphine Ernotte a fait revivre l’émission sur France 2 avec Anne-Sophie Lapix et maintenant Claire Chazal en maitresses de cérémonie. Mais l’audience de médiamétrie n’est nullement comparable à ce cher « Baba« . Hanouna qui, lui, a tout compris. Compris qu’il fallait faire le pitre pour faire passer des idées. Compris qu’il fallait de la provocation et de l’humour crasse pour faire de l’audience avec des chroniqueurs plus caricaturaux les uns que les autres (un rôle ?!). Qu’il fallait se mettre au niveau des « petites gens » pour les détendre et faire de l’argent. Le nœud de la guerre.

Alors pour nous consoler, il nous reste La Grande Librairie avec le talentueux Augustin Trapenard, Quotidien sur TMC,, C à vous sur France 5  (et d’autres émissions diffusées sur France Télévisions), toutes les émissions d’Arte, la radio avec France Culture en tête ainsi que France Inter (heureusement que Radio France est là), les Grands Magazines et surtout LES LIVRES.

Pour celles et ceux qui souhaitent revoir ou découvrir ces émissions cultures de Monsieur Benard Pivot rendez-vous sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA)  :

Apostrophe

Bouillon de Culture

 

 

Au secours, je suis entourée par les complotistes !

 

 

Sophie Madoun