Voici ce qu’est le Haut Potentiel Intellectuel (HPI), comment les tests de QI permettent de le diagnostiquer, et les défis que rencontrent les enfants surdoués dans leur réussite scolaire et leur bien-être émotionnel.

 

Le Haut Potentiel Intellectuel (HPI), également connu sous le nom de surdouance, est un sujet de plus en plus discuté dans les milieux éducatifs, parentaux et même dans les médias. Les enfants HPI, souvent identifiés par un quotient intellectuel (QI) élevé, suscitent de nombreuses interrogations. Mais que signifie réellement être un enfant à haut potentiel ? Quels sont les critères pour poser un diagnostic ? Et surtout, quelles sont les limites des tests de QI dans l’évaluation de ces enfants ? Dans son numéro du 11 septembre 2024, La Croix met en lumière les débats entourant ce phénomène.

 

Qu’est-ce que le Haut Potentiel Intellectuel (HPI) ?

 

Le Haut Potentiel Intellectuel se réfère aux enfants et adultes qui possèdent des capacités intellectuelles considérées comme supérieures à la norme. En général, un individu est considéré comme étant à haut potentiel intellectuel lorsque son QI dépasse 130, un score que seulement 2 à 3 % de la population atteint. Toutefois, il est important de noter que le QI ne capture qu’une partie des capacités intellectuelles d’une personne. Le HPI ne se résume donc pas uniquement à ce chiffre.

En effet, le test de QI mesure principalement les capacités verbales et logiques, mais il n’évalue pas des aspects essentiels tels que la créativité, l’intelligence émotionnelle, ou encore les compétences sociales. Comme le souligne Nicolas Gauvrit, enseignant-chercheur en sciences cognitives, ces éléments jouent un rôle crucial dans la compréhension complète de l’intelligence d’un individu. C’est pourquoi les tests de QI doivent être utilisés avec précaution et ne devraient pas être le seul critère pour poser un diagnostic de HPI.

 

Les Tests de QI : utilité et limites

 

Les tests de QI sont l’outil principal utilisé pour évaluer les enfants à haut potentiel. Ils permettent de mesurer la capacité d’un individu à résoudre des problèmes, à raisonner logiquement et à comprendre des concepts abstraits. Toutefois, comme le soulignent de nombreux spécialistes, ces tests présentent des limites importantes. Bien qu’ils soient utiles pour identifier certains aspects cognitifs, ils ne reflètent pas l’intégralité de l’intelligence humaine.

Jeanne Siaud-Facchin, psychologue spécialisée dans le haut potentiel, rappelle que de nombreux enfants HPI présentent également une grande sensibilité émotionnelle, un aspect qui n’est pas mesuré par les tests de QI. De plus, certains enfants à haut potentiel peuvent avoir des troubles associés comme la dyslexie, la dyspraxie ou encore le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ces comorbidités complexifient encore davantage le profil de ces enfants, rendant nécessaire une évaluation plus globale.

 

Pourquoi un tel engouement pour le diagnostic HPI ?

 

Ces dernières années, le nombre de diagnostics d’enfants HPI a fortement augmenté. Cette hausse est en grande partie attribuée à la médiatisation croissante du sujet, notamment avec des émissions et séries télévisées comme HPI. Ce phénomène a conduit de nombreux parents à vouloir tester leurs enfants, espérant peut-être mieux comprendre certains comportements ou difficultés scolaires.

Cependant, comme le rapporte La Croix, cette augmentation des demandes de diagnostic ne signifie pas nécessairement qu’il y a plus d’enfants HPI qu’auparavant. En réalité, l’usage des tests de QI est devenu une réponse fréquente face à des difficultés scolaires ou comportementales, même si celles-ci ne sont pas toujours liées à un haut potentiel intellectuel. Certains professionnels s’inquiètent de l’usage systématique de ces tests, souvent réalisés sans prendre en compte le contexte émotionnel ou environnemental de l’enfant.

 

HPI et réussite scolaire : un lien complexe

 

Il existe une idée reçue selon laquelle les enfants à haut potentiel intellectuel réussissent forcément mieux à l’école. En réalité, la relation entre le HPI et la réussite scolaire est bien plus nuancée. Si certains enfants à haut potentiel s’épanouissent dans le système éducatif classique, d’autres peuvent rencontrer des difficultés d’adaptation.

En effet, certains enfants HPI peuvent s’ennuyer en classe, trouvant les activités trop simples ou répétitives. Cet ennui peut les conduire à des comportements perturbateurs ou à un manque de motivation. De plus, la grande sensibilité émotionnelle souvent présente chez ces enfants peut les rendre plus vulnérables au stress et aux troubles émotionnels, les empêchant ainsi de s’intégrer pleinement dans le système scolaire traditionnel.

Jeanne Siaud-Facchin souligne également que l’intelligence élevée peut parfois être perçue comme un fardeau par les enfants HPI, qui se sentent souvent incompris par leurs pairs ou leurs enseignants. Ce décalage social et émotionnel peut entraîner des troubles du comportement ou des difficultés d’intégration. C’est pourquoi l’accompagnement des enfants HPI doit aller au-delà de la simple évaluation de leurs capacités intellectuelles pour englober une approche plus globale, incluant le soutien émotionnel et social.

 

Un phénomène révélateur des attentes sociétales

 

L’attrait croissant pour le Haut Potentiel Intellectuel reflète également les attentes de notre société contemporaine, qui valorise fortement la performance et l’intelligence. Dans un monde où la réussite académique et professionnelle est souvent synonyme de prestige, il n’est pas surprenant que certains parents recherchent un diagnostic valorisant pour leurs enfants.

Cependant, comme le souligne Nicolas Gauvrit, cette obsession pour le QI peut parfois occulter d’autres qualités tout aussi importantes, telles que la créativité, l’empathie et la moralité. De nombreux parents associent le haut potentiel à une promesse de réussite, sans toujours réaliser que les enfants HPI rencontrent également des défis émotionnels et sociaux importants.

Il est donc essentiel de comprendre que l’intelligence ne se résume pas à un score de QI. Le bien-être d’un enfant HPI dépend de nombreux autres facteurs, tels que son environnement familial, ses relations sociales et son épanouissement personnel. Un accompagnement global et équilibré est la clé pour permettre à ces enfants de s’épanouir pleinement.