En 2020, la Ligue contre le cancer dressait un état des lieux des pénuries de médicaments anticancéreux en France et de leurs conséquences. L’association donnait notamment la parole aux personnes malades concernées et aux professionnels de santé. Parmi ces derniers, 75 % confirmaient alors avoir été confrontés à des situations de pénuries et avoir constaté des pertes de chances pour leurs patients. Un an après, la Ligue signale que les personnes malades subissent toujours les conséquences des défaillances majeures d’un système de production et dénonce non seulement la persistance mais aussi l’aggravation des pénuries.
« La lutte contre les inégalités – d’accès aux soins notamment – est l’une de mes priorités en tant que président de la Ligue contre le cancer. Comment assurer la continuité des soins pour toutes les personnes malades avec la même efficacité si l’on est confronté à des pénuries de médicaments récurrentes ? Comment peut-on expliquer à ces personnes, qui se battent déjà au quotidien contre la maladie, que leur médicament n’est pas disponible ? Près de deux ans après avoir été annoncée, l’obligation de stock de deux mois est appliquée a minima. C’est une avancée, mais elle reste insuffisante. Les personnes malades ne peuvent attendre, leur santé en dépend. En leurs noms, la Ligue poursuit le combat » explique Daniel Nizri, président bénévole de la Ligue contre le cancer.
Une nouvelle campagne pour relancer la mobilisation
Tous les ans depuis 2012, en moyenne 10 % des médicaments utilisés en cancérologie font l’objet de situations de pénuries. La problématique s’aggrave d’année en année, provoquant angoisse, incompréhension et colère chez les patients déjà lourdement touchés par la maladie. Depuis près de deux ans, les effets délétères de la crise sanitaire ont aggravé la situation, remettant en cause le suivi des traitements et des soins pour certains patients. Parce que l’accès aux médicaments et un droit fondamental, la Ligue alerte à nouveau sur cette situation inacceptable et réitère ses demandes.
Pour donner un nouveau souffle à la mobilisation, la Ligue lance une nouvelle campagne d’alerte avec un message clair :
« Il parait que l’espoir fait vivre… les médicaments, c’est sûr ! »
A partir du 20 septembre, différentes séquences vidéos seront diffusées sur les réseaux sociaux de la Ligue. En complément, une bande dessinée, réalisée avec l’illustratrice Anna Lentzner, restituera des témoignages de personnes touchées par les pénuries de médicaments contre le cancer. Recueillis par la Ligue lors de la première phase de la mobilisation contre les pénuries grâce à un appel à témoins, ceux-ci ont pour vocation d’illustrer les résultats de l’enquête menée en 2019 par la Ligue, porte-voix des personnes malades.
Le constat alarmant dressé par la Ligue contre le cancer
L’étude menée en 2019 par la Ligue contre le cancer avec l’institut IPSOS a permis de dresser un constat sans appel :
- 74 % des professionnels interrogés déclaraient avoir été confrontés à des pénuries de médicaments contre le cancer durant leur carrière
- 3/4 d’entre eux avaient le sentiment d’une aggravation de la situation sur les dix dernières années
- 94 % des personnes malades confrontées à une pénurie associent l’annonce de l’indisponibilité de leur traitement à des sentiments négatifs: incompréhension, inquiétude, colère…
- 75 % des professionnels de santé affirment que les pénuries ont entraîné des pertes de chances pour leurs patients
La crise de la Covid-19 a engendré une hausse de la demande pour certains médicaments, ce qui a révélé les limites des systèmes de production, notamment provoqués par la délocalisation et la production à flux tendu. Les personnes malades subissent aujourd’hui directement les conséquences de l’errance des décisions industrielles et politiques. Il est impératif de garantir un approvisionnement continu pour éviter les ruptures en cas de tensions dans les pays où sont fabriqués les médicaments. Les actions de la feuille de route lancée en juillet 2019 par la Ministre Agnès Buzyn doivent être remises à l’agenda politique.
Face à l’inaction, la Ligue contre le cancer réitère ses demandes.