Les problématiques liées aux dérives sectaires dans le domaine de la santé sont croissantes. Comment les identifier et les prévenir pour garantir une prise en charge de qualité ?

La santé est l’un des domaines les plus sensibles de notre société. Elle touche à l’intégrité physique et mentale des individus. Pourtant, au fil des ans, nous constatons une augmentation des dérives sectaires dans le domaine de santé, qui peuvent avoir de lourdes conséquences pour les patients.

Les différentes formes de dérives sectaires dans le domaine de la santé

Le domaine de la santé est fondamental pour chaque individu, ce qui le rend vulnérable à diverses formes de manipulation, notamment par des mouvements sectaires. Ces groupes peuvent exploiter la détresse, la peur ou l’espoir des individus pour promouvoir des idées, des pratiques ou des produits qui ne sont ni validés scientifiquement, ni reconnus comme efficaces ou même sûrs.

La pandémie a fortement influencé la croissance des phénomènes sectaires. Un rapport récent de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), publié le 2 novembre, révèle une « augmentation notoire » des alertes à ce sujet.

Ainsi, en 2021, 4 020 cas ont été signalés à la Miviludes, soit une hausse de 33,6% par rapport à 2020 et de près de 50% par rapport à 2015. La spiritualité et la santé sont les domaines les plus affectés, avec des thérapies comme le reiki, le crudivorisme, la naturopathie, le yoga mises en avant pour leurs dérives.

Qui sont les gourous de la santé ?

Des groupes influents tels que l’Église de scientologie et les Témoins de Jéhovah côtoient désormais des mouvements plus insaisissables, dirigés par des « gourous modernes », illustrant une forme de sectarisme plus éthérée, selon la Miviludes. 744 des signalements de 2021 étaient liés au secteur de la santé.

70% des cas liés à la santé concernaient des thérapies non traditionnelles, comme le reiki ou la nouvelle médecine germanique. Ces approches ont gagné en popularité pendant la crise sanitaire, souvent au détriment de la médecine conventionnelle.

La Miviludes évoque la montée des « thérapeutes » auto-proclamés ou qui ont fait des stages en ligne ou de visu avec, là aussi des pseudos thérapeutes exploitant la vulnérabilité de ceux cherchant des soins alternatifs. L’organisation met notamment en lumière un prétendu « médecin moléculaire » condamné pour exercice illégal de la médecine après le décès de patients ayant suivi ses conseils.

Bien que toutes les thérapies alternatives ne soient pas forcément néfastes, la Miviludes s’alarme de la manipulation exercée par certains sur des individus vulnérables. Elle cite notamment Thierry Casasnovas, promouvant des régimes extrêmes, qui a été la cible de 54 signalements en 2021 et qui est désormais sous le joug de la justice.

Quelles sont les dérives sectaires observées dans le secteur de la santé ?

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Thérapies alternatives non validées

Certains mouvements sectaires prônent des traitements ou des thérapies qui n’ont pas fait l’objet de recherches scientifiques sérieuses. Ces « remèdes » peuvent être non seulement inefficaces, mais aussi dangereux.

Exemple : La promotion de cures de désintoxication basées sur des saunas et des vitamines, sans aucune preuve de leur efficacité.

Hostilité envers la médecine conventionnelle

Certaines sectes rejettent catégoriquement la médecine moderne, mettant en danger la santé de leurs membres en les décourageant de suivre des traitements médicaux éprouvés.

Exemple : Les groupes qui prônent le refus des transfusions sanguines pour des raisons religieuses.

Sur-médication et automédication

Face à l’augmentation des maladies chroniques et du stress, il est fréquent de voir des patients se tourner vers la médication comme solution miracle. De plus, l’automédication, encouragée par une accessibilité accrue à l’information, présente des risques majeurs.

Fraude et malversation

Exemple: En 2012, une affaire majeure a éclaté en France concernant le médicament Mediator. Ce médicament, initialement prescrit comme adjuvant au traitement du diabète, a été utilisé comme coupe-faim et a causé de graves problèmes cardiaques chez certains patients.

Exploitation financière

Les dérives sectaires dans le domaine de la santé peuvent pousser les individus à dépenser de grandes sommes d’argent pour des traitements, de la vente de médicaments contrefaits, des remèdes ou des formations sans valeur les fraudes dans le secteur de la santé prennent plusieurs formes et mettent en danger la vie des patients.

Exemple : Des stages coûteux pour apprendre des techniques de guérison par le jeûne, la pensée ou par l’énergie comme le Reiki.

Isolement des individus

Dans le but de contrôler leurs membres, certaines sectes les isolent de leur famille et de leurs amis, les convainquant que seules les croyances et les pratiques du groupe sont valables.

Contrôle mental et manipulation émotionnelle

Les leaders sectaires peuvent utiliser des techniques de manipulation pour renforcer la dépendance des membres à la secte. Cela peut inclure le renforcement de la peur des maladies, la promesse de guérisons miraculeuses ou la culpabilisation des maladies.

Exemple : Affirmer que la foi ou la force mentale suffit à guérir une maladie et que l’échec à guérir est dû à un manque de foi.

Usage de produits dangereux

Certains mouvements peuvent encourager la consommation de produits ou de substances qui sont nocifs pour la santé.

Atteinte à l’intégrité physique et mentale

Les pratiques proposées peuvent être intrusives, humiliantes ou traumatisantes, causant une détresse psychologique ou des dommages physiques.

Exemple : Des jeûnes extrêmes ou des rituels douloureux présentés comme des moyens de purification.

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 Les conséquences pour les patients et le système de santé

Des coûts augmentés

Les dérives entraînent des coûts supplémentaires pour le système de santé et, in fine, pour les contribuables. Qu’il s’agisse de traitements inappropriés ou de fraudes, l’addition est salée.

Une confiance érodée

Face à ces dérives, la confiance des patients envers le système de santé s’effrite. Cela peut les conduire à retarder ou éviter des soins nécessaires, avec toutes les conséquences que cela implique.

Exemple: Après le scandale du sang contaminé dans les années 80 et 90, où des patients ont reçu du sang infecté par le VIH, la confiance dans le système de santé français et la transfusion sanguine a été gravement érodée.

 Comment prévenir ces dérives ?

Une meilleure éducation des patients

L’information est clé. En éduquant mieux les patients sur les dangers potentiels et en leur donnant les outils pour distinguer les informations fiables des fausses, nous pouvons les aider à faire des choix éclairés.

Exemple: Des campagnes d’information comme celle de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la résistance aux antibiotiques visent à éduquer le public sur les dangers de l’automédication et de l’usage abusif d’antibiotiques.

Renforcer la réglementation

Il est essentiel d’avoir une réglementation stricte pour encadrer la pratique médicale et s’assurer que les soins dispensés sont basés sur des preuves scientifiques solides.

Encourager la déontologie

Promouvoir une éthique professionnelle forte parmi les acteurs de la santé est primordial pour garantir la qualité des soins et la sécurité des patients.

Exemple: Le Conseil National de l’Ordre des Médecins établit et fait respecter un code de déontologie médicale pour garantir la qualité des soins et la sécurité des patients.

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Si vous ou un de vos proches est victime d’un gourou contactez immédiatement La Miviludes !

 

 

Sophie Madoun