860 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer et dans 80% des cas, les malades sont agressifs. L’entourage ne sait comment agir. Le docteur Aurélie Mouton récompensée* pour sa recherche sur les troubles du comportement liés à la maladie nous aide à comprendre les raisons de cette agressivité et les moyens d’y faire face.

Sur quoi porte votre étude ?

Notre étude a pour objectif de définir les troubles intellectuels et les zones cérébrales impliqués dans l’agressivité chez les patient Alzheimer.

Que se passe-t-il dans le cerveau malade pour que l’agressivité survienne ?

On connait très mal les causes de l’agressivité dans la maladie d’Alzheimer, d’ou l’intérêt de l’étude que nous souhaitons mener.

 

D’après les hypothèses, il s’agirait soit :

d’une difficulté qu’a le malade d’inhiber ses comportements ce qui va entrainer l’apparition de comportements agressifs.

L’agressivité pourrait aussi être associée à une atteinte des capacités verbales ou des capacités d’interactions sociales.  En effet, des études ont montré des dysfonctionnements de certaines zones cérébrales chez les patients agressifs (région frontale ou temporale).

Mais les résultats restent contradictoires. Notre étude permettra d’apporter des éléments.

Le malade a-t-il conscience, après réaction, de ces soudaines agressions ? En souffre-t-il ?

Il n’y a pas d’étude sur le sujet, mais en pratique le plus souvent le patient oublie les gestes agressifs réalisés.

Est-ce un moyen pour lui de décompresser ?

Le plus souvent c’est une réaction du patient face à une frustration. C’est un geste non préparé, non réfléchi.

 

Y a-t-il une comorbidité entre accès d’agressivité et hallucinations ?

Les troubles des comportements perturbateurs concernent plus de 80 % des patients. Ils se manifestent, par exemple, par de :

l’opposition,

agitation,

agressivité,

désinhibition,

idées délirantes,

hallucinations.

Ces troubles comportementaux  sont fréquemment associés chez un même patient.

En cas d’agressivité physique ou verbale laisser le patient se calmer.

Comment l’entourage doit-il réagir ?

Les conseils pour éviter la survenue de comportements agressifs  sont les suivants :

créer un environnement rassurant.

Rester calme, patient.

Garder le contact avec le malade,

utiliser un discours clair,

parler face à lui,

éviter toute distraction (radio, télé) qui peuvent gêner la compréhension du malade.

 

Et s’il s’oppose à faire quelque chose ?

Il ne faut surtout pas le forcer,

Distrayiez le et réessayez plus tard.

 

Il est très important qu’il conserve son autonomie le plus possible. Son intimité doit être impérativement respectée. Par exemple, prévenez-le avant de lui faire un soin comme laver son visage ou toute autre partie du corps.

 

 

Est-ce que des anxiolytiques, antipsychotiques ou thymorégulateurs peuvent calmer le malade ?

La Haute Autorité de Santé, en 2009 , a établit que ces traitement peuvent effectivement être utilisés en dernier recours pour calmer le malade quand il existe une mise en danger de sa personne ou de l’entourage et que les techniques non médicamenteuses ne suffisent pas.

Mais aucun traitement spécifique n’a été validé dans l’indication de l’agressivité

N’y a-t-il pas un risque délétère de ces calmants ?

Les traitements ont effectivement des effets secondaires qui peuvent être graves. Notamment les neuroleptiques. Ils augmentent la mortalité et le risque d’AVC chez les sujets âgés. C’est pourquoi il faut les prescrire uniquement en derniers recours.

Le patient peut-il tout de même rester à son domicile ou ce trouble implique-t-il le placement dans une institution spécialisée ?

Ceci est à évaluer au cas par cas. Dans la mesure du possible maintien au domicile est recommandé. Mais face à un épuisement de l’entourage, une mise en institution peut être nécessaire.

Il a ainsi été montré que l’existence d’une agressivité chez un patient Alzheimer augmente le risque de mise en institution.

*Née en 2010 du partenariat entre Harmonie Mutuelle et la Fondation de l’Avenir, la bourse « Harmonie Mutuelle Alzheimer » soutient des projets de recherche sur la maladie d’Alzheimer.

Cet engagement est en cohésion avec les valeurs mutualistes d’Harmonie Mutuelle. L’absence de but lucratif de la mutuelle lui permet de réinvestir ses excédents au service de ses adhérents, de la solidarité et de la recherche médicale.