Avec la crise sanitaire et la généralisation du télétravail et la durée d’écoute avec un casque ou des écouteurs qui s’est intensifiée, un tiers des télétravailleurs quotidiens ont déjà ressenti des troubles auditifs. Comme il vaut mieux prévenir que guérir voici les conseils d’un audioprothésiste pour préserver son audition à l’heure du télétravail.

Quels conseils donneriez-vous aux télétravailleurs pour préserver leur audition qui est mise à dure épreuve avec les nouvelles façons de travailler ? 

Victor Saas : Mon premier conseil est de faire des pauses régulièrement. Il est important d’éviter des expositions trop longues au bruit. Je conseille de prendre quelques minutes de calme, toutes les deux heures, afin de reposer ses oreilles.

Ensuite, il est primordial d’avoir un casque de bonne qualité, qui isole des bruits extérieurs. En effet, le but est d’être dans un cadre de travail confortable et ne pas être gêné par les bruits environnants car cela peut générer de la fatigue. Si on est dans un environnement bruyant, on va avoir envie de forcer un peu le volume du casque. Si on reste toute la journée comme ça, cela peut représenter un risque. En outre, comme le montre une étude réalisée en 2012 par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), il faut principalement se prémunir des bruits très élevés et pour cela un bon matériel est essentiel. Et au moindre problème, évidemment, consulter un ORL.

Enfin, faire attention au niveau sonore est essentiel. Il n’y a pas de niveau sonore optimal universel car chacun à son niveau de confort personnel, en revanche il y a une référence qu’il faut toujours garder en tête : 80 décibels sur 8h. C’est la limite à ne pas dépasser. Plus on va au-delà de ce niveau, moins on peut rester exposer avant que cela représente un risque. Il faut savoir que les casques audios vont généralement jusqu’à 90-95 décibels.

Y aurait-il des mauvaises habitudes à perdre pour nos oreilles au quotidien ? 

Victor Saas : La première mauvaise habitude à perdre est de mettre le volume trop fort. Je conseille de régler le volume à 60/65% du niveau maximum, pour rester dans un niveau sonore sans danger pour les oreilles. Cela dépend des appareils bien sûr, mais le plus gros danger est lorsqu’on est dans un environnement bruyant, comme dans le bus ou dans la rue, avec des appareils qui ne couvrent pas du tout du bruit extérieur. On va alors monter le volume du casque pour couvrir le bruit environnant pour mieux entendre sa musique, c’est là où cela peut devenir très dangereux. Il faut donc penser à se protéger dans les environnements bruyants et privilégier des écouteurs fermés. Le casque à réduction de bruit est idéal, sinon des petits écouteurs qui ont des petits embouts en silicone et qui ferment bien l’oreille.

A partir de quand ou à quelle apparition de symptôme doit-on avoir le réflexe de consulter un professionnel de santé à propos de son audition ? 

Victor Saas : C’est une question très importante car effectivement la réponse est : tout de suite ! Si l’on identifie un problème il faut consulter un ORL immédiatement. Par exemple, après un traumatisme sonore, suite à un son d’une grande intensité, c’est dans la journée ou le lendemain maximum qu’il faut consulter un ORL. Il existe des créneaux d’urgence et une prise en charge dans les 48h permet de réduire les risques d’avoir des séquelles. Les employeurs doivent impérativement sensibiliser leurs employés à cette question. Si on sent qu’on entend moins bien, qu’on a un acouphène par exemple, il faut de suite consulter un médecin spécialiste.