France Assos Santé alerte sur ces restes à charge qui échappent aux statistiques mais qui peuvent peser lourd sur le budget de personnes malades ou en situation de handicap.

Le reste à charge (RAC) moyen par Français serait de 214€ par an. Un montant en baisse selon les études de la DREES. Nos enquêtes et nos remontées de terrain ne disent pas tout à fait la même chose. D’abord cette moyenne cache des disparités très importantes selon les publics : âge, situation de santé, validité etc… Ensuite, certains restes à charge dits « invisibles » ne sont jamais pris en compte.

Invisibles statistiquement, mais pas indolores pour les patients. En amont de leur Journée nationale « Renoncement aux soins, restes à charge, refus de soins : Comment lever les barrières de l’accès aux soins ? », France Assos Santé a donc soumis à des personnes malades ou en situation de  handicap un questionnaire standardisé en ligne. L’association leur a demandé d’évaluer l’ensemble de leurs dépenses liées à la santé, en particulier celles sortant du périmètre classique des restes à charge tels que définis par la DREES : matériels médicaux, produits d’hygiène et de stérilisation non remboursés, frais de déplacement ou d’hébergement pour se rendre aux consultations, consultations psychologue, ergothérapeute… etc.

351 personnes ont répondu à notre enquête en ligne, toutes vivant avec une maladie chronique et/ou en situation de handicap.

Le montant moyen déclaré par les répondants pour ces RAC dits « invisibles » est tout sauf anecdotique : environ 1000€ en moyenne par an et par personne, et pour 22% d’entre elles plus de 1500€. Attention, ces résultats n’ont pas la prétention d’être représentatifs de l’ensemble des personnes malades. Ils jettent toutefois un éclairage intéressant sur la grande diversité des restes à charge qui échappent aux statistiques officielles. Ils donnent également une idée du poids que ces RAC peuvent représenter dans le budget souvent serré de personnes malades. « Nous le savons : la maladie précarise, le handicap précarise. Or ces personnes sont exposées aux restes à charge les plus élevés, qu’ils soient visibles ou invisibles. C’est un peu la double peine » déplore Gérard Raymond, président de France Assos Santé.

Difficultés financières, endettement et renoncement aux soins. Les conséquences de ces restes à charges dits « invisibles » sur la santé des répondants – y compris financière, sont inquiétantes : plus de 70% déclarent renoncer à des dépenses de santé en raison de coûts trop importants et plus de 50% font part de difficultés financières du fait de ces dépenses. Avec pour un quart d’entre eux la nécessité de solliciter des moyens connexes pour faire face à ces frais (crédit à la consommation, sollicitation des proches).

France Assos Santé, représentants des personnes malades et des usagers de la santé, cette enquête bien que lacunaire montre à quel point le montant réel des restes à charge en santé reste sous-évalué. Tous ces RAC « off the radar » plombent le budget de personnes déjà fragilisées par la maladie ou le handicap.

Parce que nous ne sommes pas coupables d’être malades ou en situation de handicap, l’association demande :

  • Que des études poussées et exhaustives soient menées par les pouvoirs publics pour « capturer » l’ensemble des restes à charge, directs ou indirects et évaluer leur impact réel.
  • La conception de dispositifs de prise en charge personnalisés, en fonction notamment de l’état de santé et du reste-à-vivre des personnes malades et/ou en situation de handicap. Il pourrait par exemple s’agir de « forfaits hygiène », ou de la prise en charge de certains frais ou de certaines consultations (psy, diététiciens, ergothérapeutes), avec accord préalable du médecin conseil.

A lire :

Handicap : s’équiper d’un fauteuil roulant électrique
 Une étude de l’Institut National de la Consommation/60 Millions de consommateurs et de l’AFM-Téléthon

De la prescription du médecin à la livraison d’un fauteuil il peut s’écouler dix-huit mois !

 
S’équiper d’un fauteuil électrique relève du parcours du combattant, c’est ce que révèle l’étude de l’Institut national de la consommation réalisée avec l’association AFM Téléthon. Cette étude qui a duré trois ans, a suivi les démarches d’une trentaine de personnes volontaires pendant l’acquisition et l’utilisation d’un fauteuil roulant électrique, afin d’évaluer la qualité de service des vendeurs ainsi que leur service après-vente.
 
La longueur des procédures, les sommes en jeu et les délais de livraison dévoilent un système semé d’embûches qui rend le quotidien difficile. Ils ne sont pas compatibles pour des personnes dont les besoins évoluent avec le temps. De la prescription du médecin à la livraison du fauteuil il peut s’écouler dix-huit mois !
 
Les démarches sont notamment longues concernant la partie financière. Certains modèles très techniques peuvent coûter entre 15 000 et 30 000 euros et il faut contacter de nombreux organismes pour la prise en charge du fauteuil. Une fois le financement validé et le fauteuil commandé, il faut encore compter en moyenne douze semaines pour le recevoir.
 
S’agissant du service après-vente, si la qualité d’écoute des distributeurs est globalement appréciée, les pannes et dysfonctionnements sont fréquents et les distributeurs renvoient souvent le client vers le fabricant, souvent implanté à l’étranger, esquivant alors leurs obligations, y compris la mise en œuvre de la garantie légale de conformité des produits. Parmi les 18 panélistes qui ont utilisé leur fauteuil pendant un an, onze n’ont rencontré aucun problème alors que sept ont subi une panne ou un dysfonctionnement les obligeant à contacter le vendeur, soit plus d’un panéliste sur trois. Les problèmes arrivent notamment sur la batterie et le boîtier de commande, mais aussi les coussins d’assise, et un des fauteuils utilisé montrait des signes dangereux de basculement en avant.
 
L’expertise juridique des devis et factures relatifs à la fourniture de ces équipements par l’INC, met en évidence un manque de clarté et de rigueur, notamment sur le prix des matériels, les modalités de règlements, la dénomination des options et les délais et modalités de livraison.
 
Les résultats de l’étude sont disponibles sur : www.inc-conso.fr et dans le mensuel 60 Millions de consommateurs de décembre 2019.