Parce que la ménopause reste taboue et méconnue, Femme Actuelle incite les Françaises à se mobiliser et lance ce jour une pétition, avec la Fondation des Femmes, adressée à La Ministre de la Santé, Agnès Buzin , « Pour une consultation gynéco gratuite sur la ménopause » : 93% des femmes de 50 ans y sont favorables.

Étape inévitable dans la vie des femmes vers 50 ans, la ménopause est surtout connue pour ses symptômes : fatigue, bouffées de chaleur, sautes d’humeur, baisse de la libido, douleurs articulaires… Elle correspond précisément à l’arrêt du fonctionnement ovarien, donc à la fin définitive des règles. La période qui la précède –qui peut durer de quelques mois à quatre ans–est qualifiée de périménopause ou de préménopause. Cette phase qui marque la fin de la fécondité est aussi celle qui, dans l’inconscient collectif, délimite le vieillissement. La ménopause reste taboue.

Certes, un Français sur deux estime qu’hommes et femmes sont traités de manière égale face au temps qui passe, mais les plus jeunes femmes en doutent. A raison ? Pour 69 % des moins de 35 ans, la société ne porte pas le même regard sur le vieillissement lorsqu’il s’agit d’une femme. Ce n’est ni un sujet de société ni un sujet politique « Dans un monde qui valorise la jeunesse, le corps vieillissant reste associé à une perte de féminité », note la sociologue Mélissa Petit. Comme si elles craignaient de perdre leur valeur sociale en en faisant état, les femmes préfèrent traverser cette phase dans la discrétion. «C’est un sujet dont on parle peu (18 % des sondés). Les préménopausées sont celles qui l’évoquent le plus (43 %), « pour obtenir des informations et partager leurs inquiétudes », précise Camille Morisson de l’institut Kantar (lire ci-dessous). Pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fon­dation des femmes, la ménopause est un tabou dont notre société n’a pas conscience, ce n’est ni un sujet de société, ni un sujet politique.

TRAVAIL LA MENOPAUSE… est-elle taboue ?

82% des femmes n’ont jamais caché les effets de la ménopause

Mais elles « profitent » de la méconnaissance générale pour faire passer ces symptômes pour tout autre chose. « Les femmes préfèrent rester discrètes. Quand les troubles sont surmontables, elles les mettent dans leur poche », avance Camille Morisson de l’institut Kantar. Quand ils sont gênants et visibles, elles font avec. 41 % des femmes de 40 ans et plus affirment ainsi que ces signes ne sont pas facilement identifiables. Quant aux hommes, seuls 16 % des moins de 50 ans se sentent informés. Avoir un coup de chaud et retirer son pull n’est pas forcément apparenté à un effet de la ménopause. Pas davantage le fait d’être épuisée le matin, en raison d’une insomnie provoquée par des sueurs nocturnes.

60% des femmes sont contre sa prise en considération au travail

Les femmes concernées ne veulent pas que la ménopause soit prise en compte dans le cadre professionnel. Qu’il s’agisse d’horaires, de rythme de travail adaptés ou de tâches supprimées ou allégées, les femmes ménopausées ou en préménopause y sont majoritairement opposées. Pas question que leur état devienne une forme de handicap, nécessitant une prise en charge particulière. Quitte à en souffrir. La ménopause reste taboue. « En consultation, elles évoquent un sentiment de dévalorisation professionnelle car elles s’estiment moins performantes », explique Christelle Besnard­Charvet, gynécologue. Les plus favorables à des mesures spécifiques sont les hommes de moins de 35 ans (54 %), finalement les moins concernés !

23% des femmes en ont déjà discuté avec des collègues de travail

« En parler, c’est affronter la crainte d’être rejetée. C’est aussi prendre conscience du regard que l’on porte sur soi, et de sa capacité à évoluer », estime Mélissa Petit. La ménopause a beau être naturelle, au sens physiologique, elle reste un marqueur, une étiquette qui colle à la peau des femmes malgré elles.

12% seraient prêtes à en parler à leur responsable hiérarchique

Si les femmes sont peu nombreuses à en discuter ouvertement entre collègues, elles sont a fortiori encore moins disposées à s’épancher sur le sujet avec leur supérieur. C’est prendre le risque que cette information se retourne contre elles d’une manière ou d’une autre.

LA MENOPAUSE AU SEIN DU COUPLE

54% des femmes en couple en ont déjà parlé avec leur conjoint

« La ménopause est un révélateur de la capacité des femmes à évoquer leurs cycles avec leur conjoint. Si elles éludent les règles, la contraception, les changements corporels après la grossesse, elles n’évoqueront pas davantage la ménopause, souligne Mélissa Petit. C’est aussi aux mères d’éduquer leurs garçons aux cycles féminins. » Dès lors, pas étonnant que 61 % seulement des hommes dont la conjointe est âgée de 45 à 60 ans, affirment connaître, avec certitude, la situation de leur compagne vis ­à­ vis de la ménopause.

57% des femmes citent l’impact sur leur apparence physique

Un ressenti que ne partagent pas les hommes, seuls 36 % des sondés font allusion à l’apparence physique parmi les effets de la ménopause. Et pourtant, la carence en œstrogènes est directement responsable de divers changements : prise de poids, perte de tonicité de la peau, de la qualité des cheveux… Des conséquences directes mais très variables d’une femme à l’autre.

72% des hommes trouvent que le moral des femmes est touché

C’est dix points de plus que l’opinion des femmes elles-mêmes (61 %). Si la perception et le vécu ne coïncident pas, on peut toutefois noter qu’elles citent également, en premier, l’impact sur leur moral. Le décalage est encore plus net s’agissant de la sexualité. Près d’un homme sur deux (49 %) estime que la ménopause a des effets sur les relations sexuelles, contre 29 % des femmes.

33% des jeunes femmes pensent qu’elle agit sur la vie de couple

Les moins de 40 ans sont les plus nombreuses à le croire (contre 29 % des hommes et 25 % des femmes tous âges confondus). On-t­-elles en mémoire l’exemple de leur mère et la manière dont elle a traversé cette période ? Pensent­-elles, à raison, qu’elles vivront la même chose ? Certains facteurs génétiques peuvent en effet jouer. Ainsi, mères et filles deviennent souvent ménopausées au même âge. Globalement, 59 % des femmes ménopausées estiment que leur état présente autant d’avantages que d’inconvénients.

« LA MÉNOPAUSE REND LES FEMMES INVISIBLES »

Peut-on parler de disqualification sociale concernant les femmes à la ménopause? La femme ménopausée ne remplit plus les rôles imposés par la société : incarner la beauté éclatante de la jeunesse et assurer la reproduction de l’espèce. Elle devient inutile et invisible, alors qu’au même âge, l’homme gagne en maturité, fait de son expérience un atout, et attire des partenaires plus jeunes, sans subir de jugement. Pourquoi la ménopause est-elle d’abord sociale avant d’être physiologique ? De tous temps, le discours médical exclusivement masculin s’est emparé du corps des femmes. A la fin du XIXe siècle, on enseignait aux étudiants que les maladies mentales étaient notamment dues à la ménopause. Aujourd’hui, la norme veut qu’après 40 ans, il est fortement déconseillé de procréer. On parle alors de grossesses tardives, de grossesses à risques. Or, la ménopause physiologique, qui survient en moyenne vers 51 ans, ne fait qu’acter la ménopause sociale commencée dix ans plus tôt. Comment évolue le regard sur les femmes ménopausées? L’évolution est lente mais elle prend forme notamment via la culture. Romans, guides, BD, pièces de théâtre et films se sont emparés du sujet, avec justesse et humour. Mais les injonctions restent bien présentes : il faut « réussir » sa ménopause, couvrir ses cheveux blancs et garder un corps tonique.

Mélissa Petit est sociologue et dirigeante du bureau d’études Mixing Générations, mixinggenerations.com

la-menopause-reste-taboue

Parce que la ménopause reste taboue et méconnue, Femme Actuelle incite les Françaises à se mobiliser et lance ce jour une pétition, avec la Fondation des Femmes, adressée à La Ministre de la Santé, Agnès Buzin , « Pour une consultation gynéco gratuite sur la ménopause » : 93% des femmes de 50 ans y sont favorables.

MENOPAUSE ET SANTE

90% des femmes concernées ne prennent pas de traitement

« Les femmes ne font plus confiance au THM, le traitement hormonal de la ménopause, et beaucoup le refusent, suite à des études américaines montrant des risques accrus de cancer du sein et d’accidents cardiovasculaires. Cette méfiance générale explique ce résultat. Or, ce sont des études controversées », tempère le Dr Besnard­ Charvet, gynécologue, dont les patientes préfèrent se tourner vers des solutions naturelles.

34% des sondés pensent que la ménopause affecte la santé

Les femmes préménopausées sont 45 % à estimer que cette période accroît le ris que d’avoir des problèmes de santé, et 39 % d’entre elles se disent inquiètes. Selon le Dr Christelle Besnard­ Charvet, ces chiffres traduisent un manque général d’information. En outre, ajoute­-t-­elle, il est nécessaire de les y préparer par une hygiène de vie plus saine : arrêt du tabac, alimentation, sport… 

58% connaissent la différence entre ménopause et périménopause

C’est en tout cas ce que disent les femmes concernées. Selon Le Dr Christelle Besnard Charvet, elles connaissent surtout les symptômes de la périménopause (bouffées de chaleur, sautes d’humeur, prise de poids) et les signes de la ménopause (arrêt des règles depuis un an), moins le fonctionnement de leur corps et ses changements sur la durée. Quant aux hommes, seuls 23 % pensent être capables d’expliquer la différence.

65% des sondés y associent d’abord des impacts biologiques

Fin des règles, de la production d’hormones, de la possibilité de procréer, arrêt de l’ovulation… Ces conséquences sont majoritairement citées par les sondés. Les symptômes et inconvénients sont mentionnés par un quart des personnes interrogées : changement morphologique, prise de poids, bouffées de chaleur, problèmes de sommeil… Seuls 5 % évoquent l’émotivité et la dépression.

69 % identifient l’ostéoporose comme un des risques accrus

Hommes et femmes répondent à égalité. Mais seule la moitié des femmes de plus de 50 ans a entendu parler des risques cardiovasculaires, et moins de la moitié des risques de cancers (sein, endomètre) et des risques métaboliques (hypercholestérolémie, diabète). En effet, la carence en œstrogènes peut, chez certaines femmes, favoriser la survenue de maladies. Selon Camille Morisson de l’institut Kantar, ces résultats montrent la nécessité d’une information accessible et claire, pour mieux cerner les enjeux de santé associés à la ménopause.

MENOPAUSE, LE TRAITEMENT HORMONAL AU CAS PAR CAS

« Le traitement hormonal de la ménopause (THM) remplace les deux hormones que les ovaires ne produisent plus à la ménopause. Le THS prescrit en France associe l’œstrogène, administré par voie cutanée (patch ou gel), et la progestérone par voie orale. Elles ont une structure moléculaire similaire à celle des hormones produites naturellement », explique le Dr Christelle Besnard­ Charvet, gynécologue et homéopathe. Quand les symptômes de la ménopause deviennent handicapants au quotidien, le traitement permet de réduire notamment les bouffées de chaleur et la sécheresse vaginale. Il doit toutefois être envisagé au cas par cas, et avec précaution. La Haute Autorité de santé insiste depuis plusieurs années sur une prescription à dose minimale, pour une durée limitée à cinq ans, en réévaluant chaque année le rapport bénéfice/risque avec le médecin. »

SIGNEZ LA PÉTITION POUR UNE CONSULTATION GYNÉCO GRATUITE

« Seriez-­vous favorable à la mise en place d’une consultation gynécologique gratuite sur la ménopause à partir de 45 ans ? », 93 % des femmes de 50 ans répondent oui (88 % des sondées). La ménopause reste taboue. Femme Actuelle a décidé de lancer une pétition, adressée à la ministre de la Santé. Votre voix compte ! Signez sur change.org, tapez « pour une consultation gynéco gratuite sur la ménopause » dans l’onglet Recherche.