L’Efsa alerte sur le Bisphénol A (BPA) et une étude de l’UFC-Que Choisir révèle une présence généralisée de bisphénols dans les produits pour bébé et les contenants. L’Association demande d’interdire les bisphénols dans les produits courants à haut risque, compte tenu des perturbations endocriniennes qu’elles peuvent causer et de l’appel de l’Efsa à réduire drastiquement l’exposition des consommateurs.

Les bisphénols sont largement utilisés dans la fabrication de produits en plastique couramment utilisés dans notre vie quotidienne, tels que des jouets, des textiles et des boîtes de conserve. Bien que les risques du bisphénol A (BPA) soient connus depuis longtemps, de nombreux autres bisphénols utilisés en remplacement du BPA sont également suspectés d’être des perturbateurs endocriniens par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), avec des risques graves pour la santé humaine tels que des fausses couches, des dysfonctionnements sexuels et reproductifs, des retards cognitifs, etc. D’où la nécessité absolue d’interdire les bisphénols.

Plus de 10 ans après sa première alerte sur le BPA, l’UFC-Que Choisir a mené une étude pour rechercher la présence de ce composé ainsi que d’autres types de bisphénols dans plus d’une centaine d’emballages alimentaires et de produits pour bébés.

Plus de la moitié des anneaux de dentition pour bébés contiennent des bisphénols

Les tests ont révélé la présence de différents bisphénols dans 6 gourdes et tasses pour bébé sur les 14 testées, ainsi que dans 7 anneaux de dentition sur 12. Les anneaux de dentition sont particulièrement à risque car les bébés les mâchent tout au long de la journée. Les perturbateurs endocriniens sont particulièrement nocifs pendant les stades précoces du développement des enfants. Il est choquant que de nombreux fabricants n’aient pas encore pris de mesures appropriées pour limiter les risques potentiels de ces composés dangereux.

Les bisphénols sont largement présents dans des produits courants du quotidien

La présence de bisphénols dans les produits pour bébés pose un problème, mais cela ne se limite pas aux seuls produits qui leur sont destinés directement. En effet, les molécules de bisphénols ne sont pas protégées par la barrière placentaire et ne devraient pas être présentes dans les aliments consommés par la mère pendant la grossesse. Cependant, l’étude montre que les bisphénols sont encore largement utilisés dans les vernis plastiques des contenants alimentaires. Aucune des 12 boîtes de conserve et des 11 canettes de soda testées ne sont exemptes de bisphénols.

La réglementation est totalement obsolète

Il est surprenant de constater que les produits testés ne sont pas nécessairement non-conformes à la réglementation actuelle. La réglementation européenne est particulièrement laxiste car elle ne prohibe le BPA que pour les produits pour bébés, mais ignore les emballages alimentaires.

La France a étendu l’interdiction du bisphénol a à tous les contenants alimentaires, mais autorise tous les autres bisphénols, comme le fait également l’Europe. Les réglementations autorisent également des niveaux significatifs de présence de ces produits, bien que leur capacité à perturber le système hormonal soit prouvée même à très faible dose.

Il faut interdire tous les bisphénols !

L’accumulation de preuves de la nocivité des bisphénols plaide en faveur d’une interdiction totale ou au moins de l’interdiction des 34 bisphénols dangereux identifiés par l’Agence Européenne des produits chimiques (ECHA). À ce jour, seul le BPA est interdit parmi les 148 composés recensés.

Face aux résultats alarmants de l’étude et à la recommandation récente de l’Efsa de réduire l’exposition des consommateurs au BPA, l’UFC-Que Choisir demande aux autorités sanitaires françaises et européennes d’interdire l’utilisation de tous les bisphénols dans les emballages alimentaires et les produits pour enfants.

 

Sources :

Étude complète disponible dans le magazine Que Choisir numéro 624 du mois de mai, en kiosques le 20 avril 2023.

” Bisphenol A in food is a health risk’’ – Communiqué de presse – Efsa – 19 avril 2023