Entre le dicton déclarant : « a chaque…malheur est bon », la fameuse phrase de Nietzsche « ce qui ne tue pas rend fort » et les dires de bon nombre de psy avec comme figure de proue Boris Cyrulnik et son « Merveilleux Malheur », tout porte à croire que les épreuves forgent notre caractère, nous rend invincible, … à se demander si l’on ne devrait pas espérer subir les pires horreurs pour être heureux.

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Eclaircissements.

La résilience vient du verbe latin « resilio » qui veut dire sauter en arrière, revenir en sautant. En français, le mot « résilience » n’est pas très courant. Il vient du verbe latin « resilio » qui veut dire sauter en arrière, revenir en sautant.

La résilience est à l’origine une découverte anglo-saxonne des années 50. Durant 30 ans Emily Werner s’est penchée sur le sort des enfants des rues à Hawaï et essayera de savoir comment ces enfants réussissaient à fonder une famille et à se cultiver. Ces capacités, développées dans une totale adversité, constituent ce qu’elle choisit de nommer, en accord avec deux autres psychiatres, Normand Garmesy et Michael Rutter, la résilience. et très vite l’essor de son usage l’imposa aux Etats-Unis, tel un marqueur culturel d’optimisme, . Même si la résilience n’est synonyme ni d’invulnérabilité ni de réussite sociale, elle évoque notamment un « je m’en suis sorti ».

Dans les années 80, le concept de résilience a été très développé dans les domaines de la psychiatrie de l’enfant et de la psychopathologie du développement respectivement par Michael Rutter (1985) à Londres et Norman Garmezy (1985) aux Etats-Unis. Il a connu un essor important dans les revues scientifiques anglo-saxonnes notamment The Journal of Child Psychology and Psychiatry, The British Journal of Psychiatry, The American Journal of Psychiatry. Très vite l’essor de son usage l’imposa aux Etats-Unis, tel un marqueur culturel d’optimisme. Même si la résilience n’est synonyme ni d’invulnérabilité ni de réussite sociale, elle évoque notamment un « je m’en suis sorti ».

Dans le monde francophone, il a fallu attendre les années 90 pour que certains scientifiques, surtout des psychiatres et des pédopsychiatres, commencent à s’intéresser à la résilience. En France, Boris Cyrulink, Antoine Guedeney, Stanislaw Tomkiewicz et Michel Manciaux sont très connus pour leurs écrits sur ce concept.

La définition de Rutter (1998) : « La résilience est la capacité de bien fonctionner malgré le stress, l’adversité, les situations défavorables. Un concept relatif à la possibilité de surmonter, au moins partiellement, des conditions difficiles d’un type ou d’un autre ». Cette définition montre que la résilience n’est ni totale, ni définitive, elle est confrontée à chaque situation difficile selon sa nature et son intensité.

C’est ainsi que les résilients se serviraient de leur vécu comme d’un levier pour leurs propres choix avec ces quelque choses qui ne peuvent être résolu, mais simplement utilisé… la résilience serait-elle une sorte de refus catégorique d’être le jouet d’un passé difficile. Tout le processus de développement peut se remettre en marche, il n’y a pas de fatalité au malheur.

La résilience est la capacité d’un individu à se construire malgré des situations douloureusement et traumatiques.

La résilience comme l’apparition d’un libre arbitre

C’est un concept producteur d’exclusion et de ségrégation. Il découpe le monde en deux : les bons résilients, qui rebondissent et les autres, qui restent sur le carreau. (Mettre sur un piédestal Anne Frank, comme héroïne de la résilience, c’est laisser dans l’ombre ces milliers de jeunes qui sont morts comme elle dans les camps, mais à bas bruit. ) Il est clair qu’après un traumatisme, rien ne pourra revenir comme avant. Ils doivent d’abord puiser dans les ressources internes qui constituent leur personnalité,

Ensuite, et c’est capital, ils auront recours aux ressources externes, il s’agit en fait de toutes les mains tendues : un éducateur, un médecin, un ami, un parent.

Le concept de résilience produit de la norme

QUELLES SONT LES CARACTERISTIQUES DE LA RESILIENCE ? Groteberg (1995) parle de sources de la résilience et les regroupe en trois catégories :

– Ressources et soutiens externes ;

– Forces personnelles intérieures : sentiments, croyances, attitudes ;

– Compétences sociales et interpersonnelles (je peux) : relation forte avec une personne de confiance, projet de vie fort, réseaux de proximité et reconnaître le rôle de la communauté pour lutter contre la solitude.

Les résilients utilisent des mécanismes de défense :

– Le recours au rêve, d’abord. Quand le présent est intolérable, l’imagination d’un autre futur fournit des trésors qui aident à le supporter.

– L’intellect : L’intellectualisation est un moyen de se défendre contre la souffrance endurée.

– Création artistique qui trans forme la souffrance en œuvre d’art : ils sont souvent écrivains, comédiens.

– Certains se tournent vers les autres, et veulent s’engager socialement (œuvres humanitaires, éducateurs, psychologie)

– L’humour qui met à distance de l’épreuve

Quand je parle de malheur, il n’est en aucune façon question de notre premier chagrin d’amour, du deuil d’un parent âgé, d’une perte d’emploi. Non non, ce n’est pas le propos. Ces malheurs de la vie, forgent, en effet, notre caractère et nous font grandir. Ce sont « les accidents de la vie » comme aiment à les nommer les compagnies d’assurance qui surfent allègrement sur nos soucis d’une banalité extrême.

Ce dont je parle, c’est de traumatismes, ces faits si exceptionnels qu’ils nous laissent sur le carreau et que le fameux terme de résilience ne guérira pas. N’allez pas vous imaginer qu’à la suite d’un viol, d’une agression sournoise et fortuite, d’un choc lors de l’annonce d’une maladie grave ;… J’en passe et des pire !; vous en ressortirez plus fort. Loin de là ! Avez-vous déjà vu un canard boiteux devenir un joli cygne ? Moi, jamais. Et ce qui vaut pour les vilains petits canards vaut pour tout un chacun. Au pire, vous ne vous en relèverez jamais. Au mieux, vous ferez avec et cesserez d’être en proie à d’atroces cauchemars récurrents, à des flash-backs insidieux, à des angoisses ou dépression. Mais jamais au grand jamais vous ne serez plus épanoui. Mieux qu’avant. Plus fort. Plus serein.

Comme le disait le Grand Jacques „On n’oublie pas on accumule“. Cela dit rien ne vous empêche d’espérer. L’opium du peuple en sera sauvé !