Découvrez les facteurs clés influençant les réponses immunitaires au virus SARS-CoV-2 chez différentes populations. Une étude de chercheurs de l’Institut Pasteur révèle comment l’infection antérieure au cytomégalovirus et la diversité génétique impactent la sévérité de la Covid-19. Explorez les implications pour la gestion des futures épidémies.

Au cœur de la pandémie de Covid-19, la variabilité des réactions immunitaires face au virus SARS-CoV-2 a suscité l’intérêt des chercheurs du monde entier. Une collaboration entre l’Institut Pasteur, le CNRS et le Collège de France a permis d’approfondir notre compréhension des déterminants de cette diversité. Cette étude novatrice s’est penchée sur les populations d’Afrique centrale, d’Europe de l’Ouest et d’Asie de l’Est pour examiner comment des éléments tels que l’infection antérieure au cytomégalovirus et les différences génétiques façonnent les réponses immunitaires et influencent la sévérité de la Covid-19. Dans cet article, nous explorons les découvertes clés de cette recherche et leurs implications pour la gestion future des épidémies.

 Facteurs clés de diversité des réponses immunitaires

L’Impact de l’infection au cytomégalovirus sur la réponse au SARS-CoV-2

L’étude met en lumière l’influence significative de l’infection antérieure au cytomégalovirus, une infection commune de la famille des herpès, sur les réponses immunitaires au virus SARS-CoV-2. Les chercheurs ont constaté que les proportions de la population avec des anticorps contre le cytomégalovirus variaient selon les régions géographiques, ce qui influençait la réactivité des cellules immunitaires face au nouveau coronavirus. Cette découverte souligne l’importance des facteurs environnementaux dans la modulation des réactions immunitaires.

Impact de la diversité génétique sur la sévérité de la Covid-19

En explorant les différences génétiques entre les populations, les scientifiques ont identifié environ 1200 gènes humains qui jouent un rôle crucial dans la réponse au SARS-CoV-2. Certains de ces gènes présentent des variations de fréquence entre les groupes étudiés, suggérant des pressions de sélection évolutives. Cette découverte ouvre une fenêtre sur l’influence passée des agents infectieux sur la génétique humaine et sur la manière dont ces facteurs façonnent la réponse immunitaire à la Covid-19.

Implications pour la gestion des épidémies futures

La compréhension des mécanismes sous-jacents à la variabilité des réponses immunitaires au virus SARS-CoV-2 revêt une importance cruciale pour la gestion efficace des futures épidémies. Ces découvertes pourraient guider le développement de traitements plus ciblés et adaptés à différentes populations, contribuant ainsi à atténuer l’impact de telles crises sanitaires à l’avenir.

« De précédentes études ont montré le lien entre certains des gènes identifiés dans notre étude et la gravité du COVID-19. Cette étude inclusive et diverse met ainsi en évidence l’impact direct des variants génétiques influençant les réponses immunitaires au SARS-CoV-2 sur la sévérité de la maladie du COVID-19. Elle établit également des liens entre des événements évolutifs passés, tels que la sélection naturelle ou le métissage néandertalien, et les disparités démographiques actuelles en matière de réponses immunitaires et de risque de maladie », explique Lluis Quintana-Murci, responsable de l’unité de Génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur et professeur au Collège de France, auteur co-principal de l’étude.

 

« En identifiant les voies cellulaires et moléculaires exactes des variants génétiques associés à la gravité de la Covid-19, cette étude fournit des indices pour des stratégies de médecine de précision qui permettraient soit d’identifier les individus à risque, soit de mettre au point de nouveaux traitements », complète Darragh Duffy, responsable de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur.

 

 

Ces travaux ont été financés par les instituts mentionnés plus haut, ainsi que par l’ANR (COVID- 19-POPCELL, POPCELL-REG, COVIFERON), le programme européen Horizon Health 2021 (UNDINE), la Fondation pour la Recherche Médicale, la Fondation Allianz-Institut de France et la Fondation de France.

 

Sources :

 

Dissecting human population variation in single-cell responses to SARSCoV-2, Nature, 9 août 2023

 

Yann Aquino1,2,27, Aurelie Bisiaux1,27, Zhi Li1,27, Mary O’Neill1,27, Javier Mendoza-Revilla1, Sarah Helene Merkling3, Gaspard Kerner1, Milena Hasan4, Valentina Libri4, Vincent Bondet5,Nikaia Smith5, Camille de Cevins6,7, Mickael Menager6,7, Francesca Luca8,9,10, Roger Pique-Regi8,9, Giovanna Barba-Spaeth11, Stefano Pietropaoli11, Olivier Schwartz12, Geert Leroux-Roels13, Cheuk-Kwong Lee14, Kathy Leung15,16, Joseph T.K. Wu15,16, Malik Peiris17,18,19,Roberto Bruzzone18,19, Laurent Abel20,21,22, Jean-Laurent Casanova20,21,22,23,24, Sophie A.Valkenburg18,25, Darragh Duffy5,19, Etienne Patin1, Maxime Rotival1,28* & Lluis Quintana-Murci1,26,28*

 

  1. Institut Pasteur, Universite Paris Cite, CNRS UMR2000, Human Evolutionary Genetics Unit, Paris,
  2. Sorbonne Universite, College Doctoral, Paris,
  3. Institut Pasteur, Universite Paris Cite, CNRS UMR2000, Insect-Virus Interactions Unit, Paris,
  4. Institut Pasteur, Universite Paris Cite, Cytometry and Biomarkers UTechS, Paris,
  5. Institut Pasteur, Universite Paris Cite, Translational Immunology Unit, Paris,
  6. Universite Paris Cite, Imagine Institute, Laboratory of Inflammatory Responses and Transcriptomic Networks in Diseases, Atip-Avenir Team, INSERM UMR1163, Paris, France
  7. Labtech Single-Cell@Imagine, Imagine Institute, INSERM UMR1163, Paris, France
  8. Center for Molecular Medicine and Genetics, Wayne State University, Detroit, MI,
  9. Department of Obstetrics and Gynecology, Wayne State University, Detroit, MI,
  10. Department of Biology, University of Rome Tor Vergata, Rome, Italy
  11. Institut Pasteur, Universite Paris Cite, CNRS UMR3569, Structural Virology Unit, Paris,
  12. Institut Pasteur, Universite Paris Cite, CNRS UMR3569, Virus and Immunity Unit, Paris,
  13. Ghent University and University Hospital, Ghent,
  14. Hong Kong Red Cross Blood Transfusion Service, Hospital Authority, Hong Kong SAR,
  15. WHO Collaborating Centre for Infectious Disease Epidemiology and Control, School of Public Health, Li Ka Shing Faculty of Medicine, The University of Hong Kong, Hong Kong SAR,
  16. Laboratory of Data Discovery for Health (D24H), Hong Kong Science Park, Hong Kong SAR, China
  17. Division of Public Health Laboratory Sciences, School of Public Health, Li Ka Shing Faculty of Medicine, The University of Hong Kong, Hong Kong SAR, China.
  18. HKU-Pasteur Research Pole, School of Public Health, The University of Hong Kong, Hong Kong SAR,
  19. Centre for Immunology and Infection, Hong Kong Science Park, Hong Kong SAR, China
  20. Giles Laboratory of Human Genetics of Infectious Diseases, The Rockefeller University, New York, NY, USA.
  21. Laboratory of Human Genetics of Infectious Diseases, INSERM UMR1163, Necker Hospital for Sick Children, Paris,
  22. Imagine Institute, Paris Cite University, Paris,
  23. Department of Pediatrics, Necker Hospital for Sick Children, Paris,
  24. Howard Hughes Medical Institute, New York, NY,
  25. Department of Microbiology and Immunology, Peter Doherty Institute for Infection and Immunity, University of Melbourne, Melbourne, Australia
  26. Chair Human Genomics and Evolution, College de France, Paris,
  27. These authors contributed
  28. These authors jointly supervised this

 

 

https://doi.org/10.1038/s41586-023-06422-9

 

Institut Pasteur