L’usage des opioïdes suscite des débats. Alors, doit-on avoir peur des opioïdes ? Quelles sont les précautions à prendre pour une gestion sécurisée de la douleur. Réponses.

 

La Société Française d’Étude et de Traitement de la Douleur (SFETD) organisera son Congrès annuel à Lille, au Grand Palais, du 27 au 29 novembre 2024. À l’approche de cet événement majeur dédié à la prise en charge de la douleur, La Société Française d’Étude et de Traitement de la Douleur (SFETD), à l’approche de son congrès annuel, éclaire ce sujet essentiel pour démêler la réalité des perception. Elle alerte notamment sur les dangers liés à l’interruption des prescriptions antalgiques, qui peuvent gravement compromettre la gestion efficace de la douleur.

 

Doit-on avoir peur des opioïdes?

Les opioïdes, ces médicaments puissants qui permettent de soulager la douleur, divisent. Entre leurs bienfaits incontestables et les risques qu’ils comportent, une part d’incertitude demeure. Alors, faut-il vraiment les craindre ?

 

Les opioïdes c’est quoi ?

Les opioïdes regroupent des substances naturelles et de synthèse, comme la morphine, le tramadol ou encore la codéine, utilisées pour soulager les douleurs modérées à sévères. Ils sont au cœur de controverses : d’un côté, des vies transformées grâce à un soulagement efficace ; de l’autre, des risques de dépendance ou d’abus.

 

« La crainte des dérives ne doit pas conduire à une opiophobie, qui risque d’aggraver l’oligoanalgésie – cette insuffisance à traiter la douleur de manière adéquate. »

Pr Valéria Martinez, présidente de la SFETD.

 

 

Pourquoi cette peur des opioïdes ?

La montée en flèche des addictions et des overdoses aux États-Unis a marqué les esprits. Cependant, la situation française est différente. Ici, les opioïdes forts, comme le fentanyl, sont soumis à une réglementation stricte, et les opioïdes faiblement dosés, comme la codéine, voient leur usage surveillé.

  • En 2022, 135 décès liés aux opioïdes ont été recensés en France, soit 0,2 décès pour 100 000 habitants, un chiffre bien inférieur aux 20 décès pour 100 000 habitants aux États-Unis​.

Cependant, les opioïdes faibles, tels que le tramadol, connaissent un mésusage croissant et suscitent l’inquiétude du réseau français d’addictovigilance.

 

Un équilibre délicat

Le défi est de trouver un équilibre entre éviter la dépendance et ne pas négliger les patients en souffrance. La SFETD insiste sur l’importance de la formation médicale et de la sensibilisation des patients.

  • Former les professionnels : Une meilleure compréhension des opioïdes permet de réduire les peurs injustifiées tout en promouvant une utilisation raisonnée.
  • Éduquer le public : Lutter contre la stigmatisation des patients sous traitement est essentiel pour garantir un accès sans jugement à ces médicaments indispensables.

 

« Le scandale avec les opioïdes, ce n’est pas de les prescrire, c’est de ne pas les prescrire. »

Pr Eric Serra, vice-président de la SFETD

 

Vers des prescription d’opioïdes plus sûre

La transition vers des ordonnances numériques sécurisées, prévue en 2025, représente une avancée. Cela pourrait limiter les falsifications et améliorer le suivi des prescriptions, tout en évitant les interruptions qui pénalisent les patients.

 

Faut-il vraiment avoir peur ?

Non, mais une vigilance éclairée est nécessaire. Les opioïdes, lorsqu’ils sont prescrits de manière adaptée, demeurent un outil essentiel pour soulager les douleurs les plus intenses. En revanche, l’abus et le mésusage doivent être rigoureusement encadrés.

 

À retenir :

  • Les opioïdes sont indispensables dans la gestion des douleurs sévères.
  • Une réglementation stricte et une formation médicale accrue sont les clés pour une utilisation responsable.
  • La peur ne doit pas remplacer la science, car priver un patient d’un traitement efficace est une injustice.

Les opioïdes ne sont ni des alliés aveugles ni des ennemis jurés. Ils nécessitent simplement une approche éclairée. Alors, plutôt que de les craindre, apprenons à les comprendre.