Ça y est, c’est voté ! D’ici 2022, les pesticides seront interdits dans les espaces verts et les jardins privés. Les Experts Jardins, professionnels du paysage engagés dans la préservation de la biodiversité et l’utilisation de techniques alternatives, proposent des solutions d’entretien durables. Pour en savoir plus, suivez nos conseils !
Maîtriser les techniques de « bio contrôle » : un travail de pro
Grâce à la loi votée par le Parlement jeudi 23 janvier, l’emploi des produits phytosanitaires, plus couramment dénommés « pesticides », va être progressivement interdit. Deux échéances ont été fixées : 2020 pour les espaces verts publics et 2022 pour les jardins particuliers. Objectifs : limiter leur impact sur la santé des usagers et préserver la biodiversité de la faune et de la flore.
Une démarche vertueuse qui figure déjà dans les engagements des 2 000 Experts Jardins de France, aux côtés de l’économie d’eau, la réintroduction de la biodiversité et la valorisation des déchets verts. La gestion raisonnée des pesticides les a conduits à développer une expertise des techniques alternatives de « bio contrôle ».
Pour faire de son jardin un havre bio « zéro pesticide » en 3 étapes, suivez les conseils des Experts Jardins !
1. Oubliez le jardin « zéro défaut »
Pour amorcer dans de bonnes conditions le virage « 100% naturel » donné à nos jardins et espaces verts, il faut changer notre regard sur ces derniers, ne pas chercher la perfection au brin d’herbe près mais lui préférer ce que les professionnels appellent une gestion « différenciée ».
Rémi Empisse, Expert Jardins près de Calais, explique : « Il faut repenser sa philosophie du jardin, au lieu de vouloir tondre l’intégralité d’une pelouse, pourquoi ne pas jouer sur les volumes en créant une zone de « prairie » au fond de son terrain? Tondue moins souvent, la prairie permet la création d’un carré sauvage propice à la biodiversité… et pourquoi pas à une petite partie de cache-cache ! ».
« Au-delà de la fréquence, le type de tonte est également important : les tontes à raz favorisent l’apparition de la mousse et de certains adventices comme le pissenlit. Pour l’éviter, on préfèrera une tonte haute et une aération du sol pour bien évacuer les eaux stagnantes. »
2. Les animaux et les insectes à la rescousse
Pour peu qu’on observe la faune de son jardin (même sur de petites surfaces), la nature elle-même s’avère une alliée de choc. Attirer certains prédateurs naturels des insectes « indésirables » peut même se révéler ludique : « Dans le cas où les chenilles deviennent trop nombreuses, je recommande l’installation de nichoirs à mésanges, afin d’offrir un habitat confortable à ces oiseaux. On fait ainsi du deux en un : gestion naturelle du jardin et renforcement de la biodiversité ! » Complète Rémi Empisse.
Les plus ambitieux pourront même opter pour l’éco-pastoralisme : « Depuis quelques années, je propose aux collectivités de la côté d’Opale d’installer sur leurs espaces verts des moutons. Ils entretiennent les zones difficiles d’accès et apportent un supplément d’âme à des espaces jusque-là délaissés.», raconte Rémi Empisse.
3. Remettez les vieilles recettes au goût du jour
Un entretien raisonné de son jardin se travaille dès la création de ce dernier : « Lors du choix d’une pelouse, on sélectionnera un gazon conforme à ses besoins, « résistant » si ce dernier doit servir de terrain de jeu par exemple. Les gazons plus fins, s’ils sont esthétiques, nécessitent plus d’entretien, ils sont donc plus consommateurs d’énergie et de produits. Donc polluants. » Conseille Rémi Empisse.
De nombreuses associations de plantes permettent une cohabitation profitable : « On peut citer la lavande, efficace contre les pucerons et que l’on placera à proximité des rosiers. Très appréciée des abeilles, la lavande permettra en outre de favoriser leur retour en ville ».
D’autres techniques « bio » viennent elles aussi au secours du jardinier du dimanche : « Un exemple très simplement réalisable : l’eau chaude – éventuellement vinaigrée – est souveraine contre les mauvaises herbes. La panoplie du jardinier moderne s’inspire des vieilles recettes de nos grands-mères, elles sont pourtant tout aussi efficaces et bien moins polluantes : à bon entendeur… »