Poupées d’apparence enfantine, produits chinois, risques douaniers et délais de livraison interminables : faut-il acheter sur Shein, Temu ou AliExpress pour Noël 2025 ? Découvrez les dangers et nos bons plans éthiques.

 

À l’approche de Noël, une question s’impose : faut-il acheter sur Shein, Temu ou AliExpress ?
Ces géants du e-commerce chinois, champions des bons plans et de la livraison gratuite, promettent des articles à petits prix expédiés directement depuis leurs entrepôts en Asie.
Mais derrière ces commandes passées en quelques clics se cachent souvent des produits dangereux, des colis non contrôlés et un modèle économique sans éthique.

Des “bons plans” qui tournent au scandale

Tout a commencé avec la vente de poupées d’apparence enfantine, repérées sur Shein puis sur d’autres sites de vente chinois comme Temu, Wish, Alibaba ou AliExpress.
Ces objets, souvent expédiés depuis la Chine continentale via des entrepôts situés à Guangzhou ou Shenzhen, et livrés par des transporteurs comme UPS, GLS ou TNT, ont suscité l’indignation. Une pétition portée par Mouv’Enfants a réclamé leur retrait immédiat, rappelant qu’il ne s’agissait plus d’une simple question de “mode”, mais de dignité humaine.

UFC-Que Choisir alerte sur des produits dangereux vendus en ligne

L’association UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme concernant de nombreux jouets et chargeurs USB achetés sur Shein et Temu, deux plateformes asiatiques leaders du commerce électronique.
Après une vaste enquête menée avec trois autres associations européennes, 54 chargeurs et 54 jouets ont été testés en laboratoire selon des normes chimiques, électriques et mécaniques.

Le verdict est sans appel :
– Deux tiers des produits testés sont non conformes aux exigences européennes ;
– Quatorze chargeurs ont chauffé au-delà de 87 °C, risquant de provoquer brûlures, incendies ou arcs électriques ;
– Quatre modèles présentent des circuits haute et basse tension trop proches ;
– Près de la moitié des jouets comportent des pièces détachables pouvant être avalées par des enfants ;
– Certains produits contiennent des substances cancérogènes, comme le formaldéhyde, à des taux cinq fois supérieurs à la limite autorisée.

L’association dénonce une véritable mise en danger du consommateur, rappelant que ces articles, commandés par correspondance, sont souvent expédiés sans contrôle de douane ni suivi de colis fiable.

“Les marketplaces doivent être soumises aux mêmes obligations que les commerçants européens : traçabilité, contrôles, responsabilité des vendeurs”, martèle l’UFC-Que Choisir.

Face à ces révélations, Shein et Temu ont annoncé avoir retiré les produits incriminés, assurant avoir “prévenu les acheteurs et renforcé les contrôles”.
Mais, dans les faits, le problème reste massif.

Selon la Commission européenne, 4,6 milliards de petits colis ont été expédiés depuis la Chine vers l’Union européenne en 2024.
Une majorité proviendrait des sites Shein, Temu et Alibaba.
Ces livraisons de colis en provenance des marketplace chinoises transitent par parfois sans numéro de suivi ni preuve de dépôt.
Autrement dit, des millions de produits chinois entrent chaque mois dans nos foyers sans contrôle douanier ni certification CE.

La Commission a d’ailleurs proposé en 2025 une taxe de 2 € par colis importé de moins de 150 €, afin de rétablir une concurrence loyale et de financer davantage de contrôles postaux.

Pendant ce temps, la France renforce la protection des enfants

Le 3 novembre 2025, Sarah El Haïry, Haute-commissaire à l’Enfance, a présenté l’état d’avancement du Plan national 2023-2027 de lutte contre les violences faites aux enfants.
Parmi les 22 mesures du plan figurent :
– la généralisation du fichier d’honorabilité pour tous les intervenants auprès des enfants,
– la création d’unités d’accueil pédiatriques enfants en danger (UAPED),
– et la campagne nationale du 119, pensée comme un réflexe citoyen.

« Le numérique, qui fait partie intégrante de la vie des enfants, doit être pleinement intégré dans nos actions de prévention et de protection. » — Sarah El Haïry

Une déclaration qui contraste cruellement avec la réalité du e-commerce mondialisé, où certains produits illégaux sont livrés à domicile sans le moindre contrôle.

Faut-il acheter sur Shein, Temu ou AliExpress pour Noël ?

À première vue, ces sites semblent irrésistibles : livraison rapide, frais de port offerts, codes promo et réductions à chaque commande.
Mais chaque achat est un vote.
Choisir d’acheter sur Shein, Temu, AliExpress ou Wish, c’est participer à un modèle opaque, non durable et socialement destructeur.

À l’inverse, refuser ce système, c’est exercer une forme de résistance citoyenne.
Et si cette année, au lieu de faire livrer un colis depuis un entrepôt chinois, on privilégiait nos commerces de proximité et les sites français de confiance ?

Des alternatives locales et responsables

Vêtements et accessoires :
– Kiabi, La Halle, Camaïeu Relance : prix abordables, livraison à domicile ou en point-relais.
– Vinted, Le Bon Coin, Emmaüs, ressourceries locales : seconde main, produits déjà présents en France, sans frais de douane.
– Noz, Action, Stokomani, Gifi, Bazarland, La Foir’Fouille : articles discount, retrait possible en magasin, souvent sans frais de port.

Jouets et cadeaux :
– La Grande Récré Occasion et King Jouet Seconde Vie : jouets vérifiés et garantis, expédiés depuis la France.
– Label Emmaüs, Vinted, Le Bon Coin : jeux d’occasion à petit prix, livraison via Relay Colis ou Mondial Relay.
– Smoby, Janod, Ecoiffier : marques françaises, fabrication locale, livraison en France métropolitaine sous 3 à 5 jours ouvrés.

High-tech et électroménager :
– Back Market, Fnac Reconditionné, Easy Cash : produits garantis, frais de livraison calculés selon le poids du colis, suivi de commande clair.

Noël 2025 : redonner du sens à nos achats

Ce Noël, posons-nous la question : faut-il encore acheter sur Shein, Temu ou AliExpress ?
Refuser les produits importés sans contrôle, c’est aussi protéger les enfants, l’économie locale et l’environnement.
Acheter, c’est choisir le monde qu’on alimente.

Et peut-être que cette année, le vrai luxe sera de recevoir moins de colis, mais plus de cohérence.

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Sophie Madoun