Votre enfant est-il victime de cyber intimidation ? Découvrez les signes avant-coureurs les plus courants pour savoir si votre enfant est victime de cyberharcèlement en ligne ?

Selon une étude réalisée par l’UNESCO1, 246 millions d’enfants et d’adolescents dans le monde sont victimes de violence ou de harcèlement à l’école, établissant un rapport direct avec les actes de cyberharcèlement. Une cyberviolence qui toucherait environ 12,5% des Français âgés de 6 à 18 ans2, soit près d’un million d’élèves chaque année. Mais pour savoir si votre enfant est victime de cyberharcèlement cela n’est pas une mince affaire! Car le constat est sans appel et, malgré l’ampleur du phénomène, parents, professeurs et institutions se sentent souvent démunis pour prévenir et lutter efficacement contre le harcèlement en ligne.

Un tiers des utilisateurs d’internet dans le monde a moins de 18 ans. Les jeunes sont désormais de plus en plus connectés aux réseaux sociaux et de plus en plus tôt : en France, 76 % des 12-17 ans en sont consommateurs3, Snapchat et Instagram en tête. Ainsi, 54% des adolescents affirment avoir fait l’objet de moqueries en ligne4et 42 % ont déjà été harcelés moralement sur Instagram, soit plus quesur Facebook (37 %), Snapchat (31 %), Whatsapp (12 %) et Twitter (2 %). Parmi les thèmes de prédilection des cyberharceleurs : l’apparence physique, les (bons)résultats scolaires, l’orientation sexuelle ou les croyances religieuses.

L’ intimidation en ligne n’est nullement un phénomène nouveau; le terme cyber intimidation ou cyberharcèlement a d’ailleurs été ajouté au dictionnaire Oxford en 2011. Cependant, comme la technologie intègre désormais presque tous les aspects de notre vie, la menace de harcèlement en ligne est de plus en plus répandue. Il est de plus en plus fréquent que les écoliers possèdent des smartphones, qui vont souvent de pair avec les comptes de médias sociaux. Cette hyper-connectivité combinée à l’anonymat qu’offre Internet signifie que les enfants sont de plus en plus des cibles à risque et savoir si votre enfant est victime de cyberharcèlement n’est pas chose aisée.

Le cyberharcèlement, un phénomène en pleine croissance

Des actes de harcèlement en ligne aux conséquences psychiques et même physiques qui peuvent s’avérer dramatiques : décrochage scolaire, anxiété, troubles alimentaires, repli sur soi, dépression ou même suicide. Mais pourquoi est-il si difficile de lutter contre ce fléau? Du fait d’un vide juridique certain en la matière à l’image du règlement général sur la protection des données (RGPD), resté muet sur ce problème de société. Même silence du côté de la plupart des géants du numérique tels que Google, Facebook, Twitteret autres dont la modération des propos haineux et discriminatoires reste encore approximative et inefficace. En conséquence, si la loi contre les violences sexistes et sexuelles votée en août 2018 introduit la notion de«cyberharcèlement en meute»dans le Code pénal afin de responsabiliser «tous les participants d’une attaque»et implique la participation des réseaux sociaux dans la lutte contre le harcèlement en ligne, les établissements scolaires se sentent désemparés face à l’augmentation de ces cyberviolences. Même constat auprès des familles: seuls 10 % des enfants victimes de cyberharcèlement osent en parler à leurs parents5.

Quelles solutions pour lutter contre les cyberviolences?

En l’absence de réponse officielle au niveau européen ou mondial, la lutte contre le cyberharcèlement doit nécessairement passer par l’éducation qu’elle soit au niveau du cercle familial, scolaire ou professionnel. Un accompagnement d’autant plus nécessaire que l’âge moyen auquel les enfants ont leur premier smartphone et s’inscrivent sur les réseaux sociaux ne cesse de chuter, l’entrée en 6eétant souvent considérée comme l’occasion de franchir le pas. Les plus jeunes doivent non seulement prendre conscience des risques qu’ils encourent sur le web mais également de la bonne conduite à adopter face à de tels comportements. En effet, la loi du 3 août 2018 a modifié l’article 222-33-2-2 du Code pénal6, qui offre désormais la possibilité de sanctionner celui qui est à l’origine du cyberharcèlement, mais également les relayeurs et auteurs de «likes».

Le harcèlement en ligne est continuellement signalé comme étant en hausse, et un parent sur trois dans le monde déclare connaître un enfant de son entourage qui a été victime de cyber harcèlement. Cette forme d’intimidation peut être encore plus dommageable que l’intimidation en personne et peut affecter les victimes longtemps après l’âge adulte. Cela dit, il n’est pas toujours facile de faire la distinction entre les problèmes courants de l’enfance ou de l’adolescence et les signes potentiels que votre enfant est victime de cyber intimidation. Pour vous aider et savoir si votre enfant est victime de cyberharcèlement, nous avons jeté un coup d’œil à plusieurs signes d’avertissement courants qui pourraient indiquer que votre enfant est la cible d’harceleurs en ligne.

Pourquoi les acteurs du numérique doivent s’engager?

Si la famille et l’école jouent un rôle primordial dans la prévention et dans la lutte contre le cyberharcèlement, les acteurs du numérique, en particulier des GAFAM, doivent eux aussi s’engager aux côtés du législateur. Si Facebook possède un portail de bonne utilisation des réseaux sociaux à destination des jeunes7, les plateformes numériques doivent investir davantage pour traiter rapidement et efficacement les signalements de harcèlement, dont beaucoup passent encore entre les mailles du filet. Et certaines initiatives existent déjà pour prévenir les cyberviolences à l’image deFamily WebCare qui permet notamment aux parents d’être alertés automatiquement,de signaler ensuite les faits aux instances publiques et de demander la suppression des contenus nuisibles. Pour agir efficacement, et avant qu’il ne soit trop tard, la lutte contre le cyberharcèlement passe nécessairement par une action globale et conjointe de l’ensemble des acteurs publics et privés.

Comment savoir si votre enfant est victime de cyberharcèlement ?

Changements physiques inexpliqués

La première chose à surveiller, ce sont les changements physiques perceptibles. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un signe certain de cyber intimidation, si votre enfant a soudainement perdu du poids ou de l’appétit, a de la difficulté à dormir pendant la nuit ou semble stressé le matin, il vaut la peine d’avoir une conversation pour savoir si tout va bien.

Évitement scolaire

De même, si votre enfant fait régulièrement semblant d’être malade pour éviter d’aller à l’école, cela pourrait aussi être un indicateur de problème. Presque tous les enfants se servent d’excuses pour quitter l’école de temps à autre, mais si cela devient une habitude ou si le temps libre devient long, il peut y avoir un problème plus grave, comme la crainte d’un conflit avec un harceleur.

Sautes d’humeur

Soyez à l’affût d’une nervosité perceptible, des sautes d’humeur soudaines et des réponses rapides à vos questions. Il peut s’agir de caractéristiques communément associées aux adolescents lunatiques, qui ne signifient pas nécessairement que votre enfant est harcelé, mais si les changements d’humeur s’accompagnent régulièrement de réactions irritantes et de réactions nerveuses, il est peut-être temps de vérifier si tout va bien. Les réponses telles que « ça va » ou « correct » ne doivent pas être considérées comme satisfaisantes par les parents – elles ne signifient pas toujours que tout va pour le mieux.

Perte d’intérêt

Un autre signe à surveiller est la perte d’intérêt pour un passe-temps ou une passion. Votre enfant aime jouer au football ou à la guitare, mais a soudain perdu tout intérêt ? Cela pourrait aussi être un signe que quelqu’un lui fait passer un mauvais quart d’heure. De même, si votre enfant commence à s’éloigner de sa famille et de ses amis, cela peut indiquer qu’il vit une situation difficile.

Abandon des médias sociaux

Enfin, méfiez-vous de votre enfant s’il quitte soudainement les médias sociaux. A une époque où les jeunes investissent beaucoup de temps dans le développement de leur présence numérique, notamment sur les réseaux sociaux, la suppression abrupte d’un compte devrait déclencher une alarme.

 

Pour conclure, il peut être très difficile – voire effrayant – pour les enfants de parler de leurs expériences ou d’admettre qu’ils sont victimes de harcèlement, c’est pourquoi il est important que les parents puissent savoir si leur enfant est victime de violence ou d’intimidation en ligne. Portez une attention particulière à l’état de santé de votre enfant et, au besoin, soyez prêt à lui à l’aider.

 

En cas de doute de cyberharcèlement, n’hésitez pas à contacter le numéro vert national Net Ecoute : 0800 200 000 (appel gratuit)

 

Sources :

1 Violence et harcèlement à l’école : rapport sur la situation dans le monde, 2017 –https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000246976

2 Rapport Unicef, 2014 –https://www.unicef.fr/article/adolescents-en-france-le-grand-malaise

3 Statista, 2018 –https://fr.statista.com/statistiques/480837/utilisation-reseaux-sociaux-france-age/

4 Rapport annuel réalisé par Ditch the Label, 2017 –https://www.ditchthelabel.org/wp-content/uploads/2017/07/The-Annual-Bullying-Survey-2017-1.pdf

5 Violence et harcèlement à l’école : rapport sur la situation dans le monde, 2017 –https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000246976

6 https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000037284450&categorieLien=id

7 https://www.facebook.com/safety/youth/