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Connaissez-vous le quinoa? Son histoire? Ses multiples bienfaits pour notre santé? (re)découverte de cette fabuleuse plante!

 

1980. Caractérisée par sa capacité à pousser dans les conditions climatiques extrêmes, la quinoa est également reconnue pour ses qualités nutritionnelles. Elle est considérée comme une alternative aux céréales traditionnelles (riz, blé, maïs…) pour des populations en situation d’insécurité alimentaire.

Les chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et leurs partenaires français etboliviens étudient la quinoa depuis plus de 20 ans. Leurs recherches portent notamment sur les capacités d’adaptation de la quinoa à des environnements extrêmes et sur les conditions nécessaires au développement d’une agriculture durable.

La quinoa, graine d’or des Andes

La quinoa. Exploitation des ressources en Bolivie.La quinoa (Chenopodium quinoa) appartient à la famille des chénopodiacées (comme la betterave ou les épinards). Domestiquée en Amérique du Sud, aux confins du Pérou et de la Bolivie il y a près de 7 000 ans, la quinoa est une culture traditionnelle, base de l’alimentation des peuples Quechuas et Aymaras des hauts plateaux andins, mais aussi des populations du littoral chilien.

Plante multicolore (la tige, les feuilles, les épis et les grains peuvent être verts, orange, roses, rouges, pourpres…), la quinoa est connue pour ses grandes qualités nutritionnelles : elle est en effet riche en  /

– protéines,

– minéraux essentiels,

– lipides,

– antioxydants

– vitamines,

– équilibrée en acides aminés et sans gluten.

Considérée comme une « pseudo-céréale », elle se consomme sous forme de graines (entières ou soufflées), de farine ou de flocons. Ses feuilles sont également comestibles.

L’exceptionnelle rusticité de la quinoa

Présente de 0 à 4 200 mètres d’altitude, la quinoa peut se développer à quasiment toutes les latitudes et dans des conditions climatiques très diverses. Cette distribution particulièrement ample est due à sa grande diversité génétique, qui se manifeste notamment par une multiplicité de variétés cultivées : le seul groupe de la Quinoa Real compte ainsi entre 20 et 50 variétés locales. La quinoa est l’une des rares plantes cultivées capables de donner une production significative dans les secteurs les plus arides et froids de l’Altiplano. Entre 3 600 et 4 200 mètres d’altitude, ces hauts plateaux enserrés au cœur de la cordillère des Andes sont soumis à des conditions extrêmes : les sols y sont pauvres, l’eau rare, et le froid, le gel et le vent sévissent presque tout au long de l’année.

Les chercheurs de l’IRD et leurs partenaires boliviens se sont intéressés aux spécificités biologiques de la quinoa, qui lui permettent de pousser en abondance dans ces conditions. Leurs études ont démontré que la diversité des plants de quinoa était salvatrice pour ces cultures. Ces plants, aux conditions de culture non standardisées, poussent à des tailles variées. Ainsi, par un « effet d’abri », les plants les plus grands protègent du gel les plants les plus petits.

Par ailleurs, la quinoa s’avère remarquablement résistante à la sécheresse. En début de cycle, cette plante peut tenir jusqu’à trois mois sans eau. De plus, la faible teneur en eau des feuilles permet de retarder leur congélation. Pour survivre, la quinoa stoppe la croissance de ses tiges, les racines se fortifient et explorent rapidement le sol à la recherche d’eau en profondeur. Lorsque l’alimentation en eau redevient normale, elle récupère rapidement et totalement son activité physiologique.

Cette plante est donc capable de pousser « seule », sans traitement particulier. Cette rusticité permet aux producteurs de quinoa de s’absenter pour pratiquer en ville des activités non agricoles, et ne revenir aux champs que pour les labours, les semailles et la récolte. La quinoa constitue ainsi une opportunité exceptionnelle pour les habitants des régions andines de tirer de leurs terres non seulement un produit de subsistance mais aussi une plus-value économique, malgré des conditions de sol et de climat très difficiles.

Les paradoxes de la quinoa

La quinoa. Exploitation des ressources en Bolivie.Cultivée uniquement pour la consommation locale des populations andines il y a quarante ans, la quinoa est rapidement devenue un produit apprécié en Amérique du Nord et en Europe à partir des années 1980, grâce à l’essor de la consommation « bio » et du commerce équitable.

Entre les années 1970 et 2000, la production annuelle de quinoa est ainsi passée de 9 000 à près de 23 000 tonnes en Bolivie, pour répondre à l’augmentation de la demande extérieure. Dans le même temps, la superficie cultivée dans l’Altiplano Sud s’est étendue de plus de 200 %. Actuellement, cet accroissement permet à la Bolivie d’exporter environ deux tiers de sa production de quinoa.

En quelques années, les agriculteurs de l’Altiplano Sud sont donc passés d’une agriculture de subsistance entièrement manuelle à une production commerciale en partie mécanisée, opérant ainsi une véritable révolution agricole.

La forte augmentation de la demande a également eu une incidence sur les prix de la quinoa, qui sont passés de 890 à 2 100 euros la tonne entre 2007 et 2008. Le niveau de vie des producteurs a ainsi augmenté et repose sur un marché qu’ils dominent largement et sur des ressources en terres et en semences dont ils gardent jusqu’à présent le contrôle. Cette nouvelle source de revenus évite à des milliers de familles de l’Altiplano andin un exode définitif vers les villes ou l’étranger.

Prudents, les producteurs de quinoa n’ont pas pour autant délaissé l’artisanat, le commerce, le secteur public ou les transports, autant d’activités non agricoles qu’ils développent maintenant dans les bourgs et les villes proches des communautés rurales. Cette stratégie ancestrale de gestion des risques au niveau de l’économie familiale dynamise ainsi le développement régional.

Malgré les succès de la quinoa, les chercheurs soulignent les risques d’altération de la durabilité du système agricole : l’expansion des champs de quinoa accentue en effet les risques agro-climatiques, augmente la pression sur les ressources naturelles, exacerbe les conflits d’accès aux terres et dégrade le lien communautaire (cf. ressources disponibles/fiche d’actualité scientifique).

Désormais conscients de la vulnérabilité de leur source de revenus, les producteurs boliviens cherchent à rénover la gestion collective des ressources locales en vue d’assurer la durabilité de leur agrosystème.