Une fake news circule depuis le mardi 17 mars 2020, au sujet d’un brevet datant de 2003, portant sur un coronavirus et dans lequel l’Institut Pasteur est cité ainsi que des chercheurs de l’INSERM et du CNRS.
Tandis que l’épidémie de COVID – 19 se propage en France, de nombreuses chaînes de mails et messages d’informations circulent sur les réseaux sociaux ou par le biais de plateformes de messagerie. Ces messages contiennent parfois des informations erronées et s’appuient notamment sur la prétendue expertise de chercheurs de l’Institut Pasteur ainsi que d’autres organismes de recherche. Ainsi, depuis mardi 17 mars 2020, une fake news circule au sujet d’un brevet datant de 2003,
portant sur un coronavirus (https://patents.google.com/patent/EP1694829B1/fr) et dans lequel l’Institut Pasteur est cité, ainsi que des chercheurs de l’Inserm et du CNRS. Mais n’en déplaise aux conspirationnistes de tout bord, l l’Institut Pasteur n’a pas inventé le COVID-19.
L’Institut Pasteur invite à ne pas prendre en compte ces informations et vous présente ci-dessous les points permettant de contribuer à vos actions de fact-checking.
L’Institut Pasteur n’a pas inventé le COVID – 19 ni le virus à son origine, le Sars – CoV-2
• L’Institut Pasteur a inventé un candidat-vaccin, en 2004, contre un précédent coronavirus, appelé SARS-CoV-1.
• La vidéo conspirationniste qui circule actuellement sur le web est totalement fausse.
Explications
L’Institut Pasteur a pour mission de travailler sur tous les virus émergents. Notamment les coronavirus.
Il existe plusieurs types de coronavirus.
• En 2002, un premier coronavirus SARS-CoV-1 a émergé en Chine, responsable d’une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS en français, SARS en anglais).
• En 2003, cette épidémie s’est étendue à plusieurs pays dans différents continents.
• A l’époque, les équipes de l’Institut Pasteur se sont mobilisées, enproposant plusieurs stratégies vaccinales, dont un candidat-vaccin basé sur la « plateforme du vaccin contre la rougeole » (le vaccin contre la rougeole peut être recombiné et utilisé comme un véhicule pour induire une réponse immunitaire contre d’autres a gents pathogènes, ici SARS-CoV-1).
• En 2004, ce candidat – vaccin contre SARS-CoV-1 a fait l’objet d’une déclaration d’invention (DI). Le brevet déposé concernait bien le SARS-CoV-1 (responsable de la maladie dite SRAS en 2002-2003), qui est très différent de SARS-CoV-2 (responsable de la maladie dite Covid19 en 2019- 2020).
• Le brevet de 2004 décrit la découverte du virus puis l’invention d’une stratégie vaccinale contre ce virus, et NON l’invention du virus lui-même.
• Ce candidat– vaccin contre SARS-CoV-1 n’a pas été expérimenté chez l’homme car, quand il était prêt, l’épidémie était heureusement terminée, et il n’y avait plus de patients sur lesquels proposer de le tester.
• Dans la famille des coronavirus, SARS-CoV-2 fait partie du groupe de virus dits «SARS-like» (ou SARS-
CoV).
• Le savoir- faire développé en 2003 contre SARS-CoV-1, et le candidat-vaccin breveté en 2004, sont actuellement appliqués par les scientifiques concernés pour un projet en cours de vaccin potentiel contre SARS-CoV-2 (responsable de Covid-19), notamment en utilisant la plateforme rougeole.
Pour bien comprendre que l’Institut Pasteur n’a pas inventé le COVID-19
Il existe plusieurs types de coronavirus.
Ainsi, une précédente épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS en français, SARS en anglais) est apparue en Chine en 2002 et s’est développé au niveau mondial en 2003, à l’origine de plus de 8000 cas et de près de 800 décès. L’agent causal, un coronavirus inconnu jusqu’alors, a pu être rapidement identifié à l’époque : SARS-CoV-1.
Grâce à une mobilisation internationale sans précédent, motivée par l’alerte mondialedéclenchée le 12 mars 2003 par l’OMS, l’épidémie a pu être endiguée par des mesures
d’isolement et de quarantaine (source fiche maladie IP «SRAS 2003») : https://www.pasteur.f/fr/centre-medical/fiches-maladies/sras
Les équipes de l’Institut Pasteur se sont mobilisées à l’époque, en menant de nombreux travaux de recherche et en proposant plusieurs méthodes de construction d’un vaccin, dont un candidat-vaccin notamment basé sur la «plateforme rougeole».
• Le vaccin rougeole est ici utilisé comme un «véhicule». En utilisant le virus du vaccin
contre la rougeole (aussi appelé MV) comme vecteur, des vaccins recombinants peuvent être conçus pour exprimer des antigènes d’autres agents pathogènes (virus du sida, de la dengue, du Nil occidental, de la fièvre jaune, de la fièvre de Lassa, ou d’autres maladies émergentes …). L’utilisation du MV pour la vaccination contre ces agents pathogènes, permet de délivrer les antigènes chez les individus à vacciner directement dans les compartiments du système immunitaire aptes à induire une réponse mémoire protectrice. Ce candidat-vaccin contre SARS -CoV-1 a fait l’objet d’une déclaration d’invention en 2004.
Cette «invention» est relative à une nouvelle souche de coronavirus associé au syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), issue d’un prélèvement répertorié sous le n° 031589 et prélevé à Hanoi (Vietnam), à des molécules d’acide nucléique issues de son génome, aux protéines et peptides codés par lesdites molécules d’acide nucléique ainsi qu’à leurs applications, notamment en tant que réactifs de diagnostic et/ou comme vaccin.
Le brevet déposé concernait bien le SARS -CoV-1 (responsable de la maladie dite SRAS), qui est très différent de SARS-CoV-2 (responsable de la maladie dite Covid-19).
Le brevet de 2004 ne décrit pas l’invention du virus mais la découverte du virus et l’invention d’une stratégie vaccinale contre ce virus.
Ce candidat-vaccin n’a pas été expérimenté chez l’homme car quand il était prêt pour ces premières études chez l’homme, l’épidémie était heureusement terminée, et il n’y avait plus de patients sur lesquels tester ce candidat vaccin.
Les chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’Inserm sont donc les inventeurs d’un candidat-vaccin qui n’a pas eu le temps d’être testé à l’époque. Mais ils ne sont pas les inventeurs du virus bien évidemment.
Inventeurs d’un vaccin / découvreur d’un virus –une convention d’écriture
Beaucoup d’internautes s’émeuvent de la mention « inventeurs » sur le brevet, il s’agit d’une
convention d’écriture.
Voici ce que dit le formulaire de Déclaration d’invention : * Un inventeur est une personne physique qui a contribué à l’invention, c’est -à-dire qui a joué un rôle essentiel dans l’analyse du problème à résoudre et
dans la solution technique à y apporter.
Inventeurs, OUI
= inventeurs d’un candidat vaccin contre le SARS (SRAS en français) de 2003, d’un kit de diagnostic sérologique du SARS, …
Mais inventeurs, NON, pas du virus du SARS lui-même. Ici, il faudrait parler de « découvreurs » ou plutôt de « co-découvreurs » du virus, avec l’ensemble des collègues ayant signé la publication. Dans ce cas, c’est effectivement une convention d’écriture.
L’Institut Pasteur n’a pas inventé le COVID-19.
La vidéo conspirationniste qui circule actuellement sur le web est donc totalement fausse.
Concernant le COVID-19 (maladie consécutive à l’infection par le coronavirus SARS-cov2) : Le coronavirus SARS-cov2, ayant émergé dans la ville de Wuhan (province de Hubei, Chine) à la fin de l’année 2019, est l’agent responsable de la nouvelle maladie infectieuse respiratoire appelée COVID-19 (pour Corona VIrus Disease).
Dans la famille des coronavirus, SARS-cov2 fait partie du groupe de virus dits «SARS-like»(ou SARS-CoV), mais il est différent du SARS-Cov1 de 2002-2003.
Le savoir-faire scientifique développé sur la période 2003-2004 avec SARS-cov1 est actuellement appliqué par les scientifiques concernés pour le projet en cours de vaccin potentiel contre le SARS-CoV2 (responsable de Covid19), notamment en utilisant la plateforme rougeole déjà utilisée en 2003-2004.
Ces « inventions », ce savoir-faire sont actuellement utilisés à mettre au point un vaccin contre le covid-19 et un kit de diagnostic sérologique.