Le 11 octobre 2023, les services douaniers de Metz ont fait une saisie conséquente de prégabaline dans les affaires d’un individu. Peu de temps après, à Marseille, un autre cas similaire a été signalé lorsque des douaniers ont découvert de la prégabaline la « drogue du pauvre » dans un colis destiné à un particulier.

La prégabaline « la drogue du pauvre« , commercialisée sous le nom de Lyrica, est un médicament initialement conçu pour traiter les crises d’épilepsie, les douleurs neuropathiques et les troubles anxieux. Cependant, au fil des années, ce médicament a acquis une réputation bien différente, devenant parfois la « drogue du pauvre ». Ce mercredi 8 octobre 2023, la douane française a tiré la sonnette d’alarme concernant la recrudescence des confiscations de ce médicament détourné. Mais qu’est-ce que ce médicament et pourquoi suscite-t-il autant d’inquiétudes ?

La prégabaline c’est quoi ?

La prégabaline est un médicament utilisé dans le traitement de diverses affections médicales. Elle est commercialisée sous le nom de marque Lyrica, mais elle est également disponible sous forme de médicaments génériques. Ce médicament appartient à la classe des antiépileptiques, bien qu’il soit utilisé pour bien plus que le traitement de l’épilepsie.

La prégabaline est principalement prescrite pour traiter les crises d’épilepsie partielles, qui sont un type spécifique d’épilepsie. Elle est également utilisée pour soulager les douleurs neuropathiques, qui sont des douleurs nerveuses associées à des affections telles que la neuropathie diabétique et la douleur post-zostérienne. De plus, la prégabaline est prescrite pour traiter certains troubles anxieux, tels que le trouble d’anxiété généralisée (TAG).

La prégabaline agit sur le système nerveux central en modulant l’activité des neurotransmetteurs dans le cerveau, ce qui réduit l’excitation des cellules nerveuses. C’est une molécule qui agit donc sur les récepteurs du système nerveux et exerce son action en se liant à certaines parties du cerveau et de la moelle épinière, ce qui contribue à atténuer la douleur car c’est un puissant analgésique.

Cependant, comme tout médicament, la prégabaline comporte des effets secondaires : somnolence, prise de poids, sécheresse buccale, étourdissements, troubles de la vision. Elle est prescrite sous ordonnance et il est primordial de prendre ce médicament uniquement sous surveillance médicale, à la posologie indiquée par un médecin, car des effets secondaires très graves sont également possibles (dépendance, addiction et donc difficulté de sevrage, coma, problèmes psychiatriques, confusion, mort).

Pourquoi la prégabaline est-elle surnommée la « drogue du pauvre »  ?

A cause de son utilisation détournée à des fins récréatives. Les toxicomanes la prennent pour son effet euphorisant. Bien que la prégabaline soit un médicament prescrit pour traiter des affections médicales légitimes, elle est parfois détournée et utilisée de manière abusive à de fortes doses par des personnes droguées qui recherchent des effets psychotropes.

Vendue 2 euros le comprimé

Ce surnom est dû au prix très abordable de la prégabaline sur le marché par rapport à certaines autres substances récréatives. De plus, elle est plus facilement accessible pour ceux qui n’ont pas les moyens d’acquérir des drogues illicites plus coûteuses grâce aux vendeurs à la sauvette qui vendent le comprimé à 2 euros.

L’utilisation non médicale de la prégabaline est préoccupante du point de vue de la santé publique. D’ailleurs, en 2021, suite à l’abus de fausses ordonnances, des mesures plus strictes ont été mises en place pour l’obtention de la prégabaline. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a resserré les conditions de prescription de ce médicament. Désormais, la durée de traitement est limitée à six mois, et la prégabaline ne peut être obtenue que grâce à une ordonnance sécurisée et infalsifiable. Malgré les dispositifs de sécurité instaurés par les autorités gouvernementales, certains usagers continuent de chercher des moyens d’acquérir le médicament sans frais. Et le trouvent !

Rappelons que la vente de la prégabaline est illégale, et ceux qui la vendent illégalement s’exposent à des peines de trois à cinq ans de prison.

Pourquoi est elle consommée par les toxicomanes ?

La prégabaline est parfois consommée par des toxicomanes pour plusieurs raisons :

Effets Psychotropes : la prégabaline produit des effets psychotropes, tels que la relaxation, l’euphorie et comme l’héroîne est un désinhibiteur et permet donc une totale désinhibition.

Réduction de l’anxiété : comme elle est prescrite pour le traitement des troubles anxieux, et certains toxicomanes l’utilisent pour atténuer leurs angoisses.

Effet de Potentialisation : elle a la capacité de potentialiser les effets d’autres substances psychoactives, comme les opioïdes, ce qui augmente l’intensité de l’euphorie recherchée par certains toxicomanes.

Facilité d’accès : elle n’est pas chère et peut être facilement obtenue dans la rue.

De plus en plus consommée

Vers la fin du mois d’octobre, les douaniers de Marseille ont fait une découverte troublante lorsqu’ils ont inspecté un colis de fret express destiné à un particulier : à l’intérieur se trouvaient pas moins de 2 800 gélules de médicaments contenant de la prégabaline la » drogue du pauvre ». Cette saisie n’était que le prélude à une série d’incidents similaires. À Metz, une semaine plus tôt, les services douaniers avaient déjà mis la main sur 5 544 gélules de médicaments renfermant de la prégabaline, dissimulées parmi les effets personnels d’un individu.

Le jour suivant, à Marseille, un événement des plus inquiétants s’est produit. Un motard âgé de 18 ans a violemment heurté le vélo d’un policier après avoir refusé de se conformer à ses instructions. Suite à l’accident, le motard a chuté, provoquant la chute de son sac qui contenait plus de 1 400 comprimés de prégabaline. Cette série d’incidents met en lumière les préoccupations croissantes concernant l’abus et la distribution illicite de ce médicament.

Au cours de l’année 2022, les autorités douanières ont procédé à la confiscation de près de 1,9 million de produits de santé dans le cadre de leurs efforts pour lutter contre les trafics de stupéfiants et les utilisations détournées de médicaments. Et cette situation souligne l’importance de renforcer les contrôles et les réglementations autour de la prégabaline pour prévenir son abus et son détournement à des fins non médicales.