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Des chercheurs Inra, Inserm, AP-HP et UPMC viennent d’identifier une protéine sécrétée par la bactérie Faecalibacterium prausnitzii, qu’ils ont appelé MAM – Microbial Anti-inflammatory Molecule – et qui joue un rôle actif dans la lutte contre l’inflammation intestinale. Publiée dans la revue Gut, cette découverte constitue un pas décisif dans le développement d’une nouvelle stratégie thérapeutique pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Si l’action de F. prausnitzii contre l’inflammation intestinale a été révélée tout récemment par cette même équipe, leurs travaux vont aujourd’hui encore plus loin.

 

Il y a quelques années, les scientifiques ont montré que la bactérie intestinale Faecalibacterium prausnitzii, avait tendance à diminuer dans l’intestin de l’Homme à l’apparition des maladies inflammatoire chroniques de l’intestin (MICI), telles que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique. Ils ont également mis en évidence que cette bactérie sécrète une ou plusieurs molécules possédant des propriétés inflammatoires permettant de lutter contre les MICI. L’identification de molécules produites par F. prausnitzii constituerait une avancée cruciale et c’est désormais chose faite grâce à une équipe de l’Inra, de l’Inserm, de l’AP-HP et de l’UPMC.

En utilisant des techniques de biochimie et de spectroscopie de masse, les chercheurs ont découvert plusieurs molécules (des peptides) appartenant à une seule et même protéine de F. prausnitzii qu’ils ont appelée MAM pour Microbial Anti-inflammatory Molecule. Ils ont d’abord démontré que l’ajout de MAM dans des modèles cellulaires diminuait les marqueurs de l’inflammation de l’intestin.

Une inflammation réduite de l’intestin grâce aux bactéries

Ils ont ensuite décrit l’efficacité de la protéine MAM dans un modèle souris de MICI. En particulier, les souris protégées par la présence de MAM perdent moins de poids que les souris non-protégées. Les chercheurs ont également montré que cette protéine MAM agit en diminuant certaines des molécules du système immunitaire de la muqueuse intestinale provoquant l’inflammation.

Les bactéries que nous hébergeons seraient vraisemblablement actrices de notre santé par l’intermédiaire des mêmes stratégies que celles utilisées dans le milieu médical.

Dès qu’il y a une inflammation intestinale, la diminution de la présence de F. prausnitzii aggrave donc la pathologie. Afin d’entraver ce cercle vicieux conduisant à l’inflammation chronique du tractus digestif, les scientifiques envisagent de restaurer la présence de F. prausnitzii.

Utiliser des pérbiotiques ou des probiotiques pour arrêter l’inflammation

Les moyens pour y parvenir sont multiples : utiliser de nouveaux compléments alimentaires contenant la bactérie (probiotiques) et/ou des molécules qui favorisent le développement de la bactérie (prébiotiques). La découverte et la caractérisation de la protéine MAM permet aussi maintenant d’envisager sa production et son utilisation éventuelle comme molécule active par l’industrie pharmaceutique. Cette étude qui vient enrichir les connaissances fondamentales dans le domaine de la microbiologie des bactéries intestinales est aussi à l’interface de nouvelles applications industrielles et médicales.

Référence

E. Quévrain, M. A. Maubert, C. Michon, F. Chain, R. Marquant, J. Tailhades, S. Miquel, L. Carlier, L. G. Bermúdez-Humarán, B. Pigneur, O. Lequin, P Kharrat, G. Thomas, D. Rainteau, C. Aubry, N. Breyner, C. Afonso, S. Lavielle, J.-P. Grill, G. Chassaing, J. M. Chatel, G. Trugnan, R. Xavier, P. Langella, H. Sokol, P. Seksik. Identification of an anti-inflammatory protein from Faecalibacterium prausnitzii, a commensal bacterium deficient in Crohn’s disease. Gut, 4 juin 2015 – doi:10.1136/gutjnl-2014-307649

Inra