Près de 6 % des Européens souffrent de dépression, avec des disparités marquées selon les âges et les régions. Découvrez les causes et les facteurs de risque.

 

La dépression est un trouble de santé mentale majeur qui touche 6 % de la population européenne selon l’enquête européenne sur la santé (EHIS). Ces chiffres, bien que préoccupants, cachent des disparités importantes entre les différentes régions et catégories de population. Pourquoi certains groupes sont-ils plus touchés ? Quels sont les facteurs de risque ? Et comment peut-on agir pour prévenir ce trouble ?

 

Pourquoi certains pays européens sont plus touchés que d’autres ?

Les disparités observées dans les taux de dépression en Europe s’expliquent par une combinaison de facteurs culturels, économiques, sociaux et liés à l’accès aux soins.

Dans les pays d’Europe du Nord, comme la Suède et le Danemark, les taux de dépression sont parmi les plus élevés, en particulier chez les jeunes. Ce phénomène peut s’expliquer par des niveaux d’isolement social plus importants. Les jeunes quittent souvent le domicile parental tôt (vers 21 ans), ce qui peut réduire leur réseau de soutien familial. Par ailleurs, l’usage intensif des réseaux sociaux dans ces pays contribue à une hausse des troubles liés à l’image corporelle, au cyberharcèlement et au stress social.

En Europe de l’Ouest, les taux de dépression sont élevés pour toutes les tranches d’âge. La France, par exemple, affiche un taux de 11 %, soit le plus haut de la région. Cette situation est liée à un mélange de pressions économiques, professionnelles et sociales qui affectent largement la population active.

Dans les pays d’Europe du Sud et de l’Est, les jeunes sont moins touchés, avec des taux de dépression souvent inférieurs à 3 %. Cela peut être lié à la prévalence des structures familiales solides, où les jeunes restent souvent chez leurs parents jusqu’à l’âge de 30 ans. Cependant, les seniors de ces régions sont plus vulnérables, avec des taux dépassant 12 %, en raison de la précarité économique et d’un accès limité aux soins de santé mentale.

Les seniors : une population à risque

Les seniors âgés de 70 ans et plus sont particulièrement touchés par la dépression, notamment dans les pays d’Europe du Sud et de l’Est. Plusieurs facteurs expliquent leur vulnérabilité :

La mauvaise santé joue un rôle clé. Être en mauvaise santé multiplie par trois les risques de dépression. En Europe de l’Est et du Sud, où les seniors rapportent fréquemment un état de santé précaire, ce facteur contribue largement à l’augmentation des taux de dépression.

Le veuvage est un autre facteur important. La perte d’un conjoint est un événement qui amplifie le risque de dépression, surtout chez les femmes. En Europe de l’Est, où les écarts d’espérance de vie entre hommes et femmes sont particulièrement marqués, les veuves représentent jusqu’à 50 % des seniors.

En revanche, un soutien social élevé peut jouer un rôle protecteur. Les seniors qui bénéficient d’un entourage proche voient leur risque d’être atteint de dépression réduit de manière significative. Par exemple, en Europe de l’Ouest, le soutien social peut réduire la probabilité de souffrir de dépression de 11 points.

Les jeunes : entre pressions modernes et isolement

Chez les jeunes de 15 à 24 ans, les taux de dépression varient fortement selon les régions. En Europe du Nord et de l’Ouest, les taux atteignent 14 % à 17 %, tandis qu’en Europe du Sud et de l’Est, ils restent souvent inférieurs à 3 %.

L’impact des réseaux sociaux est un facteur déterminant. Dans les pays où les jeunes quittent le domicile parental tôt et vivent souvent seuls, les effets négatifs de l’usage intensif des réseaux sociaux sont amplifiés. Les comparaisons sociales, les préoccupations liées à l’image corporelle et le cyberharcèlement contribuent à une augmentation des symptômes dépressifs, en particulier chez les filles.

À l’inverse, dans les pays méditerranéens et d’Europe de l’Est, où les jeunes vivent plus longtemps chez leurs parents, le soutien familial atténue ces effets négatifs.

 

Qu’est ce qu’un symptôme dépressif ?

L’humeur dépressive se traduit par un sentiment de tristesse, de vide ou de désespoir presque tous les jours. Ce n’est donc pas un simple coup de blues !  Il y a une diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour les activités autrefois appréciées. Des changements significatifs de l’appétit ou du poids peuvent survenir, tels qu’une perte ou un gain de poids non intentionnel. Les troubles du sommeil sont fréquents, que ce soit l’insomnie ou l’hypersomnie. On observe souvent une agitation ou un ralentissement psychomoteur perceptible par les autres. Une fatigue ou une perte d’énergie quasi constante est présente. Des sentiments de dévalorisation ou de culpabilité excessive peuvent émerger. Des difficultés à penser, à se concentrer ou à prendre des décisions sont courantes. Enfin, des pensées récurrentes de mort, des idées suicidaires ou des tentatives de suicide peuvent survenir.

Facteurs de risque communs

Certains facteurs de risque affectent toutes les catégories d’âge :

  • Mauvais état de santé : Être en mauvaise santé est l’un des principaux déterminants de la dépression. Chez les seniors, il peut multiplier par trois le risque, tandis que chez les jeunes, il augmente la probabilité de 26 points de pourcentage.
  • Isolement social : Les personnes isolées socialement sont beaucoup plus à risque de souffrir de dépression et de tristesse, de déprime. Les seniors veufs ou socialement isolés et les jeunes sans soutien familial proche sont particulièrement vulnérables.
  • Inactivité : Chez les jeunes, l’absence d’activité scolaire ou professionnelle est fortement associée à un risque accru de dépression.

 

Comment prévenir la dépression ?

Pour faire face à cette crise, des actions concrètes doivent être mises en place :

  • Renforcer les réseaux de soutien social, en encourageant les interactions intergénérationnelles et en aidant les seniors isolés.
  • Sensibiliser les jeunes à un usage responsable des réseaux sociaux pour limiter les effets négatifs comme le cyberharcèlement.
  • Faciliter l’accès aux soins de santé mentale, notamment dans les pays où ces services sont encore limités.

La lutte contre la dépression est un enjeu de santé publique essentiel. En comprenant mieux les disparités régionales et les facteurs de risque, il est possible de mettre en place des solutions adaptées pour soutenir les populations les plus vulnérables.