Maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, obésité, diabète, maladies du foie, Parkinson, Alzheimer, autisme, maladies cardiovasculaires… Les affections chroniques en forte augmentation depuis plus de 60 ans sont, pour la grande majorité, associées à une perte de richesse et une altération du microbiote. Les chercheurs viennent de découvrir de nouvelles perspectives pour le traitement de maladies chroniques.

Il y a le diabète, l’autisme, les maladies cardiovasculaires, la maladie de Parkinson, les maladies dégénératives comme Alzheimer, les maladies du foie, l’obésité, toutes les maladies auto-immunes, la dépression, etc etc. Leur point commun? Ce sont des maladies dues à l’inflammation du microbiote.

Colonisé dès la naissance par des microbes maternels et environnementaux, le nouveau-né se construit pour devenir un être humain qui est un écosystème dont les propres cellules humaines et les microorganismes associés sont en étroite symbiose.  La relation hôte-microbes est un élément essentiel de son développement précoce et de sa santé durant toute la vie. Le corps fournit « le gite et le couvert » au microbiote qui en retour lui apporte des fonctions protectrices, maintenant en éveil ses défenses naturelles et interdisant la prolifération de bactéries de l’environnement à l’intérieur du corps. Rien ne se passe au niveau du microbiote intestinal qui n’impacte la paroi intestinale et l’immunité, et réciproquement. Ces interactions complexes garantissent la robustesse fonctionnelle de l’écosystème intestinal qui interagit avec l’ensemble des organes. En conditions normales, même après une perturbation importante, suite à une prise d’antibiotiques par exemple, notre microbiote retrouve son état initial, il est dit résilient.

Les interactions observées entre microbiote et maladies chroniques

Pourtant, les maladies chroniques dont on a vu l’incidence fortement augmenter depuis plus de 60 ans (une personne sur 4 sera concernée d’ici 2025 selon l’OMS) sont, pour la grande majorité, associées à une perte de richesse et une altération du microbiote à laquelle s’ajoutent souvent une perméabilité intestinale anormale, un état inflammatoire et des signaux de stress oxydant. Le programme ERC Homo symbiosus lancé en 2019 vise à analyser ces interactions afin d’imaginer de nouvelles solutions de prévention et de traitement des grandes maladies chroniques que sont les maladies inflammatoires de l’intestin, les maladies métaboliques, les maladies du foie, Parkinson, Alzheimer, l’autisme, la dépression, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. L’équipe de chercheurs INRAE a émis l’hypothèse que le dérèglement des paramètres de la symbiose peut s’accompagner de cercles vicieux. Ainsi l’altération du microbiote et l’inflammation qui l’accompagne pourraient s’entretenir mutuellement et générer un état stable et durable de pré-maladie.

De l’inflammation à une symbiose hôte-microbiote durablement altérée

Sur un modèle animal, les scientifiques ont montré que la simple induction d’une inflammation peut durablement altérer la symbiose hôte-microbiote, combinant altération du microbiote et inflammation et interdisant le retour à la normale même 40 jours après l’arrêt de l’induction. Des lots de rats sont exposés de manière chronique durant 4 semaines à diverses doses d’un composé chimique dans l’eau de boisson induisant une inflammation intestinale. Les chercheurs observent qu’à la dose appropriée, 80% des animaux basculent dans un état combinant altération du microbiote et inflammation, état qui perdure à minima 40 jours après le retour à des conditions normales.

Chez l’homme, cela se traduirait par une extrême difficulté à restaurer l’état initial sauf à agir sur les paramètres hôte et microbiote de façon concomitante. Ainsi, la preuve de concept apportée ici est une première qui s’accompagne d’enjeux majeurs en termes de diagnostic, de prédiction, de prévention et de thérapie. Ce sont de réelles nouvelles perspectives pour le traitement de maladies chroniques. Ces travaux incitent à davantage prendre en compte le statut microbien d’Homo sapiens (« Homo symbiosus »), et ce faisant invitent à imaginer de nouvelles pistes en nutrition préventive et médecine humaine.


Le projet Homo symbiosus (2019-2023) dispose d’une dotation de l’ERC – European Research Council –  de 2,5 millions d’euros, pour cinq ans qui permet le fonctionnement d’un collectif associant les compétences d’INRAE (Institut Micalis, Unités Métagénopolis et MaIAGE), du projet Nutrinet du CRESS (Centre de recherches épidémiologiques et biostatistiques – Sorbonne Paris Cité- Inserm) et d’une équipe de recherche de l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris).

Les ressources en présence sont renforcées par le recrutement de trois jeunes chercheurs post-doctorants, deux étudiant-e-s en doctorat, un-e technicien-ne de laboratoire et un-e assistant-e de gestion.

Référence

Van de Guchte M, S Burz, J Cadiou, J Wu, S Mondot, H Blottiere & J Doré. 2020. Alternative stable states in the intestinal ecosystem: proof of concept in a rat model and a perspective of therapeutic implications. Microbiome. https://doi.org/10.1186/s40168-020-00933-7

 

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