Les progrès thérapeutiques en oncologie permettant un allongement de l’espérance de vie et une  meilleure qualité de vie, la question du maintien de l’emploi pendant la durée d’un traitement est donc  de plus en plus posée. Quelles sont les motivations (et les freins) des patientes et des médecins ?  Comment la question du maintien de l’activité professionnelle est-elle abordée en consultation ?

CANCER DU SEIN-www.santecool.netOn estime que plus de 48 800 nouveaux cas de cancers du sein ont été diagnostiqués en 2012 en France. Parmi les femmes touchées, plus de 26 000 étaient âgées de moins de 65 ans et donc susceptibles d’exercer une activité professionnelle.i

Cancer du Sein : 31% des femmes qui souhaitent continuer à travailler pendant leur traitement y parviennent sans interruption

Les oncologues interrogés par l’Observatoire Calista* estiment que  22% de leurs  patientes actives traitées pour un cancer du sein souhaitent continuer à travailler pendant la durée de leur traitement  (soit 9% des femmes suivies pour un cancer du sein en France).

Les médecins estiment par ailleurs que, parmi ces patientes, 55% arrivent à continuer à travailler mais dans la réalité elles ne sont que 31% a déclarer y parvenir sans interruption.

La grande majorité des femmes (96%) désirant maintenir leur activité professionnelle pendant le traitement déclarent être satisfaites de leur poste : 63% en sont très satisfaites et

33% plutôt satisfaites. Cependant, 44% d’entre elles estiment que la pathologie aura un impact sur l’évolution de leur carrière (très important pour 15% et important pour 29%).

Souhaiter continuer à travailler malgré le traitement : une raison financière pour les  médecins et symbolique pour les patientes

Contrairement à ce que s’imaginent les praticiens, la question du maintien à l’emploi est principalement abordée à l’initiative de la patiente : 36 % des médecins pensent avoir initié la question du travail avec leurs patientes alors que seulement 13 % des patientes ont la perception que cette question a été à l’initiative du médecin.

Pour les médecins, la principale raison du souhait de maintenir une activité professionnelle est d’ordre financier (56 % des médecins et contre seulement 9 % des patientes) alors que, pour les patientes, la principale raison est de continuer à vivre normalement (42 % des patientes). Les médecins estiment que les patientes souhaitent conserver leur emploi  par obligation dans 65% des cas alors qu’en fait seules 30% d’entre elles déclarent être obligée de le faire.

Par ailleurs, les médecins sont plus souvent inquiets que leurs patientes des difficultés qu’elles pourront rencontrer dans leur travail (92 % des médecins versus 66 % des patientes). Ils ont tendance à surestimer les inquiétudes des patientes face au maintien de leur activité professionnelle.

D’après les oncologues, les 4 critères jugés les plus importants pour le maintien d’une activité professionnelle sont : la motivation à travailler (94%), la prise en compte des effets secondaires du traitement (92%), la pénibilité du poste occupé (89%) et le type d’emploi (89%).

Une majorité de patientes désirant continuer à travailler expriment une attente forte d’information de la part de leur oncologue sur la question du maintien de l’activité professionnelle. Pour 86% des patientes, l’information sur l’existence d’aménagements durant le maintien de l’activité est importante, pour 76% d’entre elles, la remise de documents d’informations est attendue. L’analyse en miroir montre que moins de 50% des médecins peuvent répondre aujourd’hui à cette attente

* résultat de l’enquête nationale réalisé par Calista en miroir réalisée par Kantar  Health auprès de 97 oncologues libéraux et 216  patientes atteintes d’un cancer du sein  désireuses de continuer à travailler pendant leur traitement.

i – Estimation nationale de l’incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012. Partie 1 – Tumeurs solides – mise en ligne juillet 2013 http://www.e-cancer.fr/publications/69-epidemiologie/696-estimation-nationale-de-lincidence-et-de-la-mortalite-par-cancer-en-france-entre-1980-et- 2012-partie-1-tumeurs-solides