Suite aux annonces de la Première Ministre, Élisabeth Borne du 1er juin une voie prometteuse vers l’établissement d’un véritable service public de la petite enfance est en marche. L’objectif est de garantir à chaque enfant un accès aux modes d’accueil en renforçant leur disponibilité, tout en maintenant des normes de qualité élevées et en rétablissant l’attrait des métiers liés à la petite enfance. L’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité rappellent donc l’importance de prendre des mesures concrètes dans ce sens, et ont formulé plusieurs recommandations en conséquence. Explications.

L’établissement d’un véritable service public de la petite enfance constitue un enjeu majeur pour garantir un accès équitable et de qualité aux modes d’accueil des jeunes enfants. Les récentes annonces de la Première Ministre semblent apporter des orientations prometteuses dans cette direction, mettant l’accent sur l’accessibilité, la qualité des services et l’attractivité des métiers de la petite enfance. Toutefois, l’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité soulignent l’importance de soutenir ces annonces par des moyens adéquats et une approche méthodique pour les concrétiser efficacement. Dans cette optique, nos organisations ont formulé plusieurs recommandations essentielles, qui visent à garantir la traduction concrète des intentions en actions tangibles.  Voici ces recommandations et leur rôle crucial dans la construction d’un service public de la petite enfance véritablement accessible et de qualité.

Les orientations souhaitables pour un véritable service public de la petite enfance

Le récent rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a révélé des disparités significatives en termes de qualité d’accueil pour les jeunes enfants, soulignant ainsi l’urgence de repenser le système de prise en charge et d’accueil. Dans cette perspective, il est essentiel de placer le développement et la sécurité affective de l’enfant comme objectif prioritaire du futur Service public de la petite enfance. Cependant, les annonces faites jusqu’à présent ont été avares en détails quant aux moyens prévus pour ce chantier d’envergure. Face à cela, l’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité rappellent l’importance de ne pas compromettre la qualité des modes de garde lors du renforcement de leur accessibilité. L’intérêt supérieur de l’enfant doit toujours être mis en avant, garantissant ainsi un accompagnement de qualité pour chaque enfant et ses parents.

Renforcer l’accessibilité et garantir un mode d’accueil pour chaque jeune enfant

Il est essentiel de garantir une accessibilité inconditionnelle des modes de garde, ce qui implique d’augmenter en premier lieu la capacité d’accueil sur l’ensemble du territoire, en mettant l’accent sur les zones qui manquent d’offres. L’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité saluent donc la volonté de créer 200 000 places d’accueil supplémentaires d’ici 2030. Une attention particulière doit être accordée aux territoires ultra-marins, qui sont particulièrement déficitaires en termes d’offres de garde formelle.

Cependant, un tel objectif ne peut être atteint sans un renforcement de l’attractivité des métiers de la petite enfance pour lutter contre la pénurie de professionnels. Cela nécessite notamment une revalorisation des salaires, une amélioration des conditions de travail et une meilleure reconnaissance des professionnels, en particulier de leurs missions sociales et éducatives qui sont essentielles. L’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité suivront attentivement la mise en œuvre des propositions du Comité de filière petite enfance et du Haut conseil du travail social.

Il est également crucial de favoriser l’accueil des enfants en situation de précarité. Selon le récent rapport du CREDOC, fin 2018, seules 24% des familles vivant sous le seuil de pauvreté avaient recours à des modes d’accueil formels, contre 52% pour la population générale. Face à de telles inégalités, l’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité recommandent de revaloriser le bonus « mixité sociale », de réviser les critères d’attribution des places en crèche et de réformer le modèle économique des établissements d’accueil du jeune enfant. Cela permettrait d’assurer des financements socles et durables, plutôt que de s’appuyer principalement sur une tarification à l’activité, et de mettre en place des projets volontaristes pour accueillir les enfants en situation de précarité.

« L’accès aux modes d’accueil du jeune enfant constitue un puissant levier de prévention des inégalités et favorise la conciliation de la vie familiale et professionnelle. Le futur Service public de la petite enfance doit donc être pensé en cohérence avec la politique du gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion », déclare Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.

Assurer la disponibilité de modes d’accueil de qualité pour tous les jeunes enfants

L’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité soulignent l’importance de promouvoir le développement d’un travail partenarial entre les différents acteurs impliqués dans l’accueil et l’accompagnement des enfants et des familles. Cela comprend notamment les professionnels de la petite enfance et ceux œuvrant dans le secteur de la lutte contre l’exclusion. En favorisant une collaboration étroite entre ces acteurs, il devient possible de créer des synergies, de partager des connaissances et des bonnes pratiques, et de mettre en place des approches globales et coordonnées pour répondre aux besoins complexes des enfants et des familles. Cette démarche partenariale permet de renforcer l’efficacité des interventions et d’assurer une meilleure cohérence dans la prise en charge, garantissant ainsi des résultats plus positifs pour tous.

« Les dispositifs de lutte contre le non-recours aux modes de garde doivent être urgemment déployés en renforçant la visibilité et le maillage territorial des relais petite enfance et en développant les pratiques d’aller-vers les familles ainsi que les solutions d’accueil intermédiaires. » déclare Pascal Brice, Président de la Fédération des acteurs de la solidarité.

Pour concrétiser cette approche, il est essentiel de mobiliser des financements pérennes. À cet égard, la création du fonds d’innovation de la petite enfance, doté de 10 millions d’euros et annoncé par la Première Ministre, pourrait répondre à ce besoin. Ce fonds constituerait une ressource précieuse pour soutenir des projets novateurs visant à améliorer l’accueil et l’accompagnement des jeunes enfants et de leurs familles. En allouant des ressources financières adéquates, ce fonds permettrait de stimuler l’innovation, de soutenir des initiatives prometteuses et d’expérimenter de nouvelles approches pour renforcer la qualité des services offerts. Ainsi, la création de ce fonds d’innovation ouvre des perspectives encourageantes pour le secteur de la petite enfance et pourrait contribuer à la réalisation des objectifs ambitieux fixés pour le service public de la petite enfance.

 

Notes :

La capacité d’accueil varie fortement d’un territoire à l’autre : elle se situe entre 10,7 places pour 100 enfants en Guyane et 87,6 places pour 100 enfants en Haute-Loire (Observatoire national de la petite enfance, L’accueil du jeune enfant en 2020, 2021)

 

 Le « bonus mixité sociale » consiste soutenir les structures accueillant des enfants issus de familles en situation de précarité en compensant le manque de recettes observées par ces mêmes structures.

 

UNICEF