Les contreterroristes ont mis au point une dangereuse pratique qui utilise l’IA pour racketter les adolescents. Son nom :  la sextorsion, Explications et conseils pour protéger vos ados.

Un type d’escroquerie inquiétant se répand : la sextorsion, où les escrocs utilisent l’intelligence artificielle pour superposer des images de leurs victimes sur des vidéos sexuellement explicites, puis les font chanter.

La sextorsion est un crime sérieux et, avec la montée de l’usage de l’intelligence artificielle pour créer des « deepfakes« , elle devient une préoccupation croissante dans le domaine de la cybersécurité. Car les pirates sont partout !!!

Qu’est que la sextorsion ?

La sextorsion (combinant les termes « sexe » et « extorsion« ) est une forme de chantage en ligne, où les escrocs créent des images ou vidéos de jeunes, souvent adolescents, dans des postures nues ou sexuelles, et menacent de les diffuser si ils ne ne payent pas.

Menaces et chantage : la victime est menacée de voir ces photos et vidéos nus ou en faisant l’amour, partagées sur les réseaux sociaux, à sa famille, ses amis  si elle ne se conforme pas aux demandes du maître-chanteur.

Cibles : bien que n’importe qui puisse être victime de sextorsion, les adolescents et les jeunes adultes sont plus souvent victimes du fait de leur forte présence sur internet et de leur compréhension parfois limitée des risques des arnaques et hackers.

Comment procèdent les escrocs de sextorsion ?

Dans certains cas, les cybercriminels réussissent à pirater les comptes de leurs victimes pour ensuite les faire chanter, mais souvent, ils mènent des campagnes visant à provoquer une panique générale chez les destinataires dans le but de leur extorquer de l’argent.

Et ce n’est pas nouveau : un rapport du Sénat de 2020 cite l’exemple de deux jeunes Français de 21 ans, jugés coupables d’une vaste campagne de chantage en 2019. Ce duo a envoyé des millions de messages menaçant de révéler des vidéos intimes. Ils ont été arrêtés suite aux signalements de 28 000 personnes, parmi lesquelles plus de 2 000 ont porté plainte.

Avec l’augmentation des fuites de données personnelles, les hackers adaptent leurs tactiques pour rendre leur fraude informatique, leurs escroqueries plus crédibles. Ils intègrent désormais de vrais mots de passe dans les mails envoyés aux victimes. Grâce à des logiciels automatisés (bot), il est relativement facile pour ces pirates de retrouver un mot de passe associé à un email provenant d’une base de données hackée avec des logiciels malveillants. Ils utilisent ensuite ce mot de passe pour posséder toutes les informations personnelles, prétendre avoir accès à des photos compromettantes de la victime et envoient un message demandant une rançon, créant ainsi un sentiment de panique accru.

L’approche des cybercriminels est lucrative. Leur message, ne contenant pas de pièce jointe, échappe souvent aux filtres anti-spam des messageries. De nos jours, il est donc relativement facile pour eux de dénicher des mots de passe grâce à hameçonnage et à intelligence artificielle. Leur principal défi reste de convaincre le destinataire du message de lui communiquer ses coordonnées bancaires ou de lui faire un virement et, donc, de racketter les ados en deux temps trois mouvements.

Augmentation de la sextorsion chez les 14-17 ans

L’Office des mineurs (Ofmin) en France a enregistré une hausse de 470 % des signalements en un an, passant de 1.174 en 2022 à 5.549 en 2023. Cette tendance n’est pas limitée à la France ; des hausses similaires sont rapportées au Canada et en Espagne. Les cybercriminels agissent rapidement et de manière agressive, laissant peu de temps à la victime avant de payer.

L’accès croissant des jeunes générations, y compris des mineurs, aux réseaux sociaux les rend particulièrement vulnérables aux pratiques criminelles en ligne. Ces jeunes sont très souvent ciblés par des messages faisant faussement référence à des images qu’ils auraient soi-disant partagées sur des plateformes populaires comme Instagram ou TikTok.

Les adolescents, souvent désorientés et isolés, se sentent contraints de payer, généralement entre 100 et 150 euros. Une fois qu’ils paient, les montants demandés peuvent augmenter.

Conséquences tragiques

Les victimes de sextorsion peuvent subir un stress émotionnel intense, de l’anxiété, de la honte, et dans les cas extrêmes, cela peut conduire à des problèmes de santé mentale graves ou même au suicide.

Cette forme d’escroquerie numérique peut mener à des issues tragiques, comme en témoigne le cas d’un préadolescent de 12 ans en Colombie-Britannique, Canada, qui s’est suicidé qui a été victime d’une sextorsion.

Conseils en cas de sextorsion

La prévention passe par l’éducation sur les dangers de partager des images intimes en ligne et la connaissance des signes de manipulation. Si un adolescent est victime de sextorsion, il est conseillé de bloquer le compte de l’escroc, de ne pas céder aux demandes du maître-chanteur, de faire des captures d’écran des échanges, de porter plainte et/ d’appeler le 3018, le numéro d’aide aux victimes de cyberharcèlement.

 

 

Sophie Madoun