Une douleur au bas du dos et dans la fesse, qui irradie jusque dans l’aine… Spontanément, vous pensez à une lombalgie ou une sciatalgie (la fameuse « sciatique »). Et si c’était un syndrome sacro-iliaque ? Pour le comprendre et savoir comment le traiter lisez ce qui suit.

Encore méconnu, le syndrome sacro-iliaque provoque des symptômes sensiblement similaires  à une lombalgie ou à une sciatique qui entretiennent la confusion et engendrent une errance diagnostique et thérapeutique de plusieurs années chez de nombreux patients.

Le syndrome sacro-iliaque, une pathologie fréquente, trop rarement invoquée

La douleur de l’articulation sacro-iliaque, ou syndrome sacro-iliaque, désigne un phénomène douloureux qui siège au niveau de l’une des deux articulations reliant les os du bassin (os iliaques) au sacrum (os situé entre la colonne vertébrale et le coccyx). La fonction principale des articulations sacro-iliaques est d’absorber les chocs et d’augmenter la stabilité du tronc.

Le principal symptôme de la douleur de l’articulation sacro-iliaque, comme son nom l’indique, est une douleur, souvent aiguë, lancinante ou sourde, localisée dans le bas du dos ou à l’arrière de la hanche. Elle est parfois ressentie dans l’aine, la cuisse, sous le genou ou dans les fesses1. Elle peut être aggravée par les mouvements ou les positions qui sollicitent l’articulation sacro-iliaque : passer de la position assise à la position debout, monter les escaliers, rester debout ou assis de façon prolongée, rester allongé sur un côté, porter des charges lourdes, courir…

La douleur de l’articulation sacro-iliaque est assez semblable, et donc souvent confondue, avec celle engendrée par les lombalgies chroniques et/ou la sciatalgie (inflammation du nerf sciatique). Selon les estimations, entre 15 et 30 % des douleurs lombaires chroniques attribuées à ces deux troubles seraient en réalité dues à des douleurs de l’articulation sacro-iliaques2. D’après la plus grosse étude menée sur le sujet3, qui a porté sur près de 1300 adultes se plaignant de douleurs lombaires chroniques, la prévalence des problèmes articulaires sacro-iliaques s’élèverait à 22,5 %.

De multiples causes à l’origine des douleurs sacro-iliaques

L’articulation sacro-iliaque étant très sollicitée au quotidien, elle s’use avec le temps… Par conséquent, l’arthrose figure parmi les causes des douleurs sacro-iliaques. Mais une étude4 menée chez des patients pour lesquels un syndrome sacro-iliaque avait été diagnostiqué a montré que la première cause de ces douleurs est un traumatisme (44%, (dont 54 % véhicules à moteur, 25 % chute sur les fesses), et que le stress intervient dans 1 cas sur 5. Une chirurgie antérieure de la colonne vertébrale (en particulier une arthrodèse des vertèbres lombaires), une grossesse ou encore un écart de longueur entre les deux jambes peuvent également en être responsables. L’articulation sacro-iliaque étant une articulation synoviale, elle peut également être touchée par des maladies inflammatoires telles que la spondylarthrite ou la goutte, et provoquer des douleurs sacro-iliaques. Enfin, dans 35 % des cas, la cause reste indéterminée.

Un diagnostic délicat

Le diagnostic des douleurs de l’articulation sacro-iliaque peut être particulièrement délicat dans la mesure où diverses pathologies peuvent générer des douleurs dans cette zone, comme une hernie discale, une sténose spinale, un syndrome du piriforme ou un canal lombaire étroit. Les errances diagnostiques sont, par conséquent, fréquentes, comme en témoigne Stéphanie, une patiente du Dr Eric Enkaoua, chirurgien orthopédique à l’Institut Parisien du Dos.

« Je pensais que mes douleurs lombaires étaient dues à mon spondylolisthésis (glissement d’une vertèbre en avant de la vertèbre située en dessous d’elle (antéspondylolisthésis) ou en arrière (rétrolisthésis) pour lequel j’étais suivie depuis 5 ans. L’œil expert du Dr Enkaoua lui a permis de réaliser que ce problème n’était pas à l’origine de mes douleurs, mais que celles-ci étaient dues à un problème de l’articulation sacro-iliaque ».

Stéphanie, opérée pour une arthrodèse sacro-iliaque par le Dr Eric Enkaoua, chirurgien orthopédique à l’Institut Parisien du Dos.

Le médecin s’appuie généralement sur une combinaison de tests physiques pour valider l’implication de l’articulation sacro-iliaque dans la douleur du patient. Pour qu’un test soit positif, il doit reproduire la douleur typique du patient dans la région de l’articulation sacro-iliaque :

  • Le test de Fortin : il est positif lorsque le praticien provoque une douleur en appuyant sur un point situé à 2 cm en inféro-médial de l’épine iliaque postéro-supérieure.
  • Le test de distraction iliaque : le patient est allongé sur le dos tandis que le praticien applique une pression sur les ailes iliaques, de manière à « ouvrir » le bassin du patient ;
  • Le test de compression du sacrum (ou test du thrust sacré) : le patient est allongé sur le ventre, le thérapeute superpose ses mains en regard du sacrum du patient, et exerce une force dirigée vers le sol. Ce test peut également s’effectuer le patient allongé sur le côté non douloureux, et le praticien exerçant une pression régulière sur le côté du
  • La manœuvre de Gaenslen : le patient est allongé sur le dos, la jambe du côté douloureux laissée pendante sur le côté de la table d’examen, l’autre jambe (non douloureuse) fléchie. Le praticien accentue à la fois l’extension de la hanche douloureuse et le fléchissement de l’autre
  • Le test de FABER (flexion, abduction et rotation externe, également appelé test de Patrick) : le patient est allongé sur le dos, la cheville de la jambe douloureuse pliée au-dessus du genou ; tout en maintenant le bassin plaqué au sol, le praticien applique une pression sur le genou du patient en direction du sol, pour augmenter l’amplitude de rotation externe de la rotation externe de la hanche.
  • La poussée de la cuisse : le patient est allongé sur le dos, la jambe fléchie à 90° à hauteur de sa hanche ; le thérapeute place une main sous son sacrum et, avec l’autre, appuie sur le genou de son patient en direction du sol.

Mais le test diagnostique de référence pour le dysfonctionnement de l’articulation sacro-iliaque repose sur la réalisation d’un bloc-test, explique le Dr Eric Enkaoua, chirurgien orthopédique à l’Institut Parisien du Dos. « Cela consiste à injecter de la xylocaïne (un anesthésique) dans l’articulation sacro-iliaque, sous contrôle radiologique. Si le patient ressent une amélioration d’au moins 75 % de la douleur pendant plusieurs heures ou plusieurs jours, le test est considéré comme « positif » et confirme le diagnostic de douleur sacro-iliaque ».

En cas d’échec aux traiements « non interventionnels », l’arthrodèse sacro-iliaque se révèle très efficace

La prise en charge des patients souffrant de douleurs sacro-iliaques repose sur plusieurs approches thérapeutiques dites « non interventionnelles » :

  • Les médicaments antalgiques et anti-inflammatoires,
  • La kinésithérapie, l’ostéopathie ou la médecine du sport,
  • Les infiltrations : l’injection de corticostéroïdes peut soulager des douleurs aiguës mais ne peuvent être utilisées comme traitement à long terme et n’empêchent pas les récidives.
  • L’algologie interventionnelle consiste à neutraliser les nerfs sensitifs qui conduisent les messages douloureux depuis l’articulation sacro-iliaque jusqu’au Après un test positif de blocage neurologique réalisé avec des anesthésiants locaux, le médecin spécialiste applique, sous contrôle radiologique, une aiguille au contact des nerfs afin de les brûler.

Si ces traitements conservateurs bien conduits pendant 3 mois ne permettent pas de soulager la douleur du patient, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Appelée arthrodèse sacro-iliaque, son but est de bloquer l’articulation sacro-iliaque en fusionnant le sacrum à l’os iliaque au moyen de plaques et de vis jusqu’à ce qu’ils finissent par fusionner suite à leur croissance.

Depuis plusieurs années, la fusion de l’articulation sacro-iliaque peut être réalisée au moyen d’implants en titane. L’intervention nécessite une courte incision de 3 à 5 cm sur la fesse du côté malade afin de mettre en place des broches de repérage sous contrôle radioscopique. Puis trois implants en titane sont positionnés entre le sacrum et l’iliaque afin de créer un pont entre ces deux articulations ; ces implants vont être colonisés par l’os du patient et venir bloquer l’articulation sacro-iliaque. Le blocage de cette articulation, naturellement peu mobile, n’engendre pas de gêne majeure.

« Cette approche assure une meilleure fusion du sacrum et des os iliaques que l’approche classique », assure le Dr Enkaoua.

Réalisée sous anesthésie générale et prise en charge à 100 % par l’Assurance Maladie, l’opération nécessite une hospitalisation de 24 à 48 heures. Pour un résultat optimal, le patient est levé dès le lendemain de l’intervention. Il doit marcher pendant 3 semaines avec des béquilles, avant de reprendre ses activités.

« J’avais une douleur lancinante dans le dos, qui me réveillait la nuit. Deux mois après mon opération pour une arthrodèse sacro-iliaque avec l’implant iFuse, je n’ai plus de douleurs, tout va bien ».

Gisèle, patiente du Dr Eric Enkaoua, chirurgien orthopédique à l’Institut Parisien du Dos.

Des bénéfices qui durent dans le temps, témoigne Stéphanie.

« Cinq mois après mon opération pour une arthrodèse sacro-iliaque avec l’implant iFuse, réalisée par le Dr Enkaoua, je n’ai plus aucune douleur, j’ai pu reprendre toutes mes activités, je fais 40 km de vélo par semaine, j’arrive à m’asseoir en tailleur… bref, j’ai l’impression de revivre ! ».

Stéphanie, opérée par le Dr Eric Enkaoua, chirurgien orthopédique à l’Institut Parisien du Dos.

Des propos que confirme le Dr Enkaoua :

« Cela fait 3 ans que j’utilise l’implant iFuse pour réaliser des arthrodèses sacro-iliaques, et j’obtiens d’excellents résultats. »

 

Sources :

1 Sembrano JN, Reiley MA, Polly DW, Garfin SR. Diagnosis and treatment of sacroiliac joint pain. Current Orthopaedic Practice. 2011;22(4):344-350.

2 Cahueque M., Ardebol J., Armas J, Azmitia E. Sacroiliac pain: diagnosis and treatment. Acta Ortop Mex. Jan-Feb 2021;35(1):85-91

3 Bernard, Kirkaldy-Willis

4 Chou LH et al. Inciting events initiating injection-proven sacroiliac joint syndrome. Pain Med 2004; 5:26-32