Ségur de la santé : immense déception pour les médecins. Malgré de grandes avancées pour les soignants les urgentistes estiment que « la montagne accouche d’une souris ». Explications.

La révision de la grille de salaires des praticiens hospitaliers du Ségur de la Santé ne se traduit que par des augmentations de salaires minimes en fin de carrière (environ 330 euros nets par mois) et une revalorisation de 300 à 500 euros en fonction de l’ancienneté pour la prime d’exercice public exclusif. La conclusion pour l’AMUF (association des Médecins Urgentiste de France) déclarent tristement : Ségur de la santé : immense déception et France Assos Santé plus satisfaite par ces mesures souhaite tout de même attendre de voir…

Par contre, zéro euro de revalorisation pour les gardes et le temps de travail additionnel qui constituent le problème majeur avec la fuite des praticiens vers l’intérim. Alors que les différents ministres ont fustigé l’intérim qui est très coûteux pour les hôpitaux, rien n’est fait pour améliorer la rémunération des nuits, des jours de week-end et des jours fériés, ainsi que des heures supplémentaires, qui constituent le principal facteur de pénibilité à l’hôpital.

L’accord du Ségur de la Santé ne correspond pas aux attentes des professionnels de santé

Les médecins reçoivent tous les jours dans leurs boîtes de messagerie des propositions adressées par des sociétés d’intérim pour des vacations dans un très grand nombre d’hôpitaux, y compris dans les « grands » hôpitaux de l’AP-HP comme l’hôpital Georges Pompidou ! Les professionnels de santé ne savent pas comment ils vont pouvoir assurer les plannings pour cet été et le gouvernement refuse d’envoyer un signe positif aux praticiens qui ne souhaitent plus continuer à faire des efforts sans en être payés en retour.

En effet, alors que les horaires de travail des médecins, normalement limités à 48 heures par semaine sont allègrement dépassés pour assurer la continuité de fonctionnement des services, comment espérer trouver des volontaires pour faire des heures supplémentaires alors qu’elles restent moins bien payées que le temps de travail normal !

Ceux-ci considérent aujourd’hui que le pseudo-accord signé par certains syndicats ne répond pas aux attentes des professionnels de terrain. Les médecins pensent risquer d’assister à des démissions dans les semaines qui viennent, ce qui va les entraîner dans une spirale infernale d’aggravation des conditions de travail dans les services d’urgences et les SAMU-SMUR.

Ségur de la Santé : 600 jours pour transformer l’essai

Clap de fin pour le Ségur. Après un volet d’annonces financières, place aux annonces structurelles ! Une semaine après la signature des accords salariaux, Olivier Veran a annoncé hier trente-trois mesures pour réorganiser notre système de santé. France Assos Santé se félicite des annonces, et, parmi les 33, quelques-unes attirent favorablement leur attention :

  • La création de 4 000 lits « à la demande » et la réduction de la part de tarification à l’activité (T2A) ;
  • Les mesures concernant les inégalités territoriales de santé, notamment le renforcement des permanences d’accès aux soins de santé (PASS), le développement de 60 centres de santé et la mise en place d’une instance « stratégique des inégalités de santé » en région, comprenant des associations d’usagers ;
  • Le développement d’un Service d’Accès aux Soins (S.A.S.) avec un numéro d’appel unique pour un accès rapide à un professionnel de santé par tous les patients sur tout le territoire ;
  • La mutation appelée des vœux de la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA) qui deviendraient un véritable « parlement de la santé » en région et le renforcement de l’échelon départemental des ARS en garantissant leur autonomie et l’indépendance de leurs décisions.
  • Le virage développement durable pour tous les établissements de santé ;
  • L’annonce de la tenue d’un futur « Ségur de la santé publique » dès la rentrée prochaine (et la prise en compte de la santé environnementale ? à voir !)

Pour rappel France Assos Santé avait proposé aux pouvoirs publics 94 mesures sur tous les aspects. Celle-ci a donc été entendue sur des mesures fortes et structurantes pour réformer le système de santé, telles que l’accès aux soins, le renforcement de la santé publique ou la refonte des instances de démocratie en santé sur les territoires.

Cependant, France Assos Santé reste très attentif sur l’application de ces annonces sur le terrain. Gérard Raymond précise : « Nous serons vigilants à ce que ce panel de 33 annonces du Ségur ne finisse pas comme les 54 mesures de la réforme ma santé 2022 : sous la pile réglementaire ! Nous, associations d’usagers, souhaitons plus que jamais être parties prenantes du déploiement de ces mesures sur le terrain, contrairement à ce qui s’est passé pendant la COVID où la démocratie en santé a été mise entre parenthèses dans bien des territoires ! ».

Notre attention porte notamment sur la place indispensable que les associations d’usagers devront prendre dans le déploiement des mesures mais aussi et surtout le calendrier de mise en œuvre. Comment réformer structurellement notre système en 600 jours ? France Assos Santé est et sera vigilante sur la bonne exécution de la stratégie annoncée dans le temps imparti.