Voici comment l’hepcidine, hormone régulatrice du fer, ouvre de nouvelles pistes pour le traitement du psoriasis. Une avancée prometteuse dans la gestion de cette maladie inflammatoire chronique.

 

 

Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique qui affecte principalement la peau, touchant environ 2 à 3 % de la population mondiale. Caractérisée par une prolifération rapide et excessive des cellules épidermiques, cette maladie se manifeste par des plaques rouges couvertes de squames, souvent accompagnées de démangeaisons. Malgré les progrès réalisés dans le traitement du psoriasis, cette maladie de peau demeure incurable, nécessitant une gestion à long terme pour améliorer la qualité de vie des patients.

 

Découverte clé :  l’hepcidine, hormone du fer, impliquée dans le psoriasis

 

Une avancée significative dans la compréhension du psoriasis a été réalisée par l’équipe de Carole Peyssonnaux, directrice de recherche à l’Inserm, au sein de l’Institut Cochin (Inserm/CNRS/Université Paris Cité). Cette équipe de chercheurs a mis en lumière le rôle crucial de l’hepcidine, une hormone régulatrice du fer, dans le développement du psoriasis.

Jusqu’à récemment, la présence de fer dans l’épiderme des patients atteints de psoriasis était un fait bien documenté, mais le lien avec l’hepcidine, principalement synthétisée par le foie, n’avait jamais été exploré dans le contexte du psoriasis. L’équipe de Peyssonnaux a démontré que l’hepcidine est également produite par la peau des patients atteints de psoriasis, notamment dans les formes sévères comme le psoriasis pustuleux.

 

Le rôle de l’hepcidine dans le développement du psoriasis

Pour approfondir cette découverte, les chercheurs ont développé des modèles murins où le gène de l’hepcidine était soit inactivé, soit surexprimé spécifiquement dans l’épiderme. Les résultats ont révélé que l’activation de ce gène induit des caractéristiques typiques du psoriasis, telles que des lésions cutanées et le recrutement de neutrophiles dans l’épiderme. Inversement, l’inactivation du gène entraînait la disparition des marqueurs du psoriasis.

 

Carole Peyssonnaux explique :

 

« L’hepcidine joue un rôle clé dans le développement du psoriasis. Lors du déclenchement de la maladie, l’hepcidine produite par l’épiderme favorise la rétention de fer dans les cellules cutanées, ce qui stimule la division excessive des cellules épidermiques. De plus, cette rétention de fer contribue au recrutement des neutrophiles, caractéristique des lésions psoriasiques. »

 

 

Vers de nouveaux traitements ciblant l’hepcidine pour traiter le psoriasis

 

Ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques pour traiter le psoriasis. L’équipe de recherche travaille actuellement sur le développement de médicaments capables de neutraliser l’action de l’hepcidine. Si ces médicaments s’avèrent efficaces dans des modèles animaux, ils pourraient être utilisés pour gérer les formes aiguës et résistantes du psoriasis.

La découverte du rôle de l’hepcidine dans le psoriasis représente une avancée significative dans la compréhension de cette maladie complexe. En ciblant cette hormone, les chercheurs espèrent développer des traitements plus efficaces dont des options d’entretien après une poussée ou pendant les phases de rémission, afin de prévenir la récurrence de la maladie, offrant un nouvel espoir aux millions de personnes atteintes de psoriasis dans le monde. Cette recherche marque une étape importante vers une meilleure gestion et, potentiellement, vers une guérison future de cette pathologie chronique. De plus des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si l’hepcidine pourrait jouer un rôle dans d’autres maladies inflammatoires de la peau.

 

Ces résultats de l’étude sont publiés dans la revue Nature Communications.