L’Inde vit une véritable catastrophe sanitaire avec le mutant du coronavirus. Alors que faire pour lutter contre le variant indien ? Réponses.

Que faire pour lutter contre le variant indien ? Voici le point sur le variant indien et les différents dispositifs mis en place pour lutter activement contre le nouveau variant indien.

QUELLES MESURES A PRENDRE EN FRANCE VIS-A-VIS D’UN ÉVENTUEL IMPACT DU VARIANT INDIEN

     1.     Quel est le niveau du trafic actuel entre le Royaume-Uni et la France ?

Le nombre de passagers entre le Royaume-Uni et la France a nettement diminué suite à la crise sanitaire mais demeure néanmoins à un niveau non négligeable d’environ 10 000 personnes par jour en provenance du Royaume-Uni. Les chiffres suivants doivent être considérés avec prudence : environ 1 000 passagers par avion par jour ; 1 000 par Eurostar par jour ; 1 000 par navette/tunnel par jour ; transport maritime : 2700 poids lourds avec chauffeurs et 3 600 voyageurs par jour.

Le flux est de nature plutôt commerciale avec les enjeux particuliers posés par les chauffeurs routiers en termes organisationnels (coût élevé du RT-PCR au Royaume- Uni, difficultés à avoir le résultat du test avant 36h…).

  1. Quel est le niveau de contrôle actuel entre le Royaume-Uni et la France ?

Actuellement, une personne en provenance du Royaume-Uni qui souhaite accéder au territoire français doit présenter une déclaration sur l’honneur attestant qu’elle ne présente pas de symptôme d’infection au COVID-19, qu’elle n’a pas connaissance d’avoir été en contact avec un cas confirmé de COVID-19 dans les 14 jours précédant son trajet et présenter un résultat de test RT-PCR datant de moins de 72 heures. Une fois arrivée en France, toute personne en provenance du Royaume-Uni doit également s’engager sur l’honneur à s’isoler pendant 7 jours puis à refaire un second test RT-PCR.

4. La France est dans une situation de réouverture et de levée des restrictions avec une baisse rapide de l’incidence et du nombre de nouveaux cas (avec 10 à 12 000 cas par jour, l’incidence est néanmoins supérieure à celle observée au Royaume-Uni qui est de 25/100 000/semaine). 23M de personnes ont reçu une première dose de vaccin dont plus de 18M avec un vaccin ARNm dont l’efficacité sur le variant B.1.617.2 parait conservée après deux Par ailleurs, on estime que 25% de la population française a déjà été infectée par la souche historique ou par le variant UK avec un pourcentage plus important dans la population jeune (qui a été très peu vaccinée jusqu’ici) mais on ne sait pas si cette infection ancienne protège contre le variant B.1.617.2.

5. Il faut noter qu’une surveillance, pour être cohérente, doit également porter sur les liaisons aériennes directes avec l’Inde, notamment entre l’Inde et la Réunion qui ont des liens particuliers, et indirectes via les pays du

6.     Le niveau de contrôle vis-à-vis des personnes arrivant du Royaume-Uni doit-il être renforcé ?

  1. Le variant 1.617.2 est en expansion rapide au Royaume-Uni, en particulier dans la communauté d’origine indienne. Il a un niveau de transmission élevé mais demeure sensible aux vaccins.

b.     Le variant B.1.617.2 est déjà présent en France sous forme de clusters en nombre limité. Ceci rappelle la situation dans laquelle nous étions avec la variant UK dès fin décembre 2020.

  1. L’élément stratégique essentiel est d’avoir une stratégie de dépistage très active via le criblage et le séquençage en optimisant les données issues des laboratoires publics et privés (voir annexe). Cette stratégie permet également de détecter les autres

d.     Dès la découverte de cas, la stratégie mise en œuvre par la CNAM de « Tracer- Isoler-Accompagner » doit être particulièrement réactive. Jusqu’à nouvel ordre, on doit considérer que les mesures barrières classiques sont efficaces pour diminuer les conséquences de la transmissibilité accrue de ce virus. En cas d’apparition de plusieurs clusters liés au variant B.1.617.2, si une décision de couverture vaccinale accrue est décidée, il parait légitime de la réaliser avec des vaccins de type ARNm.

  1. Faut-il aller plus loin ?

En tenant compte du fait que le nombre de voyageurs en provenance du Royaume-Uni vers la France, actuellement autour de 10 000 par jour, va probablement augmenter dans les jours ou semaines qui viennent. Actuellement, au regard de l’incidence faible au Royaume-Uni (25/100 000/semaine), cela représente, avec beaucoup de prudence, un risque d’environ 1 personne infectée par le variant B.1.617.2 arrivant sur le territoire français chaque jour.

Plusieurs scénarios sont possibles, entre autres :

·       Mise en place d’une quarantaine stricte, obligatoire, pour l’ensemble des voyageurs/transporteurs comme cela vient d’être décidé par l’Allemagne.

  • Mise en place de recommandations plus réalistes reposant sur la responsabilité individuelle et qui pourraient s’appuyer sur le schéma suivant :

o   Information très claire des voyageurs sur les risques possibles ;

  • Test RT-PCR obligatoire entre 48 et 72h avant le voyage ;

o   Test antigénique, y compris autotests, le jour du départ ;

  • Test antigénique, y compris autotests, à J3 et J7 après l’arrivée en

En cas de test antigénique positif, il devra entrainer immédiatement un isolement, et être confirmé par un test RT-PCR et d’un criblage.

Cette stratégie plus pragmatique pourrait avoir une meilleure faisabilité/acceptabilité.

Quel que soit le scénario retenu, il faut rappeler l’importance des mesures barrières, en particulier lors de l’arrivée en France, y compris du port du masque, qui n’est actuellement par obligatoire en milieu extérieur au Royaume-Uni.

La décision est d’ordre politique et prend en compte des éléments sanitaires, sociétaux mais aussi économiques.

1/ Le séquençage pour surveiller les nouveaux variants

D’après le Conseil Scientifique au 21 mai 2021, on manque de données solides. Les premières informations sur le variant indien sont rassurantes :

  • Le variant 1.617.2 ne présente pas de mutation en 484, particulièrement associée au phénomène d’échappement immunitaire.
  • Les premières études de séroneutralisation du variant 1.617.1 montrent une sensibilité diminuée aux anticorps neutralisants de patients convalescents ou immunisés par les vaccins ARNm, mais sans perte de la neutralisation (dans des modèles de pseudo-virions).
  • Les premières données en vie réelle disponibles au Royaume-Uni suggèrent une efficacité vaccinale conservée contre l’ensemble des formes cliniques de l’infection par le B.1.617.2 après deux doses d’Astra-Zeneca (60%) et de Pfizer (88%), mais pas après une dose (33% pour chacun des vaccins). Il n’y a pas encore de données sur la protection contre les formes graves de l’infection.

D’ici peu, les laboratoires privés seront autorisés par les autorités françaises à séquencer les souches COVID-19 pour les nouveaux variants aux côtés des Centres Nationaux de Référence (CNR). Cela devrait permettre de doubler les capacités de séquençage, passant de 5 000 à 10 000 séquençages par semaine soit 10% des souches positives. le laboratoire dispose d’ores et déjà de 3 plateformes de séquençage opérationnelles sur le territoire français qui peuvent réaliser chaque jour 1 500 séquençages.

« Jusqu’à présent, seuls les centres nationaux de référence et les laboratoires d’hôpitaux publics spécialisés pouvaient séquencer les souches COVID-19. Nous saluons cette décision de nous permettre de séquencer en collaboration avec le secteur public, c’est une reconnaissance de notre compétence en la matière. La technique du séquençage est essentielle pour surveiller l’apparition d’un nouveau mutant comme cela est le cas aujourd’hui avec le variant indien. Agir rapidement est la clé pour pouvoir faire face à sa circulation et lutter efficacement contre sa propagationajoute le Dr Laurent Kbaier, biologiste chez Biogroup.

 

2/ Le suivi de sa circulation via l’identification des personnes à risque

Il est indispensable de demander systématiquement aux personnes qui se présentent dans les laboratoires pour réaliser des tests PCR si elles reviennent d’Inde ou si elles ont été en contact avec une personne en provenance de ce pays. Si cela est le cas, le séquençage du test PCR positif est systématique pour évaluer s’il s’agit ou non du variant indien.

3/ Un kit de dépistage quadruplex pour accélérer

Les laboratoires proposent un nouveau test PCR 2 en 1 capable en une seule analyse de détecter à la fois la présence du virus et de cibler ses mutations. Ce kit quadruplex de criblage en première intention développé par l’entreprise française ID Solutions va évoluer afin de permettre d’identifier rapidement le variant indien, comme cela est déjà le cas pour les autres variants d’intérêt circulant dans l’Hexagone (anglais et sud-africain/brésilien). Dans quelques semaines, il sera alors possible de rechercher le variant indien dans tous les tests PCR positifs et rendre le résultat en 12 heures.

 

Conseil Scientifique