En cette période de confinement, nous n’avons jamais autant souffert d’éloignement et du coup nous avons un véritable besoin de proximité, de nous rapprocher, de nous voir et de nous embrasser. Cet isolement, que dis je, ce confinement, nous éloigne et remet en question l’amour de l’autre, l’amour pour l’autre. Notre amour, ce qui nous tient depuis tout ce temps. Cet attachement les uns aux autres qui du jour au lendemain est devenu le suspect numéro 1. Jamais nous ne pouvions imaginés être séparés les uns des autres. De l’autre à la limite, mais de tout le monde, jamais. Alors, comment vivre l’amour sans contact?
Lorsque l’on est loin de l’être aimé on ressent beaucoup de frustration. Et l’on se pose beaucoup de question. Surtout quand cela est du au confinement! Comme vivre l’amour sans contact? Comment continuer à être en lien malgré tout ça ? Comment garder le contact ? Comment désirer l’autre et rester désirable à ses yeux, malgré l’éloignement sanitaire ? Qui peut se soucier de mon désir, de mon besoin de corps à corps ? Alors qu’aucune autorisation de sortie ne mentionne cette nécessité. Que devons-nous comprendre, ou tout du moins admettre ? Les priorités du confinement occultent le rapport à l’être désiré, aimé, rencontré.
Est-il raisonnable d’imaginer que la nécessité vitale de tout être humain soit universelle ? Sommes-nous tous différents ou identiques? Comme il est nécessaire de respirer, manger, boire, dormir, n’est-il pas nécessaire de garder le contact charnel, affectif, sentimental à l’autre ?
C’est la question qui revient en boucle, l’autre est devenu un danger pour moi et moi un danger pour lui. Qui peut prétendre savoir où commence et où s’arrête le danger pour moi ? Ne suis-je pas plus en danger de ne pouvoir aimer ? La vie est-elle à ce point, possible sans amour ?
Regardons ne serait-ce que dans le règne animal. Comment faire pour que ce confinement corporel ne fasse pas de nous des prédateurs ? Comment allons-nous en ressortir ? Comment exulter cette pulsion de vie ? Pour ça aussi, il va falloir une autorisation ?
C’est le sans contact de l’amour qui nous fragilise. Quand reviendra l’être aimé ? Comment allons-nous nous retrouver ? Dans quel état mental, physique, psychique ?
Il s’agit de lutter contre un mal terrible l’effondrement intérieur. A la menace virale s’ajoute la menace produite par l’effet de du mouvement panique.
La solitude et le silence sont des outils pour qui sait s’en servir, nous sommes reclus et ce moment nous ne l’avons pas choisi c’est ça qui fait la différence.
Et si nous évitions d’en parler …
Nous sommes comme suspendus au temps et il nous faut trouver du positif, l’injustice est que tout le monde ne vit pas également ce confinement.
Nous sommes perdus dans la ville confinée, les villes sont vides on a parfois l’impression d’être au mois d’aout mais non nous ne sommes qu’en avril. Les grilles des parcs sont fermées, on aperçoit les pâquerettes et les iris sont revenus nous annoncer que c’est le printemps. L’herbe est haute, le jardinier doit être confiné lui aussi, on entend plus les enfants crier à la sortie des écoles ça manque.
On regarde la ville différemment, notre attestation dans la main doit on choisir entre franprix et la promenade autorisée …
J’ai peur ai-je mis la croix dans la bonne case ?
Je ne rencontrerai personne, personne ne me regardera, le facteur ne passera pas mais tout le monde s’en fou puisque le monde s’arrête.
J’ai ouvert ma boite aux lettres une facture, je l’ai mise dans la boite aux lettres du voisin, histoire de me distraire et de l’obliger à me dire que le facteur a fait une erreur. Faut bien faire du lien, on s’amuse comme on peut. Les herbes folles poussent et ça fait du bien de les regarder, regarder, c’est déjà ça….
Parfois le temps parait long, on tourne et on retourne dans l’appartement, le ménage c’est fait, le bricolage et le jardinage aussi… Alors les yeux rivés sur la pendule on attend.
Nous sommes comme les femmes de marin qui attendent à quai.
Les femmes, les maris, les amants et les maitresses attendent ce moment de liberté retrouvé. Sans oser se l’avouer, on le fantasme sous les draps. Chaque jour qui passe, on pense à l’autre, on a peur de le perdre, de se perdre. On se débrouille comme on peu, on se touche par écran interposé. On s’invente une tout autre relation, plus romantique pour certains, plus hard pour d’autres. On se dit qu’un jour prochain, on pourra de nouveau se toucher. Différemment peut-être. En attendant, du bout de nos écrans, on s’appelle, on redouble d’attention pour son anniversaire, on tente de faire la paix, afin de s’apaiser soi-même. On confine la raison du désaccord, en se disant que « la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. »
C’est fou de se dire, qu’il vaut mieux ne pas se toucher, c’est déjà du sans contact avec la carte bleue dans les supermarchés, mais sans contact avec toi c’est pire que tout. Je crains le sans contact avec le corps de l’autre comme à la caisse de mon supermarché.
Actuellement dans la rue les gens se sourient, à la fenêtre les gens se saluent, on a jamais autant prit soin de l’autre, ça fait du bien de voir ça… L’humain fait du bien, on a envie d’enlacer, de câliner, d’être là tout prêt mais non, un petit rappel nous dit de nous éloigner. Comme tout est une question d’argent, attention aujourd’hui de ne pas trop vous rapprocher, ça vous en couterait minimum 135 euros.
On a l’impression d’être dans un monde en paix et pourtant, on nous demande de mettre une distance, une barrière de sécurité, c’est alors que je me pose la question qui suis-je pour toi ?
L’intrusion du virus dans notre vie intime a des effets sur notre vie de couple.
La fusion du couple a ses limites, certains s’y complaisent mais comment feront ils avec le dé confinement…
C’est un tsunami qui submergent certains couples qui n’ont pas pu ou pas su prendre la distance, la violence est alors au rendez vous qu’adviendra t’il pour ces couples et ces familles.
Réapprendre à communiquer
Faire table rase, pour pouvoir avancer
Il faut réapprendre à vivre ensemble différemment, s’il y a suspicion de maladie pour nous ou notre partenaire, il faut éviter les contacts et surtout les baisers.
Vivre 24 H SUR 24 ensemble cela peut nous mettre dans une fusion ou dans une séparation.
Plus personne ne prend soin de lui, on reste en pyjama toute la journée, les rythmes ont disparus.
Sois belle et confine toi, c’est ce qu’on se répète devant son miroir comme un slogan publicitaire.
Avant on se contentait d’envoyer un SMS de temps en temps maintenant on passe des heures et des nuit au téléphone.
On compense le sentiment de vide crée par la distanciation sociale, par du bruit…
On sait qu’il est 20h les gens aux fenêtres applaudissent. Solidaires mais solitaires nous sommes.
On se fait des apéros visio pour être plus proche mais la chair nous manque.
Et toi, dis moi que tu m’aimes tous les jours sont les même amoureux solitaires, j’ai besoin d’un signe de toi juste un peu de chaleur quelque chose qui me réchauffe le cœur.
On se laisse aller à avoir un état d’âme de midinette, en feuilletant les magazines anciens on se dit qu’un jour ce sera bien , ce sera différent , on rêvasse en chantant et en imaginant.
N’oublions pas de revenir à l’essentiel, ce temps de confinement est l’occasion d’avoir une réflexion sur soi.
Mettons en place des rythmes pour ne pas trop se décaler, ne pas confondre le jour et la nuit.
Prendre le temps de s’organiser pour faire des choses qui nous tiennent à cœur, ne pas se laisser submerger par les informations extérieures qui ne nous parlent que d’une seule chose et de plus se contredisent sans cesse, cela nous rend schizophréne.
Pour se prémunir des angoisses et des idées noires, agissons sur le présent et apprenons à nous faire du bien.
C’est notre cadre de vie actuel, nous n’y pouvons rien, il y a de nombreuses choses à faire, se réorganiser, méditer, se rendre utile d’une manière ou d’une autre même à distance c’est possible.
C’est le moment propice pour faire de la place dans notre esprit, détachons nous des chaines, revisitons nos vies, nos envies et nos besoins.
Nous avons du temps à partager, sécurisons les liens que l’on croit acquis, on ne peut plus se toucher mais nos liens se resserrent. Nous avons le temps de penser à ceux que nous négligeons, vivons ce moment avec empathie et compassion.
Essayons de faire passer le collectif avant notre petit moi. C’est le moment de Lâcher prise de se recentrer, repenser nos habitudes, faire des bilans….
Fenêtre ouverte respirons bien fort, apprenons à faire avec, n’oublions pas que nous ne sommes pas enfermés à l’intérieur de nous même.
On regrette de ne pas avoir passé assez de temps ensemble, qu’est ce qui nous empêchait de faire cela ?
On regrette de ne pas dire assez aux gens qu’on aime qu’on les aime.
Le lien nous manque, et pourtant nous sommes reliés les uns aux autres par les réseaux, tellement reliés qu’on étouffe parfois.
Un jour viendra ou nous serons très proche l’un de l’autre, avec contact….
Pascal Anger