De nouvelles données de l’UNESCO mettent en évidence la fonte accélérée des glaciers des sites du Patrimoine mondial. Les glaciers d’un tiers des sites concernés devraient disparaître d’ici 2050. Néanmoins, il est encore possible de sauver les deux autres tiers, si la hausse des températures mondiales n’excède pas 1,5°C par rapport à la période préindustrielle. Ce sera un enjeu majeur de la COP27.

Cinquante sites du patrimoine mondial de l’UNESCO abritent des glaciers[1], ce qui représente près de 10 % de la superficie totale des glaciers sur Terre. Parmi eux figurent, entre autres, le plus haut (à côté du mont Everest), le plus long (en Alaska) et les derniers glaciers d’Afrique, ce qui offre un aperçu représentatif de la situation générale des glaciers dans le monde. Et l’UNESCO alerte sur la disparition de glaciers emblématiques du Patrimoine mondial d’ici 2050 ce jeudi 3 novembre.

Toutefois, une nouvelle étude de l’UNESCO, menée conjointement avec l’UICN, montre que ces glaciers reculent à un rythme accéléré depuis 2000 en raison des émissions de CO2 qui augmentent les températures. Ils perdent actuellement 58 milliards de tonnes de glace chaque année, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’eau combinée de la France et de l’Espagne, et sont responsables de près de 5 % de l’élévation du niveau de la mer observée à l’échelle mondiale.

Disparition des glaciers, unne seule solution efficace : réduire rapidement les émissions de CO2

Le rapport conclut que les glaciers d’un tiers des 50 sites du patrimoine mondial sont condamnés à disparaître d’ici 2050, quels que soient les efforts déployés pour limiter la hausse des températures. Cependant, il est encore possible de sauver les glaciers des deux tiers des sites restants, si l’augmentation des températures ne dépasse pas 1,5°C par rapport à la période préindustrielle.

« Ce rapport est un appel à l’action. Seule une réduction rapide de nos niveaux d’émissions de CO2 peut sauver les glaciers et l’exceptionnelle biodiversité qui en dépend. La COP27 aura un rôle crucial à jouer pour aider à trouver des solutions à ce problème. L’UNESCO est déterminée à soutenir les États dans la poursuite de cet objectif », déclare Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.

Outre une réduction drastique des émissions de carbone, l’UNESCO plaide en faveur de la création d’un fonds international pour la surveillance et la préservation des glaciers. Ce fonds permettrait de soutenir des recherches approfondies, de promouvoir des réseaux d’échange entre toutes les parties prenantes et de mettre en place un système d’alerte précoce ainsi que des mesures de réduction des risques de catastrophe.

La moitié de l’humanité dépend directement ou indirectement de l’eau issue des glaciers pour l’usage domestique, l’agriculture et l’énergie. Les glaciers, qui alimentent de nombreux écosystèmes, sont également des piliers de la biodiversité.

« Lorsque les glaciers fondent rapidement, des millions de personnes sont confrontées au manque d’eau et au risque accru de catastrophes naturelles telles que les inondations, et des millions d’autres peuvent être déplacées en raison de l’élévation du niveau de la mer qui en résulte. Cette étude souligne l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’investir dans des solutions fondées sur la nature, qui peuvent contribuer à atténuer le changement climatique et permettre aux populations de mieux s’adapter à ses effets », déclare le Directeur général de l’UICN, Dr. Bruno Oberle.

Exemples de glaciers menacés par région

Afrique :

  • Selon les données disponibles, les glaciers de tous les sites d’Afrique inscrits au patrimoine mondial auront très probablement disparu d’ici 2050, y compris le parc national du Kilimandjaro et le mont Kenya.

Asie :

  • Les glaciers des aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan (Chine), qui ont connu la perte de masse la plus élevée par rapport à 2000 (57,2 %), sont ceux dont la fonte est la plus rapide de la Liste.
  • Les glaciers du Tien Shan occidental (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan) ont reculé de 27 % depuis 2000.

Europe :

  • Les glaciers des Pyrénées – Mont Perdu (France, Espagne) auront très probablement disparu d’ici 2050.
  • Les glaciers des Dolomites (Italie) auront très probablement disparu d’ici 2050.

Amérique latine :

  • Les glaciers du parc national de Los Alerces (Argentine) ont connu la deuxième plus grande perte de masse par rapport à 2000 (45,6 %).
  • Les glaciers du parc national de Huascarán (Pérou) ont reculé de 15 % depuis 2000.

Amérique du Nord :

  • Les glaciers du parc national de Yellowstone (États-Unis d’Amérique) auront très probablement disparu d’ici 2050.
  • Les glaciers du parc national de Yosemite (États-Unis d’Amérique) auront très probablement disparu d’ici 2050.
  • Les glaciers du parc international de la paix Waterton-Glacier (Canada, États-Unis d’Amérique) ont perdu 26,5 % de leur volume en 20 ans.

Océanie :

  • Les glaciers de Te Wahipounamu – zone sud-ouest de la Nouvelle-Zélande (Nouvelle-Zélande) ont perdu près de 20 % de leur volume depuis 2000.

 

 

L’UNESCO alerte sur la disparition de glaciers emblématiques du Patrimoine mondial d’ici 2050. L’UNESCO remercie l’UICN, l’ETH Zurich [Institut fédéral suisse de technologie à Zürich], l’Institut fédéral suisse de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), et le Laboratoire d’études de géophysique et d’océanographie spatiales (LEGOS) du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) pour leur contribution à cette étude.

 

[1] Au total, 18 600 glaciers ont été identifiés dans ces 50 sites, couvrant une superficie d’environ 66 000 km2.