Un outil de datavisualisation aide les médecins à améliorer leurs prescriptions d’antibiotiques pour lutter contre la résistance bactérienne. Explications.

 

Dans le cadre de la Mission ministérielle de prévention des infections et de l’antibiorésistance en santé humaine (MMPIA), et à l’occasion de la semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens 2024, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) annonce une mise à jour majeure de son outil de datavisualisation. Publié pour la première fois en 2023, cet outil permet d’analyser la pertinence des prescriptions d’antibiotiques des médecins généralistes grâce à 11 proxy-indicateurs, basés sur les données du Système national des données de santé (SNDS).

Cette actualisation, intégrant les données des années 2022 et 2023, offre une vision précise et collective des pratiques de prescription et identifie les marges d’amélioration possibles. Cet outil devient un levier essentiel pour lutter efficacement contre l’antibiorésistance.

 

L’antibiorésistance un enjeu critique de santé publique

Le 18 novembre marque le début de la semaine mondiale de la sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens ou antibiorésitance. Ce problème de santé publique touche particulièrement la France, où la consommation d’antibiotiques dépasse de 30 % la moyenne européenne. Face à cette surconsommation, la résistance des bactéries s’accroît, compliquant les traitements des infections courantes et augmentant les risques pour les patients.

L’outil de datavisualisation de la DREES, développé avec des experts, propose des indicateurs concrets pour mesurer et améliorer les pratiques des professionnels de santé.

 

Suivre les prescriptions pour mieux cibler les actions

Pour relever ce défi, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a conçu un outil de datavisualisation, actualisé récemment pour analyser les prescriptions des médecins généralistes en France. Cet outil repose sur 11 proxy-indicateurs, regroupés en trois axes :

  1. Favoriser les antibiotiques de première intention, comme l’amoxicilline pour les infections respiratoires courantes.
  2. Prescrire à bon escient, en limitant les durées excessives ou les prescriptions injustifiées.
  3. Éviter les prescriptions d’anti-inflammatoires en cas d’infections, qui augmentent les risques de complications.

Pour chaque indicateur, des statistiques précises sont disponibles, permettant d’évaluer :

  • Le niveau d’atteinte des objectifs (optimal, acceptable ou non atteint).
  • L’évolution annuelle des pratiques entre 2013 et 2023.
  • Les variations par sexe, âge et affections de longue durée (ALD).

Des cartes départementales interactives complètent les analyses, offrant une vision locale des pratiques.

 

Quels sont ces indicateurs ?

Ces critères, définis par des experts, permettent d’évaluer collectivement les pratiques. Par exemple :

  • Les variations saisonnières des prescriptions (indicateur 8) ne devraient pas excéder 20 % entre l’hiver et l’été, car les infections hivernales sont souvent d’origine virale, et non bactérienne.
  • L’utilisation excessive d’antibiotiques critiques, comme l’amoxicilline-acide clavulanique (indicateur 2), doit être limitée en raison de leur fort potentiel à générer des résistances​

 

Des progrès encore insuffisants

Depuis 2013, des améliorations notables ont été enregistrées sur plusieurs indicateurs. Par exemple, le recours à l’amoxicilline a augmenté, et certains comportements, comme la répétition de prescriptions de quinolones, se sont rapprochés des cibles recommandées. Toutefois, en 2023 :

  • Moins de 10 % des médecins atteignent les objectifs optimaux pour 5 indicateurs.
  • Seuls 30 % des praticiens respectent les meilleures pratiques pour des prescriptions clés​;

 

Des outils de datavisualisation pour lutter contre l’antibiorésistance pour accompagner les médecins

Pour encourager le bon usage, plusieurs ressources sont disponibles :

  • Antibio’Malin : une plateforme d’information pour les professionnels et les patients.
  • Tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), pour différencier infections virales et bactériennes.
  • Recommandations officielles, comme celles de la HAS, pour orienter les choix de traitements​