Photovoltaïque-la-France-peut-elle-faire-aussi-bien-qu-au-Chili-ou-en-Allemagne-santecoolAu Chili, le boom du photovoltaïque permet à l’État de proposer de l’électricité gratuitement aux citoyens de certaines villes. En Allemagne, la commune de Wildpoldsried est aujourd’hui auto-suffisante en matière d’électricité et revend même son surplus de production, générant ainsi 6 millions d’euros de recettes pour la ville. Mais ce type de situation pourrait-il se produire en France?

 

 

 

A l’heure où les dirigeants politiques du monde entier appellent de leurs vœux l’utilisation des énergies renouvelables, certains pays ont entamé un véritable retournement énergétique, promouvant par exemple le solaire. Certains diront qu’il s’agit de faits isolés, se rapprochant de l’opportunisme. Et pourtant, si l’on s’y intéresse un peu, on découvre que les cas évoqués plus haut sont bel et bien le résultat de stratégies mûrement réfléchies et mises en pratique.

La France, un pays « normé » et en retard

Du côté de la France, les technologies et l’expérience existent qui permettraient le regroupement de communautés, à l’échelle d’une ville ou d’un quartier, pour devenir des zones d’indépendance énergétique.

Mais la France a déjà pris du retard dans sa législation. En effet, aujourd’hui, la norme régissant l’aspect énergétique des bâtiments d’habitation est la norme RT 2012, entrée en vigueur au 1er janvier 2012. Celle-ci a pour objectif de limiter la consommation d’énergie primaire des bâtiments neufs à un maximum de 50 kWhEP/(m²/an) en moyenne, tout en suscitant une évolution technologique et industrielle significative pour toutes les filières du bâti et des équipements,un très bon niveau de qualité énergétique du bâti, indépendamment du choix de système énergétique, et un équilibre technique et économique entre les énergies utilisées pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire.

Cette norme est avant tout une réglementation d’objectifs qui contient 3 exigences de résultats (besoin bioclimatique, consommation d’énergie primaire et confort en été) et quelques exigences en matière de moyens, limitées au strict nécessaire. Autant dire que pour arriver à encourager une auto-suffisance énergétique, il va falloir attendre la prochaine norme : la RT 2020, qui sera applicable à compter du 1er janvier 2020. Mais avant de disposer d’habitations appliquant cette règle, il faudra patienter jusqu’en 2022.

De plus, les lourdeurs administratives françaises font qu’il est extrêmement difficile d’effectuer une installation photovoltaïque puisque, pour ce faire, il est nécessaire de :

  • faire une demande officielle à la Mairie de sa ville
  • apporter un justificatif de banque précisant que le financement des travaux sera effectué avec un minimum de 30% de capitaux propres
  • demander le raccordement au réseau électrique, pour lequel un devis va être transmis au consommateur, qui aura ensuite 18 mois pour le réaliser

 

Un frein majeur : le pouvoir économique

Aujourd’hui, tout est prêt d’un point de vue technique et dans les mentalités des consommateurs. Pourtant, il demeure que l’énergie nucléaire assure l’emploi en France de 200 000 personnes et le pouvoir politique n’est pas prêt à scier cette branche.

A cela on peut ajouter les difficultés financières des fleurons énergétiques français, avec notamment Areva qui est au bord de la faillite et EDF qui vit encore sous perfusion de l’Etat.

Alors l’Etat français ne peut pas se laisser perdre cette expertise et ces fleurons de l’industrie made in France qui rayonnent à l’international.

 

Pourtant, tout est prêt

 

En 2015, Enedis (anciennement ERDF) s’est mise en conformité avec les directives européennes et a développé son nouveau compteur intelligent, baptisé LINKY.

Ce nouveau compteur permet de visualiser à un instant T la consommation énergétique d’un logement. Grâce à cela, Enedis va pouvoir anticiper les besoins en matière d’énergie de ses consommateurs. LINKY permettant également la prise en charge de l’énergie photovoltaïque produite, Enedispeut en outre avoir une idée précise de l’énergie consommée et de l’énergie produite. Ainsi, Enedispeut non seulement racheter le surplus d’énergie produite, mais également réguler la production d’électricité en fonction du réseau à un instant T en bridant l’onduleur photovoltaïque.

Entre 2009 et 2011, des tests ont été effectués sur ces nouveaux compteurs  et la Commission de Régulation de l’énergie (CRE) a produit un rapport qui a mis en lumière une réduction de la consommation électrique de 15% pour les utilisateurs.

D’ici 2021, l’ensemble des foyers devra être équipé de ces nouveaux compteurs ; il sera peut-être ainsi possible d’envisager une pratique proche du modèle mis en place àWildpoldsried.

Mais nul doute que ce qui fera bouger les lignes, ce sera une réaction des consommateurs, de plus en plus sensibles au prix de l’énergie et aux alternatives qui existent aujourd’hui. Alors attendons et voyons quelle sera la façon de consommer de l’énergie en 2022.

Erick Durand